Textes à partir du 17 mai 2024

Il marche seul

 

 

Il marche seul, en quête de vérité, en quête d’absolu. Il est venu au monde en sachant qu’il y aura une fin. Une faim de connaissances, une faim d’apprendre et de comprendre.

 

Il vient d’hier et il ira jusqu’à demain. Il a quitté sa planète. Il a quitté son uni vers, pour venir sur terre. Qu’il y a-t-il au-delà du miroir, une image renvoyée à l’infini. Oui arriver à l’un fini. Être plein et entier.

 

Se nourrir de soi, au-delà de soi. Esprit es - tu là ? Voyager à travers les mondes. Voyager à l’intérieur de soi, là où est l’esprit.

 

Il a quitté l’un connu pour connaitre l’insondable, l’inconfortable pour une vie durable : l’intériorité. Simplicité, retour à l’unité en toute humilité, on ne remercie jamais assez.

 

Laissons le mystère de l’amour nous traverser. Laissons la vie circuler en nous. Laissons - nous appeler par la métamorphose. Il s’est éveillé à écouter les silences. Il a appris à danser avec la vie. Il s’est initié de lui-même.il s’est instruit du miroir.

 

Il lui reste à voyager entre les mondes. Il marche seul…

 

Nous pouvons changer le monde !!!  Avant tout il est important de changer son monde. Ou est-ce que je m'endors, pour rejoindre mes rêves, au-delà de ces deux mondes entre lesquels je marche et je me perds ?

 

Je marche entre deux mondes, comme chacun et chacune d'entre vous. Le monde d'avant n'existe plus et celui de demain n'existe pas encore… Espoir…

 

Philippe Deblay - psychothérapeute - philippedeblay.com - Saint-Maiximin-La sainte-Baume - Provence-Alpes-Côte d'Azur - France - le 15 juin 24 

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L’épaisseur d’un cheveu

 

De L’épaisseur d’un cheveu. Protagoniste. Couple Etienne et Vive + Vincent,  ami gay de Vive (mots, couleurs, émotions). Imaginez la fin de cette histoire où Etienne tue Vive sa femme de + 10 Ans. À la fin il l’a tuée !! Etienne travaille dans une maison d’édition.

 

La peinture est une poésie, c’est la poésie de l’âme, une ouverture vers l’infini. J’étais à saturation de tous ces écrits d’écrivaillons mornes et gris qui ne soulevaient plus rien qu’un verre, un vert de champ à la tombée de la nuit qui diffuse une odeur bleuâtre, froide, impersonnelle.

Ah ! pourquoi cette vie insipide comme un jour pisseux. Je n’en pouvais plus de toutes ses sorties, de ses bouderies vives comme l’éclair. Vive parlons-en, la plus que vive comme disait Christian Bobin. Encore de sortie comme toujours avec ce rouge «vingt sang».

 

Allez une bise vite fait, je la regardai elle était blanche comme un cierge de pâques qui balbutie deux trois mots bleus. Son regard éteint mais les yeux dégagent un sang d’encre, maquillée à outrance. Que de temps perdu au songe du souvenir, cinquante nuances de gris comme ses quelques cheveux gris qui inondaient sa chevelure.

 

J’imaginais sa fin, je la voyais comme une sculpture figée dans une pose d’agonie. Je la voyais allongée dans son dernier souffle opaque. J’imaginais le tableau comme un peintre avec sa toile et ses couleurs, nous avons à sublimer la matière, c’est une belle allégorie pour une fin sur un air de samba.

 

L’enterrer pourquoi pas le cimetière de l’ouest à Marcel Sembat à Boulogne Billancourt. Au moins je serais triste pour quelque chose, triste comme une âme en peine, comme un jour sans faim. Je lirai sa rubrique nécrologique, je clamerai la couleur des mots. Mots perdus sous les gouttes de rosée entre les collines d’une âme vert de gris de Toscane. Alors nous trinquerons avec ceux qui viendront d’un bon coup de rouge de Frescobaldi. À moins que…

 

Philippe Deblay - psychothérapeute - philippedeblay.com - Saint-Maiximin-La sainte-Baume - Provence-Alpes-Côte d'Azur - France - le 15 juin 24 

 

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Pensées positives

Vivons l’instant présent comme un cadeau du ciel,

Écumant le surplus qui freine nos idées,

Chaque infinie parcelle ne demande qu’à germer

Si nous savons ouvrir nos jardins intérieurs,

Grâce à notre énergie, nous avons le moyen

De choisir chaque jour nos actions et nos gestes;

Les pensées positives   donnent à notre confiance

Le si précieux pouvoir de relativiser,

Elles guident notre moral tout en l’embellissant

Et calment les tourments qui voulaient l’envahir.

En récoltant la joie, le bonheur de grandir,

Nous ensoleillerons tous ceux qui nous entourent

Et pourrons apprécier dans les moindres détails

Le plaisir d’exister d’avancer et d’aimer. 

Marie-France Lefebvre -  Anciennement directrice d'un jardin d'enfants - Boulogne Billancourt - France - le 14 juin 2024

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Une fois n'est pas coutume... mais !

Vendredi matin, mon amoureux a un rendez-vous à l’hôpital pour une petite intervention. Le rendez-vous est à huit heures, mais il faut s’y rendre et …Que non, je ne conduirai pas à Montréal. Et, naturellement, il veut y être à l’avance….


Je ne dors que d’un œil, toute la nuit…Oui, oui, il avait mis l’alarme sur, non pas un, mais sur les deux téléphones.

Mais, une folle c’est une folle, et on ne la changera pas à soixante-quatorze ans. Alors, je me lève comme un « spring « à six heures trente. Sept heures, les perles aux oreilles, et bracelets au poignet, un peu de mascara, tout nouveau pour moi, le mascara, depuis que j’ai l’impression de n’avoir plus ni cils, ni sourcils…. Un peu de beige aux lèvres, pantalons blanc, chemisette jaune, souliers assortis, mademoiselle « fière pet » est prête pour accompagner son amoureux à l’hôpital.


Nous attendons le taxi dans le hall, il tarde à arriver…

- Bon ça suffit, je prends mon char…

- Gnochon, on t’a dit de ne pas conduire, en plus, tu n’as même pas la clé…

- Oui, je l’ai, et j’ai assez attendu…

- En tous cas, moi, je t’avertis, je ne conduirai pas en ville, en plus c’est le Grand Prix, il va y avoir un trafic fou.

- Je vais conduire, voyons, c’est juste une petite « endormitoire ». Je vais être correct !

- Richard, je commence à être à boutttttte. Yé ben de bonne heure pour commencer à m’énerver. Attaboye ! Le taxi arrive… Ouf!


Pauvre p’tit chou, je le sens quand même un peu nerveux, même si il ne veut pas le montrer.

Arrivés à l’hôpital, tout se passe super bien. Pas d’attente, il est pris en charge vers huit heures quinze, et on me dit de revenir dans une heure.  Mais, vous savez quoi?


C’était la première fois que je voyais des boutiques dans un hôpital…

Alors, que faire quand on a une heure à tuer, et que l’on déteste magasiner, et que tout d’un coup….Badang ! Tout est là devant nous….et qu’il nous manque une jolie robe, et de confortables pantalons pour l’été ? Surtout, que nous avons ….Taram!Taram! .... la carte de crédit de notre petit chouchou, qui roupille tout doucement.  Qui résisterait à la tentation?   Pas moi!


Mon magasinage d’été est fait, pas besoin de courir les Centres commerciaux. Et, je n’ai vraiment pas exagéré, deux pantalons, une robe… J’avais encore quelques coups de cœur, mais… Il fallait quand même que j’aille récupérer mon petit  « zombie »…

En effet, il aurait été beau à voir au volant….: 


Quand même, taxis et magasinage, pour deux heures. Faudrait pas qu’il doive s’y rendre à toutes les semaines…

Je vous avoue, j’y prendrais goût ! Et ça coûterait cher…..Hahaha!


Anne Roberge –  retraitée du monde des affaires – Île-des-Sœurs – Verdun - Québec - le 11 juin 2024

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Aujourd'hui on sort ensemble 

Oui, on va sortir ensemble aujourd'hui.  On n'était pas sorti ensemble depuis l'hiver dernier.  Je l'aime beaucoup, trop même.  Mais depuis quelque temps, elle m'impose de nouveaux caprices en pensant qu'elle aura le dessus sur moi.  Je l'aime tellement que je lui laisse croire qu'elle a réussi, mais que voulez-vous, je l'aime à ce point et mon coup de foudre est aussi fort qu'au début. 

Le pire moment de l'année, c'est lorsque le temps froid arrive.  Elle n'a que 30 ans et déjà elle est très frileuse.  Pourtant à la regarder, elle semble si forte.  Elle est élancée et fait rêver de jalousie bien de mes amis.  Elle paraît encore toute jeune.  Mais le moindre petit vent frais la fait tousser.  Et quand il pleut, vous devriez la voir comme elle m'exaspère.  Elle m'irrite sans cesse avec des signes de négation par ses deux longs doigts qu'elle agite en plein dans mon visage!  Elle se prend pour la reine malcommode du voisinage.

Elle n'a pas voulu qu'on sorte ensemble depuis l'hiver dernier.  Finies les balades avec elle par temps frisquets ou quand la neige tombe follement sur nous.  Elle ne veut plus mettre le nez dehors.  J'ai beau en prendre soin, la dorloter, la tenir au chaud, mais rien à faire.  Elle se prend pour un ours et demande à hiberner tout l'hiver.

Mais là, je lui ai joué un tour.  Nous sommes allés en balade dimanche dernier.  Je ne lui avais pas dit combien c'était venteux.  Vous auriez ri en la voyant.  Malgré qu'elle fût bien chaussée, elle avançait et donnait l'impression d'être trop fragile pour s'exposer au vent.  Tout le monde la regardait, car elle a fière allure.  Je ne sais pas pourquoi, mais les gens se trompent souvent par rapport à son âge.  Non pas qu'elle paraît vieille, mais elle est quand même grisonnante. 

Par respect pour elle, je ne dévoilerai pas son nom, mais ses initiales vous donneront un indice sur sa personnalité. En tout cas, ses initiales la décrivent bien.

BMW pour Belle Machine WOW!

Kim Pérusse – auparavant, adjointe administrative pour un organisme communautaire, bénévole au CISSSMO – Salaberry-de-Valleyfield – Québec – le   10 juin 2024.

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Il était une fois … une bénévole

 

Il était une fois une bénévole

Qui par des matins se levait sympathique

Avec le soleil ou la pluie frivole

Pour aller porté son être empathique.

Toujours par son sourire

Elle communiquait

Sa joie de vivre

Malgré ce qui lui manquait.

Bonjour, comment allez-vous ?

Sont ses premiers mots du jour

Personne n’y échappait et d’après-vous ?

Les gens lui montraient leur amour.

Sa résilience, son amie chère à son cœur

L’accompagnait à chaque minute

Comment faisait-elle, pour s’endormir la nuit ?

Avec cet espoir d’une journée encore meilleure.

Il était une fois une bénévole

Qui à chaque jour, écoutait les gens

Qui marchait vers son but avec son air désinvolte

Il était une fois, moi avec mon entregent.

 

Kim Pérusse - retraitée du secteur communautaire en santé mentale - Salaberry-de-Valleyfield - Montérégie - Québec  -  le 07 juin 2024

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Nuages de vagues

 

Belles impression d’horizon      

En nuages de vagues,

Au ralenti d’un temporel humain

Tel un ajout de beautés

En raffinement d’âme.

Elles déferlent en ciel lointain 

Colorées, unifiées de charmes.

De la bonne grâce des diseuses

Sous un vent d’ailes soucieuses,

Elles sont silencieuses,

Englobantes cajoleuses.

À l’affût de douceurs,

D’émotions intrigantes,

Elles se font reposantes, envoûtantes;

Aux pensées imprégnantes.

Presque invitantes.

Plage troublante dans ses rêveuses teintes,

Sable d’idées s’entrechoquent à leurs visions.

Leurs images puissantes

Sont de toutes lueurs, toutes réflexions.

Au réveil de la nuit,

Elles s’adoucissent d’atmosphère,

Bruissent de questions, de prières

Dans l’accalmie des cheminements,

Dans le vouloir des songes 

Imagés d’un tel firmament.

 

Promenade dédiée à Mme Raymonde R. Roy

 

Marc Arsenault – Île d’Orléans – Québec – le 27 septembre 1988 – texte reçu le 29 février 2024

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Mélodie Ailée

(més - anges)

 

Leurs ailes battent la mesure 

D’un accord irrésistible 

Des plus harmonieux.

 

Ils violonnent leurs mouvements,

Trombonnent leur vol

Sous la flûte

De leur instinct.

 

Quelle adresse! Quel génie!

Tous semblables, tous distincts.

Observez le caprice

 De leurs attroupements, 

Tout est prodigieusement orchestré.

 

Marc Arsenault – Île d’Orléans – Québec – le 24 décembre 1986 – texte reçu le 29 février 2024

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La corde à linge

 

Elle faisait partie de la famille

Longeant le corridor des chambres à l’étage

Ou bien immobile au coin de la maison

Pas une semaine passait sans lui rendre visite

 

Par temps chaud comme par temps froid

Les épingles de bois défilaient bien serrées

Le linge dansait au gré du vent et du soleil

Que maman avait frotté et lavé avec soin

 

Tant de fois j’ai vu la corde briller de blanc

Coton ou flanelle, couches renouvelées de l’époque

Toute l’année, l’éternel rendez-vous du lundi

Brassées de linge sale triées au pied de l’engin

 

L’usure des saisons en décidait parfois autrement

Ou des vents forts menaçaient de tout ébranler

Brisant à tout rompre la cordée de linge propre

Pour se retrouver pêle-mêle, étendue au sol 

 

Qui de mieux que papa pour lui redonner vie!

Déroulant une corde neuve encore engourdie

Ajoutant un peu d’huile aux poulies grinçantes

Voilà notre nouvelle corde à linge toute prête

À faire partie de notre belle et grande famille

 

Céline Anctil – retraitée – Gatineau – Québec – le 31 mai 2024

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Je contre moi

 

Un soir de la semaine, peu importe le jour, 22 heures 30. Assis derrière mon bureau, affaibli et tourmenté, je ne sais plus qui je suis. J’ai la désagréable impression que mes neurones ne m’obéissent plus et partent en vrille un à un sans pour autant leur donner l’ordre de quitter le cockpit de ma tête.

     

Moi, le commandant suprême, je dois faire face à une nouvelle mutinerie dont je devine l’issue. Un déséquilibre étrange entre mes propres pensées et la traduction de mes facultés intellectuelles. Fragilisé par un mal sournois à l’intérieur de mon poste de pilotage qui ne me laisse de surcroît aucun répit, je me sens désorienté.

     

Cependant, sans vouloir m’avouer vaincu, je décide de prendre les armes en main, des épées corticoïdales, pour combattre l’insurrection. Seul contre tous, je ne serais certainement pas le vainqueur mais voulant limiter l’étendue des dégâts, je devais avant tout être le gladiateur farouche et vigoureux de ce nouveau siècle.

     

La bataille allait s’engager mais dans une partie lointaine de l’hémisphère de mon cerveau, je perçois le rire démoniaque de l’ennemi qui jubile déjà sa victoire. Courroucé dans la profondeur de mon être, j’ouvre les hostilités en portant à ma bouche l’épée infâme que j’avale d’un trait, accompagné d’un grand verre d’eau sorti tout droit du frigidaire. C’est le premier coup de semonce contre les mutins. C’est certain, il en faut d’autres car ce n’est pas suffisant pour enrailler l’état de crise dans laquelle se trouve plonger mes dernières facultés intellectuelles.

     

Malgré les offensives lancées, en signe de riposte, les dix milliards de neurones, petits soldats du cortex cérébral, déposent à leurs pieds les axones ralentissant ainsi la transmission des informations au sein des centres nerveux qui contrôlent toutes mes fonctions vitales.

     

Au fil du temps, mon corps mute en une lourde masse dont les mécanismes inférieurs et supérieurs se glacent comme des étendues de neige en Sibérie. Chaque année, les hivers plus rigoureux que les précédents, deviennent les alliés redoutables de ce mal étrange dont je souffre depuis plus de quinze ans.

     

Seul contre tous à devoir lutter, c’est le pot de fer contre le pot de terre mais quoi qu’il arrive, je refuse d’abandonner même si le combat est inégal. Toujours garder la tête aussi haute que le toit du monde car un commandant qui veut garder son estime et son honneur, ne quitte jamais son vaisseau alors, je ne quitterai pas le mien.

 

Voir la photo reliée à ce texte sous l'onglet: Photos et dessins des membres /  Photos et dessins mai 2024 /  Je contre moi


Michaël Blauwart - écrivain - journaliste - poète - Premier Prix Littéraire pour ses écrits sur la langue de Molière (octobre 2021) et la Médaille d'étain remise par la Société des Arts et Lettres à Paris pour l'ensemble de sa carrière (septembre 2021) - Bazas - petite commune de Gironde - France – le 30 mai 2024                                                                                            

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Le mondial de l’abeille

 

Quand l'abeille symbolise le poète,

et que son miel poème est prophétie

volent les mots à tire d'ailes

comme les scholies d'Homère

bourdonne vie

Bacchylide

l'abeille enfante alors le monde,

fils d'Apollon

grand devin parmi les nations

et quand les muses et vierges s'abreuvent de ce nectar

elles ont d'extraordinaires pouvoirs

les abeilles et leurs venins

le serpent amoureux

miel créé par les dieux

doux amour qu'est le miel et le vin, apporte l'oubli et l'ivresse

 

©Gaëlle – Bernadette Lavisse auteure poète écrivaine biographe Hauts de France 62 - le 20 mai 2024

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Que la fête commence 

L’orgue de Barbarie entonne sa romance,

Reprenant des refrains qui séduiront les cœurs ;

Les lampions suspendus sous les tilleuls en fleur

Arborent des couleurs diaprées et flamboyantes,

Les couples qui se forment piétinent en cadence

En riant aux éclats sous le soleil couchant,

L’air si doux qui caresse les chevelures éparses

Leur permet d’accueillir les baisers les plus doux,

Le bonheur partagé anime les visages

Et gorge le moral d’une ample volupté ;

Une odeur de beignets attise les papilles

Et la file s’allonge de gourmands alléchés,

Ils se délecteront de gaufres bien poudrées

Et d’un bon verre de cidre sous le ciel étoilé ;

Prenons le temps de vivre ces très joyeux partages

Quand tout semble si simple l’espace d’un instant

Marie-France Lefebvre -   Anciennement directrice d'un jardin d'enfants - Boulogne Billancourt - France - le 18 mai 2024

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Bien-être 

La glycine en cascade m’enivre ce matin,

S’agrippant aux   meulières qu’elle orne joliment,

Gracieuses et veloutées ses grappes disséminent

Un doux parfum poudré qui me transporte ailleurs ;

Les yeux mi-clos je rêve en me laissant porter

Par la valse des feuilles qui dansent dans la brise

Et les nombreux insectes qui bourdonnent en cadence

Savourant le pollen dont ils se sont gorgés ;

C’est en m’abandonnant que mes forces reviennent

Et m’offrent le loisir d’apprécier chaque instant,

Mesurant le bonheur de pouvoir le choisir

Et de prendre le temps de le laisser durer.

 

Marie-France Lefebvre - Anciennement directrice d'un jardin d'enfants - Boulogne Billancourt - France – le 18 mai 2024

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Tu ne la voyais pas comme cela ta vie

 

Il se lève un matin, la place à côté de lui est toujours vide. Encore embué, grisé d’alcool, il pensa à une disparition, un mauvais rêve, un cauchemar.

Après un café, et une douche glacée, il se souvient qu’elle était partie sans mot dire. Juste un dossier qui mettait fin à leur mariage.  Elle était partie sans un adieu, comme ça du jour au lendemain. Une pile de factures traîne sur la table de la cuisine, leur tiennent compagnie une bouteille de whisky, et un cendrier où dorment de nombreux mégots. Mais il lui fallait bien ça pour digérer sa solitude. Il comprit alors que tout était bel et bien fini. Déprimé, il se repasse les images de leurs vingt années de mariage. Leur première rencontre lors d’un festival interceltique en Bretagne. Leurs regards s’étaient croisés et malgré leur différence d’âge, ils ont laissé naître leur amour. Ils vécurent de délicieux moments, amoureux fous. Passionnés, ils parcoururent le monde en   avion, de leurs voyages, ils collectionnaient les photos. En décalage avec la société, dans leur bulle romantique plénitude, ils vivaient heureux.

Un jour, elle voulut changer de vie. Barouder ne lui convenait plus. Elle reprit alors une librairie. Et s’y épanouit en faisant la rencontre de nombreux auteurs. Elle faisait d’autres voyages en lecture et tombait amoureuse des mots. Elle s’éloignait un peu plus chaque jour. La reconquérir était un véritable combat, où il sentait qu’il n’était pas à la hauteur de ses sentiments.

Pour remplir ce vide, cette absence, il se mit à collectionner, accumuler un tas de choses. Des plastiques, des cartons, des boîtes, des papiers, des prospectus de voyages, des miettes de vie passées. Sa femme lui manquait trop. Perdu sans elle, l’alcool devient sa compagne et il s’enfonce dans la négligence, souffrant du syndrome de Diogène. Allait – il retrouver enfin la lumière, et se libérer de ses chaînes qu’il s’était mises autour de lui.

Un jour, une bonne âme croisa sa route, discuta avec lui, et l’accompagna pour mettre de l’ordre dans sa maison, dans son esprit et dans sa vie. Grâce à cette présence et cette écoute, il retrouvait enfin sa dignité, il reprenait soin de lui, et trouvait un but. Reconnaissant, il voulut lui montrer sa gratitude en l’invitant à manger au restaurant. Tous deux discutèrent de leur vie passée, de leurs expériences, de leurs passions, et se découvrent des passions communes, comme la musique et le jardinage.

À partir de cet instant, ils se sont revus très souvent, et se sont mis à jardiner ensemble. Ils plantèrent des rosiers sans épines, des arums, des plantes de massifs. Ils construisirent une fontaine. Un soir par une nuit étoilée, admiratifs de leur travail en duo. Ils se rapprochèrent un peu plus, se regardèrent dans les yeux et s’échangèrent leur premier baiser.

 

©Gaëlle – Bernadette Lavisse auteure poète écrivaine biographe Hauts de France 62 – Texte reçu le 10 mai 2024

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