La mort

Peut-être simplement merci 

 

ADIEU, drôle d’expression pour nous deux

Qui nous méfions un peu de dieu

 

À JAMAIS, Réal mon ami

Vers les étoiles tu es déjà parti

 

Tu as fait les 400 coups…

Puis tu t’es retrouvé à genoux

 

La vie, il faut en profiter pleinement

Mais ça peut être un peu essoufflant

 

Puis arrive un carrefour

Et on doit faire un détour

 

On devient philosophe et sage

On tourne difficilement la page

 

Tu étais devenu un être radieux

Inquiet un peu, mais plutôt joyeux

 

Surtout un mentor très fiable

Pour ceux accompagnés à ta table

 

Claudette sur ton chemin

A chamboulé ton destin

 

Solidaires et amoureux

La vie était plus belle à deux

 

Je suis choyé de t’avoir connu

Nous nous sommes beaucoup reconnus

 

Une vie sans doute mémorable

Avec une personne agréable

 

Qu’est-ce qu’on dit quand l’ami est parti

Peut-être simplement merci

 

MERCI RÉAL

 

Claude Pelletier - retraité UdeM - membre Fadoq Mtl et Alliance Culturelle Ahunsic - le 7 juin 2023

 *******

Qu'est-ce qui serait..


Un jeune soldat est mort pas plus tard qu’hier

Dans les tranchées non loin de là

Alors qu'il se tenait là, fier dans son uniforme

Prêt à se diriger dans l'œil du cyclone


Un jeune garçon est mort pas plus tard qu’hier

Sur la rue principale non loin de là

Alors qu'il se tenait là, effrayé dans son uniforme

Prêt à se diriger dans l'œil du cyclone


Un garçon plus âgé a marché dans les tranchées hier

Il était censé être un mentor qui ouvrirait la voie

Mais quand les sirènes et la fumée sont arrivées

Le garçon plus âgé a juste couru se cacher


Un garçon plus âgé a marché dans la rue principale hier

Alors que tous les plus jeunes enfants regardaient dans sa direction

Il leur a dit qu'il était quelqu'un qui comprenait

Et ils ont suivi avec empressement ne sachant pas ce qui serait …..

 

Traduction française de Louise Gagné du texte provenant de sa petite-fille Megan-Hope Davis  -  14 ans - Tadley - Angleterre, texte reçu le 12 novembre 2022 (Vous pouvez voir le texte anglais sous le thème: Poésie-enfants)

*******

À Jean-Guy, mon grand frère !

Jean-Guy, mon grand frère, toujours présent pour moi par ton écoute, tes conseils, ton support, ta disponibilité, ta générosité, tes réflexions, tes folies ... ton amour fraternel.

Jean-Guy, mon grand frère, combien de plaisir estival nous avons eu, en célibataire que nous étions, à parcourir les rues de Montréal avec Kaléidoscope; à visiter le Cap Saint-Jacques; à se promener en escapade bateau sur la Rivière des Prairies et le fleuve; à marcher dans les rues de Sainte-Rose, dans le Vieux-Montréal ...

Jean-Guy, mon grand frère, tous ces six jours passés ensemble, chaque semaine pendant cinq semaines, en couple, à faire notre commande de la semaine par Internet, à cuisiner, à jouer au Ramy, à chercher un film à regarder, à philosopher, à jaser avec ton verre de vin, à se raconter, à recevoir de ton savoir et tout cela, toujours en riant, sans aucun accroc, et avec maintes folies … Quelle chance la Vie m'a donné de vivre ces moments avec toi, dans ton beau condo. Toujours disponible et patient, alors que tu perdais ainsi tes habitudes quotidiennes .. de vieux garçon ..!

Jean-Guy, ton départ, si rapide, ne m'ayant pas permis de te dire un autre JE T'AIME comme on savait se dire tout haut, de vive voix, à la fin d'un appel ou d'une rencontre, me fait mal, m'attriste, me peine, m'afflige, mais je sais que ta présence silencieuse saura encore me guider, me parler, me consoler et me faire rire et sourire.

Jean-Guy, les souvenirs de ta sagesse, curiosité, vivacité, humour, mimiques, tout ce que tu étais, garderont à jamais bien vivant tout le bonheur de t'avoir eu comme grand frère ..esné .. comme tu signais à la fin de tes courriels, à Hélène et moi.

Jean-Guy, ces mots, auxquels je pourrais en ajouter encore et encore, te disent MERCI. Tu as été un grand frère remarquable, que j'aimais énormément.

Mes souvenirs heureux, de toute petite fille, à grande fille (je n'ose toutefois pas écrire .. à vieille fille) resteront gravés dans mon cœur.

Ta petite sœur Michou


Micheline Turmel - Peintre de miniatures - Fonction publique - Sorel-Tracy - Québec - le 4 septembre 2022

********

La flamme d'un dernier soldat

  

Les journées meurent comme la flamme d’un dernier soldat

Que l’on ne reverra sans doute plus;

La vieillesse arrive trop vite, fardée sans un éclat,

Le soldat n’est plus qu’un inconnu.


Les journées meurent et la flamme est déjà éteinte

Elle ne se rallumera sans doute plus;

L’âtre a consumé ses cendres aux sources de l’absinthe

Déversées aux heures mortes et perdues.


Le temps s’en va, les saisons partent, je meurs aussi

Comme ce soldat couché dans le lointain,

Une main posée sur son torse, l’autre sur son fusil;

Les journées meurent et s’envolent demain.


Le temps passe, les journées, les saisons, tout se perd.

Et la flamme blesse ses incertitudes

Pour ce pauvre soldat qui repart à la poussière

Au vent déchu de la solitude.


Il ne reste rien et la mort raccompagne ma vie

Vers le silence de mon innocence;

Le temps s’éloigne lentement, arraché à mon cri,

Les journées se meurent sur d’autres indolences.


Les journées meurent comme la flamme d’un dernier soldat

Que l’on ne reverra sans doute plus;

La vieillesse arrive trop vite, fardée sans un éclat,

Le soldat n’est plus qu’un inconnu.


Michaël Blauwart - écrivain - journaliste - poète - Premier Prix Littéraire pour ses écrits sur la langue de Molière (octobre 2021) et la Médaille d'étain remise par la Société des Arts et Lettres à Paris pour l'ensemble de sa carrière (septembre 2021) - Bazas - petite commune de Gironde - France - le 07 mai 2022                                                                                             

*********

L'arbre à T


Tu as fait pousser des arbres à T

Sur les collines valonées

Tu as distillé

Les Tea Trees transfromés


Tu aimais et respectais les plantes

Tu arpentais les pentes

Dehors tu vivais heureux

Que le ciel soit gris ou bleu.


Pourquoi es-tu parti ?

La vie est déjà finie ?

Sans l'avoir décidé

Tu as rejoint l'éternité.


Mon coeur est meurtri

De ne pas t'avoir dit

Combien tu comptais 

Même si tu le savais


Tu aimais danser

Nous faire virevolter

Pivoter et tourner

Sur une valse endiablée


Tu aimais les arguments

Et disuctais longtemps

Sans jamais fléchir

Et toujours avec le sourire.


Pas faciele de te faire changer 

Quand tu avais décidé 

Rien ne pouvait t'arrêter

Tu étais déterminé.



Tu avais de beaux projets

De construire un nid douillet

Sur la côte en Australie

Ton nouveau pays.


Tu étais honnête, droit et sincère

Tu étais père et grand-^`ere

Avec de véritables amis.es

Dans une vie bien remplie


Où es-tu parti ?

Est-ce loin d'ici ?

Ne te fais pas de soucis

Tu seras toujours notre ami.


Nous avons eu du bon temps

SDepuis plus de ving-cinq ans

Et nous te regrettons

Avec beaucoup d'affection.


Sans avoir ti au revoir

Sans jamais se revoir

Bien souvent nous penserons à toi

Entouré d'arbres dans les bois.


Même avec du chagrin

Trouve ton chemin

Paisible et serein

Car ce n'est pas la fin


Tu resteras dans nos coeurs

Rempli de tristesse et de douleur

Car l'arbre à T

Nous a quittés.

P.S.  Voir arbre dessiné par Cécile Chancerel accompagnant ce texte sous le volet Photos et à l'onglet  Illustrations 

Cécile Chancerel - joaillier créateur de bijoux uniques - La Baule - Presqu'île de Guérande - France - le  1er mai 2022

********

Billet pour le grand et ultime départ

On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Parfois, elle nous accorde de biens belles et grandes surprises et parfois, elle nous donne un coup de massue bien placé.  On passe notre vie à vivre de petits départs: par exemple, « le 1er jour d’école ».  Tous ces petits départs, nous permettent de vivre de petits deuils comme: « quitter le nid douillet de la maison ».  Ces petites expériences nous permettent de nous préparer pour les grands départs, ceux dont on ne revient pas.  C’est ce que je viens de vivre.

Aujourd’hui, c’est avec stupeur et tristesse que j’ai appris le décès subit de mon ami, Jean.  En arrivant chez moi, encore bouleversée, j’ai écouté à deux reprises tes funérailles.  Tu serais fier de l’hommage rendu par ton frère aîné.  Et que dire de l’homélie du célébrant, du grand art.  C’était réconfortant. C’était d’une justesse exemplaire.

Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander: « Pourquoi faut-il attendre des funérailles pour se rassembler en grand nombre?»   Mais là, je m’écarte du sujet.

Plutôt mon Ami, je préfère me rappeler des bons moments passés ensemble comme lors des cours d’écriture créative que nous avons suivis pendant plusieurs années.  Est-ce que tu te souviens des lancements de nos recueils à la fin de chaque session?  Tes textes étaient merveilleux et inoubliables. Est-ce que tu te souviens du spectacle organisé par l’école où nous avons lu sur scène nos textes: Les âges de la vie.  Moi, je m’en souviens encore tellement j’étais nerveuse, mes jambes en tremblaient. Est-ce que tu te souviens de l’interview que toi et moi avions accordée à la télévision communautaire sur les bienfaits de l’écriture créative?  Sache que ces quelques souvenirs resteront gravés à jamais dans ma mémoire.

Je ne comprends pas ta décision d'avoir mis fin à tes jours.  Mais qui suis-je pour te juger, pour te condamner?

Si Dieu dans son amour infini t’a fait une place en son paradis, je dois trouver en moi la force d’accepter et de respecter ta décision.  Ainsi ton départ me paraîtra moins rude à vivre.

Désormais, je te fais la promesse, Jean, d’empêcher quiconque de te blâmer.   Car  comme Dieu, dans son infini amour ne te condamne pas, bien va, car moi aussi  je ne te condamne pas.

Voilà mon ami, maintenant repose en paix pour l’éternité!

Bon voyage. 

Louise Lépicier - préretraitée - Joliette - Québec - le 17 mars 2022 

*********

Grisaille 

Ce matin,  les oiseaux se sont tus.  Ils ont compris l’inutilité de leur chant, le soleil ne se lèvera pas, il boude.

Le temps sombre se marie à la grisaille de mes pensées. Un goût nauséeux remonte du fond de mon âme. Cette obsession lancinante refait surface.  J’ai compris que cette rencontre funeste est inévitable, je ne pourrai pas éviter le choc de la fin.

Je sais qu’elle est là, elle se balade autour de ma vie, elle me guette. Sa présence invisible me glace. Comment se présentera-t-elle?  Sur la pointe des pieds, tout doucement dans la douceur de la nuit ou avec le fracas de l’orage ou le bruit de la tôle froissée.  Aurais-je le temps de la voir venir?  Est-ce que sadiquement, elle prendra plaisir à me faire souffrir ou si sournoisement elle m’arrachera à tous ceux que j’aime?  J’espère que je n’aurai pas la tristesse de me voir être débâtie pièces par pièces : mes mots, mes habiletés, mes connaissances, mes amours.

Au moment où rôde l’inévitable mort, une angoisse immense me submerge. 

Ce texte a été écrit il y a plus de dix ans.   Heureusement, aujourd’hui après maintes lectures, témoignages et réflexions, j’ai changé radicalement ma vision. Elle ne me terrorise plus, je me suis réconciliée avec elle mais je souhaite qu’elle retarde son arrivée.  Si j’écrivais un nouveau texte,  je lui  donnerais comme titre "L'aube radieuse d’une éternité".

Lisette Turmel - maman - grand-maman - retraitée de l’enseignement à la Commission Scolaire de la Manicouagan  -  Victoriaville-Québec - le 8 mars 2022                                                                                                ********

Mon fils à moi


Tu es mon fils à moi

mon beau Philippe

Je suis ta mère à toi

Il faut que l'on se quitte


Tu es mon tout petit

que je bordais au lit

tu est certes trop petit

pour tomber ainsi du nid


Tu étais un jeune en colère

qui cherchait un peu de lumière

J'étais une mère sincère

qui aurait voulu mieux faire


Difficile d'accepter ton départ

je voulais t'aimer encore,

soulager toutes tes peurs

Chasser les démons de ton coeur


Nous avons perdu une bataille 

le défi était de taille

ensemble nous avons combattu 

le mal à l'âme qui tue


De ton lieu de repos

envoie-moi de doux mots

de toi, j'aurai toujours besoin 

pour affronter mes lendemains


Un jour, pour toujours 

nous serons réunis

pour vivre à l'infini

nous histoire d'amour

Décès de Philippe (2017), fils de Francine 

Claude Pelletier de l'Alliance Culturelle - retraité - Ahuntsic - Montréal - Québec - le 23 octobre 2021 

********

À un ami disparu

Roméo n’est plus. Son voyage ici-bas est terminé.  Sur une pierre tombale est écrit le nom de la personne, sa date de naissance et celle de sa mort. Mais la vie ne se résume pas au trait d’union entre deux dates.

À la fin de son périple qui a duré presque 93 ans, ses pensées le ramenaient souvent dans sa Beauce natale. Il nous parlait avec une certaine tendresse de sa mère et de son père avec une précision rare ou imaginée bien qu’il n’ait pas eu beaucoup de temps de les connaître.

J’ai été intéressée par cet homme parce que j’avais détecté en lui une bonté que je n’avais jamais rencontrée chez aucun être humain avant lui. Il était foncièrement bon. Il était fier d’avoir été dans l’armée, et pourtant il n’y est resté que deux ans, c’était à la fin de la guerre 39-45.  Roméo était un sensible, un émotif, il n’aurait pas fait de mal à une mouche. Je ne le voyais pas avec un fusil dans les mains, il aurait sûrement visé à côté ou s’il avait malencontreusement blessé un ennemi, il aurait pleuré comme un enfant.

C’était un homme simple, pas compliqué. Son instinct le guidait, il vivait un peu en surface sans se faire de souci. Il faisait de son mieux dans tout ce qu’il entreprenait. Il avait une « foi de charbonnier ». Il s’en est tenu toute sa vie à ce qu’on lui avait enseigné quand il était jeune. Il ne se posait pas de questions. Il avait une certaine naïveté, il croyait facilement ce qu’on lui disait, ce qu’il lisait dans les journaux ou entendu dans les médias.

Il n’y avait pas une once de malice en lui. Ses goûts étaient simples. Il était reconnaissant pour la moindre chose qu’on faisait pour lui. Il aimait faire plaisir.

Il n’était pas instruit et ne cherchait pas non plus à en savoir plus. Nos conversations étaient limitées, mais j’aimais sa présence, elle me reposait. J’avais un peu l’impression que je le protégeais. Je suis certaine qu’il pensait la même chose en ce qui me concerne. Il me portait aux nues, de là son exagération à mon égard.

Quand il était bien portant, il était ludique, il aimait les jeux de cartes, le billard, le bowling, le hockey et surtout la bonne bouffe arrosée d’un bon verre de vin.  Un rien l’amusait et lui faisait plaisir. Il aimait rire, c’était un bon vivant.  Adieu, mon ami!

Lorraine Charbonneau - Retraitée de la Fonction publique fédérale - Résidente du Marronnier - Laval - Québec - le 20 octobre 2021

********

 La traversée

 

Tiens-moi la main

Pour me sentir près de toi

Avant que n’arrive demain

Et que tu restes seul sans moi

 

Donne-moi ta main

Pendant qu’on est ensemble

Faisons un bout de chemin

Avant que ma terre ne tremble

 

Main dans la main

Offre-moi un dernier sourire

Mon billet pour le dernier train

En route vers le dernier soupir

 

Serre encore ma main

Car dans tes yeux si doux

L’amour n’aura pas de fin

Il continuera à vivre en nous

 

Prends-moi doucement la main

Car dans les paroles du silence

Mon cœur attendri rejoint le tien

Sur la musique de la dernière danse

  

Céline Anctil – retraitée de la fonction publique – Gatineau – 9 août 2021

********

Tu viens de larguer les amarres mon ami - texte dédié à son épouse Marleen


Je n'entends plus ni goélands, ni mouettes faire le choral de nos émotions dans ce petit coin de Bretagne où la passion de la mer et de la voile a soudé nos destins d'adolescents. Nous avons labouré ensemble la baie de Saint-Brieuc avec les dériveurs de l’école nautique départementale, du port de Binic(*). Puis les années passent, et de mousse nous sommes devenus capitaines.

 

Mai 1968, malgré nos différents engagements politiques, jamais tu n’as cherché à me convaincre. À la fin de notre premier monitorat 1969, tu organises une fugue en décapotable, cap sur Édimbourg, Écosse, terre de tes origines, un voyage exaltant dans une atmosphère de liesse, une débauche de liberté.

 

Sur le  chemin de nos études, nous avons connu bien des réunions refaisant le monde, buvant jusqu'à l'ivresse de nos vingt ans, nous amusant de tout.

 

Le travail sur ta thèse de doctorat forgeait déjà le haut fonctionnaire de l’Union européenne que tu voulais devenir. Ton premier grand amour, avec Marie-Nicole, rencontrée dans un égout gallo-romain, comme tu aimais à le dire, à l'occasion d'une fouille archéologique. Elle sera la mère de tes deux superbes filles Capucine et Violette.


La vie nous sépare physiquement, ta carrière à la commission européenne vers des voyages à travers les continents, moi, sur mon Voilier «Athanor» dans une circumnavigation avec Marie-Christine.

 

Dix ans plus tard, nos retrouvailles, toujours à Binic, à l'occasion de mon deuxième appareillage avec Athanor II.  Violette en sera la marraine, une soirée qui raisonne encore dans ma tête.

 

Tu as été le mécène de mes recherches artistiques. Tu nous as apporté réconfort à Francine et moi pendant ma longue maladie au Québec, humour, bonne humeur, jamais un ton plus haut que l'autre. Puis l'amour s'est penché encore une fois sur toi lorsque Marlène a dit oui à l’accomplissement de votre bonheur. Tous les quatre, une ultime escapade à Bruxelles(**) et Bruges(***),  consacre une dernière fois notre fraternelle amitié.

 

Et bien des événements que cette séparation si cruelle a momentanément effacés de ma mémoire, prenons rendez-vous,  Cher Jacques, à ta prochaine escale: nous rirons de tout, nous ferons la fête, où que tu sois, je te fais la promesse, je serai là.

  

(*) Binic : port des Côtes-d'Armor, Bretagne, France.

(*) Bruxelles : capitale de la Belgique et siège de l'Union européenne.

(*) Bruges (brugge) : capitale de la Flandre-Occidentale


Dominique-François Rochefort - peintre-graveur - Sorel-Tracy - Québec - le 22 juillet 2021 

*********

Pour toi, mon papa

  

Pour toi qui es bien trop tôt parti

Avec qui je n'ai pas assez parlé

Je voudrais te dire aujourd'hui

Que je t'aime,  mon papa tant aimé

 

Ta vie se serait écoulée autrement

Si la maladie t'avait laissé tranquille

Nous aurions partagé des moments

Et tu aurais mieux connu ta fille

 

Toi qui m'as oubliée, au soir de tes jours

Toi qui reposes en paix, loin sous la terre

Je t'aurais dit mon existence avec humour

Et nous aurions ri, sans jamais nous taire

 

Tu étais si joyeux, armé de ton sourire

Quand tu te sentais heureux et libre

Loin de ton Algérie qui te faisait bondir

Et de toute cette colère qui te rendait ivre

 

Je t'aurais lu mes mots qui en disent long

Nous aurions poussé la chansonnette

Avec ton frère  le plaisantin, le trublion

Déguisés, déchaînés et le coeur en fête.

 

Danièle Comparetti -  infirmière - blogueuse- blagueuse- Tours- France le 16 juillet 2021

********

Aimer les vivants


La mort fait partie de la vie. La mort depuis longtemps, fait partie de ma vie. Dès mon plus jeune âge, j’ai appris à la côtoyer, l’apprivoiser, l’accepter pour finir par apprendre à la respecter. L’insouciance de l’enfance m’avait fait ignorer son existence : imaginant nos vies éternelles, nous pensant même immortels.


Et puis, un beau matin, par surprise, elle s’est invitée, est venue frapper à la porte de notre demeure, nous avertissant qu’il ne restait à ma mère que quelques mois, quelques heures. Pourquoi elle, pourquoi nous ? L’incompréhension, le refus d’y croire laissant ensuite place à l’acceptation. La mort n’est pas une punition, elle est un passage, une transition.


Quelques années plus tard, alors que nous pensions ne plus la revoir avant un long moment, la mort est revenue sur la pointe des pieds : cette fois-ci, c’était mon père qu’elle était venue chercher.  Rapidement, à l’aube de ma vie, mes deux parents sont donc partis vers un autre monde : vers l’infini.


Je ne me souviens pas avoir pleuré mes morts mais bien les avoir entourés, aimés, choyés de leur vivant, les accompagnant de tout mon amour jusqu’à leur envol vers l’éternité. Depuis, j’ai grandi, muri, avancé dans ma vie. Mes parents pourtant absents depuis tant d’années continuent chaque jour de m’accompagner à travers l’énergie qu’ils m’ont apportée lorsqu’ils étaient encore en vie, à mes côtés. Pourquoi les pleurer alors que je les imagine de là où ils sont, me chuchoter : « Sois heureuse, ris, avance et profite chaque jour de ce bonheur que nous t’avons donné : celui d’exister ! »


La mort trop tôt me les a enlevés mais je suis certaine aujourd’hui que telle était notre destinée.  Je me suis renforcée, ai appris l’importance de profiter chaque jour de la présence des êtres aimés.  La situation pandémique de ces derniers mois et les restrictions que nous avons subies m’ont régulièrement interpellées. La peur de la mort, nous interdisant de vivre et de profiter pleinement de nos proches tant qu’ils sont vivants.  Surréaliste situation que nous avons traversée : enfermés, confinés, privés de notre liberté de nous approcher physiquement de ceux qu’on aime.


La mort pourtant fait partie de la vie, la mort fait partie de nos vies. Aimer nos proches tant qu’ils sont présents et non pleurer les absents. Aujourd’hui dé-confinés, nous revoilà réunis, retrouvant nos familles, nos amis. Célébrons notre bonheur d’être en vie. Offrons chaque jour aux absents partis trop tôt, ce cadeau d’être heureux sur Terre en leur mémoire car je suis convaincue que c’est ce qu’ils voudraient voir.


La mort fait partie de la vie mais surtout et le plus important : aimons-nous vivants !

 

©Joëlle Laloy - travaillant dans le secteur de la santé - maman - Bruxelles - Belgique - le 23 juin 2021

********

Au revoir Monsieur Kahn


Il a vécu la souffrance de la maladie

Ce que ses patients portaient

Sans pouvoir exprimer

Les derniers instants de la vie


Président de la ligue contre le cancer

Pourquoi, en tant que médecin

Est-il touché ?

Pourquoi en tant qu'humain

Le cancer s'est développé ?


Entre chimiothérapie et autres soins

Axel Kahn nous a montré

Qu'il se rend compte que sa vie terrestre s'arrêterait


Humaniste, philosophe, il nous laisse

Nous remplis d'émotions

De son attention

Pleine de tendresse


Pour lui, l'imaginaire n'existe pas

Maintenant, même s'il ne croit pas, 

Il traverse les lueurs d'un nouveau chemin

D'une longue destinée avec le divin 


Claudette Méplomd - retraitée de la SNCF - Confians à Conflans Sainte Honorine en île de France - le 6 juillet 2021

********

Face à la mort

Quand pour les êtres qu’on aime, l’heure approche de traverser dans l’au-delà, peu importe que ce soit la maladie ou la vieillesse, on croit être prêt.  Quand pour eux, la vieillesse devient insupportable, la douleur incessante, on implore les dieux d’intervenir.  Ce ce que l’on désire et veut le plus est d'alléger la souffrance de ceux qu’on aime.  Si les événements nous amènent à intervenir dans ce processus, à pouvoir mettre une fin à la douleur et aux tourments de l’être aimé, on ne se doute jamais de l’impact que ça peut avoir parce que jamais on a vécu pareille expérience. 

On est prêt, semble-t-il, sachant que l’être aimé (ma maman) va cesser de souffrir.  Enfin!  Mais il y eut plein de moments où le doute est venu me pincer.  Je crois qu'elle a essayé de parler… peut-être alors que ce n’est pas encore le bon moment!  Elle a ouvert les yeux… est-elle vraiment prête?  Elle a levé la main… est-ce qu’elle réalise ce qui arrive? Puis ses yeux se ferment pour ne plus s’ouvrir.  C’est l’attente, l’attente du moment où son cœur va cesser de battre.  Les voies respiratoires s’obstruent.  Chaque respiration devient un râle.  Sait-elle qu’on est là près d’elle à attendre que la mort vienne?   Est-elle rassurée de notre présence ?

Être aussi proche et loin en même temps.  Je ne veux pas qu’elle ressente de la peur.  Je la caresse… Est-ce qu’elle m’en veut de la laisser partir tout de suite ?  Je suis confrontée : je veux la garder, mais elle souffre tant.  Je veux qu’elle puisse avoir la paix.  Je prends tout ce que je peux d’elle.  Je l’embrasse dans le cou, la rassure, je la serre dans mes bras. Je lui parle tout bas. 

Je lui dis : « Tu vois, ils sont tous là… , tante Hélène, tante Yvette, tante Blanche, Papa ton mari… ils ont les bras grands ouverts… tu n’as qu’à traverser.  Ce fut les derniers mots que je lui ai dits. 

Elle m’a donné mon premier souffle…j’ai reçu son dernier souffle en plein visage… texte écrit en 2018

Odette Gilbert - Autodidacte - Artiste - Facebook Gilod - Les Méchins - Québec - le 5 juillet 2021 

********

Certaines formes de mort

Une tempête sur le lac.

Un rivage perdu dans la distance.

Une embarcation qui ne tiendra peut-être pas le coup.

Une femme qui me retient sur la berge.

Le désir de rester.

L’obligation de partir.

La présentation d’une cigarette.

Le langage des yeux.

Des cœurs qui fondent de passion.

Une décision à prendre.

Les longs moments d’attente.

Un parfum enivrant.

Des lèvres désirables.

Un corps de déesse.

Court dialogue avec mon Dieu.

L’humanité entière qui m’appelle.

Encore des paroles d’amour.

Des yeux qui pleurent.

Des mains qui tremblent.

Une pointe de désespoir.

Un dernier tour d’auto.

Des chansons d’amour à la radio.

Un adieu douloureux à cette femme.

Renoncer à l’étreinte charnelle.

La promesse du secret à tout jamais.

Une plaie sous le couteau.

La tristesse d’une dernière œillade.

L’expérience de ceux qui meurent.

Un bout de vie qui pèse lourd.

Le vide qui remplit le jour.

Des nuits d’insomnie.

Un souvenir qui hypnose.

Du travail pour chasser l’ennui.

Des prières comme de coutume.

Une écriture qui me parle d’elle.

La peau qui se remet à avoir soif.

L’imagination qui entretient l’amour envolé.

La cigarette pour la détente.

Un dernier poème livré au feu.

Doute sur la véracité de cette mort.

Fin de la traversée.

La vie qui appelle vers l’avant.

Jean-Louis Bonin - ex-professeur - ex travailleur social - Sorel-Tracy - Québec - le 5 juillet  2021

********

Mourir dans la dignité

La dignité pour moi va de l’autonomie à la liberté. Je suis autonome si je ne dépends pas des autres.  Je ne le suis pas si j’ai besoin d’aide pour ma toilette, si je deviens incontinente; si je perds la tête au point de ne plus reconnaître les miens; si je souffre trop.

De même, je suis libre si je peux décider de ma journée : aller, venir, préparer mes repas, sortir, lire, écrire ou écouter de la musique. La dignité concerne aussi le souci moral de ne pas les inquiéter inutilement.

Une vie digne est pour moi une vie conforme à mes codes de valeurs.  C’est de décider par moi-même de faire ce qui est le mieux pour moi, selon ce que je juge de qui est bon, juste et honnête.  C’est exercer mon jugement moral en toutes circonstances selon les valeurs que je me suis forgées par l’expérience de la vie, mes lectures, du contact avec mes parents, amies et concitoyens.

Pour moi, une vie digne, c’est entretenir des relations humaines, d’échanger des idées, partager des lectures, des spectacles, des voyages, des fêtes. Et pour répondre aux interrogations des miens, je m’engage à les informer de toute décision que je prendrai sur ma fin de vie et sur le sens que je donnerai à mes actes.

Je refuse la déchéance physique ou intellectuelle.  Pour moi, la souffrance est indigne, elle altère notre identité.  L’endurer ne nous rend ni meilleur, ni plus fort, ni plus intelligent.  Au contraire, elle rétrécit notre horizon mental et affectif.  La souffrance est odieuse, dégradante et humiliante; je ferai tout pour la supprimer, elle m’amènera à justifier ma fin de vie.

Prendre la décision concernant ma fin de vie alors que je suis relativement bien me procure un immense soulagement, éloignant le spectre de la dépendance.  Je choisis de ne pas supporter l’insupportable.  Plutôt que de laisser aux miens une vision de douleur et d'angoisse, je préfère leur laisser celle de quelqu’un qui s’est calmement endormi et qui a oublié de se réveiller.

Le fait d’avoir la possibilité de mourir quand je le déciderai suscite en moi un sentiment d’urgence de vivre intensément chaque minute que la vie me donne.  Ce pouvoir nouveau qui nous est conféré est un grand privilège.  Il permet de dédramatiser la mort et de l'apprivoiser.  Cela renforce mon attention à respeter toute vie et son environnement.

C’est justement parce que je sais que je pourrai mettre librement fin à mes jours qu’elle est encore plus magnifique aujourd’hui.  Ce qui ne veut pas dire que je ferai ce choix.  Je peux être renversée par une voiture, mourir subitement d’une crise cardiaque ou comme ma sœur Hélène dans mon sommeil.  Toutefois, ce sera un acte que je pourrai accomplir quand je le jugerai bon.

Quand sera le bon moment ?  Je ne le saurai jamais.  Tout ce que je sais, c’est que la délibération sera menée avec moi-même, et mon corps, mon intelligence, mes sentiments me donneront la juste réponse.

 Lorraine Charbonneau – Ex-fonctionnaire de la Fonction publique fédérale – Résidente du Marronnier à Laval – le 29 avril 2021

********