Le silence

Tendresse et tranquillité

Tendresse et tranquillité, deux mots qui commencent par la même lettre, ont aussi en commun de répondre à un besoin essentiel de douceur et de calme pour écouter ce qui se passe en soi.

Ces mots, comme des cadeaux, invitent à ralentir l’agitation du mental qui tend à s’éparpiller et à s’inquiéter. Quand on s’accorde la tendresse envers les parties de nous qui ont été punies, blessées ou effrayées à diverses étapes de notre vie, on peut reconnaitre ce qui n’a plus sa place dans notre vie.

Tranquillité n’est pas immobilité ou paresse. La contemplation semble passive, mais elle permet un ressourcement vital qui ramène l’équilibre en nous. Comme novembre donne à la nature une apparence trompeuse de mort ou d’inactivité, la tranquillité cache des richesses. C’est souvent dans le calme et le silence qu’on peut sentir et entendre la vie en soi, entrer dans son corps, dans son cœur et son âme. On apaise le tourbillon de l’anxiété toxique pour faire place aux messages discrets au sujet de nos besoins négligés : besoins de connexion, de contribution, de créativité, de repos ou autres.

Comment être plus tendre avec soi quand la vie nous pousse et nous bouscule? Ce n’est pas si facile au début de distinguer l’appel du silence et du calme. On nous a tellement mis en garde contre les tentations du « diable » de la paresse, de la luxure et autres dangers souvent perçus par des religions qui se méfient du plaisir. Les plaisirs sains sont pourtant la meilleure protection pour notre santé physique et mentale.

Les premiers pas se font en choisissant des moments de solitude pour s’envelopper de silence, pour savourer un bain, une tisane, le chant des oiseaux, une promenade dans la nature ou la magie des fleurs ou de l’eau qui bondit dans un ruisseau. Parfois, quelques minutes sensuelles nous remettent en contact avec notre corps et encouragent à prolonger le ralentissement délicieux. On prend le temps de toucher, de sentir, de goûter, d’écouter avec générosité pour retirer le meilleur de ces instants.

Avec le temps, on allonge les pauses et on intensifie la douceur, tendrement, tranquillement.

Mention dans le cadre du projet C'est à ton tour d'écrire s'envole au Théâtre La Doublure de Sorel-Tracy , texte lu par Michèle Gauthier lors de la représentation du 24 novembre 2022 - MB

Charlotte Boulanger - Créatrice en mots et en couleurs - Montréal - le 16 juin 2022

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Le silence du printemps

De quelle couleur est le silence? Est-il jaune, est-il bleu? Renaît-il au printemps, après un long sommeil? De quelle couleur est le silence? Est-il or comme le soleil qui nous illumine de ses rayons? Est-ce lui qui nous donne de l’inspiration? Où le trouve-t-on, à la croisée des chemins?

Tous ces mots, toutes ces questions autour de lui, il doit penser que je suis bien bavarde. Il doit se dire que je suis bien curieuse, peut-être trop, me le glissera-t-il sur un billet doux?

Le silence est-il une fleur dénommée "ficaire" (fit-taire) qui éclôt au printemps? Même les fleurs annoncent le silence dans des jeux de mots. Leur langage, d'ailleurs, n'est-il pas évoqué en secret, dans le creux d'un murmure, dans l'énonciation d'un message codé, dans le silence de douces pensées à l'être aimé?

Que dire du silence de la nature que l'on sait apprécier seul ou en douce compagnie, le silence ressenti jusqu'aux pieds nus dans l'herbe fraîche, le silence dans le clapotis d'un ruisseau, le silence dans les doux battements d'ailes des papillons, le silence dans l'aube du matin qui se lève et s'étire, le silence dans l'heure bleue de la nuit qui s'en va et laisse place à dame Lune et aux étoiles, le silence dans le chant des oiseaux, le silence dans le vent et dans les branches.

Le silence est Dieu qui nous l'offre pour cadeau dans l'oraison, en cœur à cœur, en communion. Le silence est création; il naît à chaque printemps dans le cœur doré d'un bouton.


© Gaëlle Lavisse - auteure - écrivaine - biographe - poète - ECQUES - Pas-de-Calais - France - le 20 mars 2022

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Silence, qui es-tu?

Toi, le silence, qui est dans moi,

toi, le silence qui m'attriste dans mon être,

comment puis-je vivre dans ce monde d'aujourd'hui?

Comment puis-je être moi-même?


Toi que je respire tous les jours,

toi que je respire à chaque instant,

comment me défaire de ta torture?

Comment me défaire de ton négativisme?


Toi que je vois aujourd'hui dans ma vie,

toi que je vois devant moi,

comment puis-je t'oublier dans mon coeur?

Comment puis-je t'aimer encore dans ma vie?


Toi qui m'as brisé le coeur en mille morceaux,

toi qui as voulu m'avoir pour quelques jours, quelques nuits,

comment puis-je te rayer de mon coeur?

Comment puis-je effacer la torpeur en moi?


Toi mon souffle doux qui est une caresse,

toi mon souffle qui m'accompagne à chaque instant,

comment puis-je faire pour vivre aujourd'hui?

Comment puis-je faire pour respirer dans ce monde?


Pierrrette Meunier dit Lapierre - artiste (dessins de mode) et peintre Sorel-Tracy -Québec - le 5 janvier 2022

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J’écoute le silence

J’entends un bruissement

Presqu’un chuchotement

Je suis toute seule avec lui

Il murmure à mon oreille

Tendrement, il se révèle

Il n’y a rien d’autre

Aucun autre bruit

Juste cet ami

Juste ce son

Qui fait ronron

On est seuls lui et moi

Je me concentre et l’écoute

C’est un froissement d’ailes

Un petit bruit en sourdine

Qui me dit : Chut - chut

Doux, doux

N’aie pas peur de moi.

Écoute le silence

Détends-toi

Fais le vide

Tout est là en toi.

Pour toi.

Francine Grimard - auteure - illustratrice - Ste-Anne-de-Sorel - Québec - le 17 août 2021

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Chut mon amour!!


Qui croit que pour vivre le plus beau, le plus doux des amours, il faut être transparent à l'autre, et attendre cette réciprocité de l'être aimé. Tout dire, se raconter!!


Ne plus avoir de jardin secret, se perdre dans l'autre, se perdre soi à s'asphyxier, à s'étouffer, à ne plus se reconnaître, à ne plus respirer. Où est la magie de l'amour ? Elle, si belle, et si mystérieuse...


Connaître cet amour divin, inconditionnel, respectueux, mystérieux, en toute confiance, au-delà des mots.


L'aimer dans les mots tus, dans les silences absolus, dans l'absence, la distance, dans les regards furtifs, dans les mimiques de ses lèvres, dans les tremblements de ses mains hésitantes, dans cette étincelle captivée.


Il m'a appris cet amour si fort, si intense, qu'il remplit, illumine.


L'aimer avec ses ombres et ses lumières où le désir que l'on éprouve l'un pour l'autre est magique, silencieux.

S'effleurer de mots dits avec nos sens, en silence, la musique d'un corps à corps, d'une âme à âme...


Pas besoin de longs discours pour le plus doux des amours.


© Gaëlle Lavisse - auteure - écrivaine - biographe - poète - ECQUES - Pas-De-Calais - France - le 5 juillet 2021

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Mon ami, le silence

J’aime le silence, je l’ai apprivoisé, j’en ai fait mon ami. Il m’est devenu une formidable source d’énergie. Plus je vieillis, plus le bruit m’indispose. Il crée en moi une émotion qui me perturbe et brouille mes pensées. J’aspire de plus en plus à la tranquillité, à la joie simple et à la paix intérieure. C’est difficile de retrouver son centre dans le tintamarre ou le brouhaha.

Depuis quelques années, je fuis les foules et les bruits qui les accompagnent, les gens qui ont le verbe haut, qui crient, qui veulent avoir raison, qui protestent pour tout ou qui se disputent. Je déteste le bruit des motocyclettes, le jappement persistant des chiens, la télévision ou la musique qu’on met à tue-tête. Ça m’agresse; ça exacerbe mon seuil de tolérance et perturbe ma qualité de vie. Tout le monde sait que les expositions aux bruits ont des effets nocifs sur la santé et le bien-être des gens. Être exposé à un bruit non désiré accroît notre niveau de stress et peut entraîner des problèmes de surdité. Étant à la retraite, j’ai le loisir de lire, d’écrire, de me laisser aller à la méditation, à la réflexion et même à la rêverie, ce qui demande de la tranquillité d’esprit et du silence.

Pourtant certains bruits me ravissent : le bruissement des feuilles, le rire en cascade d’un enfant, le crépitement d’un feu de foyer, le pépiement des oiseaux, la musique en sourdine, le bruit quand on croque dans une pomme juteuse, l’eau descendant d’une chute, le ronronnement d’un chat ou simplement le murmure de mon réfrigérateur ou de mon climatiseur. J’aime l’atmosphère feutrée des bibliothèques et des musées. Les gens fréquentant ces lieux sont calmes et respectueux. Ils chuchotent comme s’ils étaient dans une église. C’est reposant et inspirant à la fois.

Mon chez-moi est mon oasis de paix et de sécurité où il fait bon vivre et où je me sens bien. À certains moments, c’est si paisible que je pourrais m'y croire sur une île déserte.

Lorraine Charbonneau – Ex-fonctionnaire de la Fonction publique fédérale – Résidente du Marronnier - Laval – Québec - le 21 avril 2021

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