L'écriture en folie
Voici un exercice d'Écriture en folie proposé par Lise Houle
le 11 septembre 2024
Toute une surprise
Vous êtes un adulte et puis..
Vous vous réveillez un matin, et constatez dans la
nuit que vous avec été transformé en enfant..
Complètement affolée, vous vous précipitez
..
et/ou le contraire
Vous êtes un enfant et vous avez été transformé en adulte..
Idée originale de Daniel Pennac.
Consignes
Phrases de début : Tu parles d'une histoire
Mots obligatoires : 3 sortes de fleurs, 2 espèces d'animal, une recette familiale
Longueur du texte : 350 mots maximum
Surtout pensez à donner un titre à votre texte, autre que celui de l'exercice.
Bonne inspiration et bon exercice de création
Bon Anniversaire !
Tu parles d’une histoire. Si on me l’avait racontée, je ne l’aurais pas crue. Permettez-moi de me présenter. Isabelle. 46 ans depuis ce matin. Je me réveille avec une drôle d’impression. Sans cette douleur sciatique qui tord habituellement ma colonne vertébrale, sans arthrose au genou, sans cet élancement au poignet consécutif à une fracture mal soignée.
Mon corps est léger. Comme lorsque je faisais de la gymnastique, m’envolant dans l’espace, pareille à Nadia Comaneci. J’ouvre les yeux, me lève.
Qu’est-ce que c’est que cet horrible pyjama aux couleurs criardes avec des chiens bleus et des chats roses ?
Où est mon déshabillé de soie grège, mettant si bien mes formes en valeur ? Je lève la tête et regarde dans la glace. Je n’en reviens pas. J’ai douze ans.
Mais pourquoi ça m’arrive le jour de mon anniversaire ? Qu’est-ce que je vais faire ? Je ne peux pas demander de l’aide à mes enfants, plus vieux que moi, ni à mon mari. Avant qu’il soit accusé de détournement de mineure, je dois réagir. Affronter mon passé. Me dire que ce n’est pas grave que mes parents aient oublié de me souhaiter mon anniversaire le jour de mes douze ans, préoccupés par mon entrée en pension chez les sœurs de Sainte Thérèse où ce soir-là, dans mon lit froid, dans ce dortoir habité d’autres solitudes, j’ai tant pleuré.
Je n’y changerai rien. Seul compte le présent. J’ai tout pour être heureuse : un mari attentionné, trois beaux enfants, une grande maison…
De la cuisine monte une douce odeur de brioche aux zestes d’agrumes que mon chéri m’a préparée, d’après la recette qu’il tient de sa grand-mère.
Sur la première marche, le papier peint fleuri m’observe. Les tournesols se penchent, les pâquerettes s’interrogent, les coquelicots malicieux murmurent : « Vas-y ». Décidée à faire la paix avec moi-même, je descends l’escalier. Mon dos me lance. Je continue, trébuche. Mon genou se dérobe. J’attrape vivement la rampe me cognant le poignet.
Inquiet, mon époux se précipite.
— Tout va bien ?
— Oh oui alors ! Si tu savais !
Isabelle Giraudot - retraitée de l’enseignement - Plogoff (département du Finistère) - France - le 20 septembre 2024