L'écriture en folie



Voici un exercice d'Écriture en folie proposé par Lise Houle

 le 17 juin 2024

Les surnoms

Consignes

En cette belle saison, faisons travailler nos plumes les cheveux au vent.


Phrases de début :  Toute ma vie durant on m'a donné le surnom de...


Mots obligatoires : facilité, promenade, nuage, vitamine, Europe


Expression idiomatique : faire la sourde oreille


Longueur du texte : 300 mots maximum


Surtout pensez à donner un titre à votre texte,  autre que celui de l'exercice. 

Bonne inspiration et bon exercice de création

Keskelemignonne!

 

Toute ma vie durant on m’a donné le surnom de Mimi en ajoutant à chaque fois, avec un sourire gourmand, goguenard ou attendri : « trop mignonne ».

— KESKELEMIGNONNE ai-je entendu à l’école.

— C’est un ange m’a-t-on dit au collège.

— Elle est adoraaaaaable, s’exclamaient les professeurs au lycée.

— J’aimerais tellement te ressembler, assuraient mes amies. Mais comment fais-tu pour que tout le monde t’aime ?

Je n’en sais rien. Et surtout je ne fais rien pour ça. J’ai toujours l’impression d’être en représentation devant les autres. En mon for intérieur, j’aimerais surtout qu’on me fiche la paix, qu’on me laisse vivre tranquillement à ma façon et qu’on m’oublie. Je réponds pourtant que je suis si heureuse de susciter l’admiration et le désir des autres.

Jusqu’au jour où…

Tout change.

Brutalement.

Pendant des années, j’ai eu beau faire la sourde oreille, je savais bien que tout cela ne me correspondait pas.

C’est lors d’un voyage en Europe avant notre mariage que je prends brutalement conscience de ce que mon existence a de factice. Mon futur mari est un amour, tendre, gentil, attentionné. Il est sur un petit nuage, heureux et amoureux. La vie se déroule son cours avec une facilité déconcertante. Le programme est simple : promenades, baignades, escapades en tout genre, repas gorgés de vitamines, galopades dans la chambre autour du lit.

Mais…

L’envie d’être moi me rattrape enfin.

Mimi KESKELEMIGNONNE fait sa valise et s’en va.

Seule.

Quittant tout.

Pour ne plus accepter de jouer le rôle qu’on lui impose. 

Partant au bout du monde, avec presque rien, auprès des plus pauvres comme Mère Thérésa.

Pour s’occuper de ceux qui ont besoin de tout.

Et pour lesquels Mimi est simplement le nom de la dame qui les aide à survivre ou à ne pas mourir.

 

Isabelle Giraudot - retraitée de l’enseignement - Plogoff (département du Finistère) - France - le 31 juillet 2024  

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Pépine 

Toute ma vie durant on m’a donné le surnom de Pépine. En fait, ce prénom m’a été attribué dès mes premières semaines sur terre jusqu’à ce que je n’y réponde plus…

Pourquoi ce choix de Pépine ? Parce que sans cesse je pleurais depuis mon arrivée à la maison quelques jours après ma naissance ; mon frère de quatre ans mon aîné, sans aucune facilité à bien s’exprimer, dû à son jeune âge, disait en me regardant pleurnicher, Pépine.  Et le nom m’est resté.

Puis un jour, je me suis fâchée et j’ai réglé la situation à ma façon. Comment ? À chaque fois que l’on m’interpellait m’appelant Pépine, je faisais la sourde oreille, et me réfugiais dans un nuage orageux, sans y donner suite -  que l’on me demande de finir mes devoirs ou d'avaler mes vitamines, ou de m’attabler, ou etc.   Ainsi, assez rapidement tous finirent par m’appeler de mon vrai prénom soit Hélène.

Plusieurs décennies plus tard, en allant faire une promenade avec le plus vieux de mes cousins venu me visiter en Europe, celui-ci m’a demandé par curiosité, si je connaissais l'origine de mon surnom Pépine.  Je n’en avais aucune idée et personne ne m'en avait glissé mot, même si j’avais quand même pris le temps de consulter le dictionnaire pour en connaître la définition.

Voilà que grâce à lui, j'ai appris que mon frère balbutiait plutôt le mot « pépeine » voulant dire que j’avais de la peine… Toutefois, chacun pensait qu'il disait « Pépine » faisant autant de bruit qu' une pépine.

Hélène Turmel - auteure - formatrice - heleneturmel.ca - Montréal - Québec - le 6 juillet 2024

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Skippy alias La p’tite Hélène

 

 

Toute ma vie durant, on m’a donné le surnom de « la p’tite Hélène ». Je ne suis pas si p’tite que ça pourtant, je mesure 5 pieds 6 pouces (ou 167 cm). C’est probablement parce que je suis une des plus jeunes enfants de nos familles des deux côtés (de mon père et de ma mère).

 

Je vivais avec mon grand-père maternel. J’adorais celui-ci qui me faisait souvent faire une promenade dans le bas du village (de Scotstown, Qc).

 

Je me rappelle que ma mère cachait une vitamine dans ma soupe. Dans mon souvenir, c’était des Paramettes. Parce que je ne voulais pas les prendre avec un verre d’eau. Était-ce pour m’aider à grandir? Je ne crois pas car à deux ans, je mesurais déjà trois pieds! C’était pour plus de facilité.


Mais j’ai fini par grandir quand même, et quand j’allais visiter la parenté, même à l’âge adulte, on m’appelait « la p’tite Hélène »!  Ça ne m’a jamais insultée, alors je ne faisais pas la sourde oreille.

 

De fil en aiguille, j’ai gagné en maturité (un peu), me suis mariée (mon mari m’appelait « Mademoiselle Hélène » et ai mis au monde trois beaux garçons. Je suis même allée en Europe (Belgique et Paris) avec mon plus jeune au cours d’un échange international musical.

 

Le temps a passé, j’ai de merveilleux souvenirs de famille mais voilà qu’à l’instar de nombreux couples, mon mari et moi avons dû nous séparer et divorcer. Nos chemins ne se croisaient plus hélas!


Suite à ma déconfiture, je me suis relevée et, déterminée et forte comme le roc de Gibraltar, j’ai foncé et ai rencontré mon conjoint actuel qui, sur une causeuse couleur ciel bleu sans nuage, m’a rebaptisée « Skippy » car je lui faisais penser au célèbre kangourou!

 

Hélène Landreville – retraitée du monde médical – Brossard – Québec – Canada – le 18 juin 2024

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