L'écriture 

L’écrivain inconnu

  

Comme un loup tâché par le sang de son poitrail

Agonisant, sentant le glas qui le tiraille

L’écrivain inconnu, sans destinée, s’éteint

Dans la convention du silence et de la fin.

 

Les profondeurs de son existence se sont tues

Et la plume se meurt avec lui, l’auteur perdu

Il a cherché en vain la gloire qu’il n’eut jamais

La célébrité qu’il désirait, s’est pâmée.

 

Il a sacrifié sur son autel, le bonheur

Le bonheur enfoui d’un écrivain sans talent

Les joies inexistantes, les sanglots latents.

 

Il n’a été qu’un homme servile à la douleur

Un ilote immolé par le poids des mots

Les mots qui iront s’écraser sous le tombeau.

 

Le tombeau de l’écrivain inconnu.

   

Michaël Blauwart - écrivain - journaliste - poète - Premier Prix Littéraire pour ses écrits sur la langue de Molière (octobre 2021) et la Médaille d'étain remise par la Société des Arts et Lettres à Paris pour l'ensemble de sa carrière (septembre 2021) - Bazas - petite commune de Gironde - France - le 9 mai 2023                                                                                             

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Si j’écrivais 

 

Si j’écrivais une lettre à mon jeune moi, est-ce que je me demanderais ce que je pensais, alors que je suis assise ici dans mon adolescence en me sentant comme si je coulais. Devrais-je m’asseoir là et me remémorer tout ce bon vieux temps où je pouvais courir dans de vieux vêtements tachés et colorés en dehors des lignes ?

 

Si j’écrivais une lettre à mon jeune moi, est-ce que je m’enverrais une sorte d’avertissement ? Comme je suis assise ici sans sommeil et toute déprimée à pleurer et bâiller constamment. Est-ce que je dirais à ma petite fille que ça ne marcherait pas ou est-ce que je dirais que tout va bien ? Et laisserais-je simplement mon jeune moi filer les années dorées ?

Si j’écrivais une lettre à mon jeune moi, me dirais-je que cette moi plus âgée n’est pas la même, comme je suis assise ici pendant des années de douleur constante de l’adolescence. Est-ce que je dirais à la petite que les jours où je n’avais pas à m’inquiéter me manquent ? Et simplement me remémorer les jours où je ne me souciais pas des calories dans un Mac Furry.

 

Si j’écrivais une lettre à mon jeune moi, serais-je capable de mentir au petit moi sachant que la personne assise ici maintenant n’a plus la même identité ?


Est-ce que je dirais à la petite que je pensais qu’elle était vraiment cool avant que les années de culture adolescente n’arrivent pour tout prendre ?

 

Traduction française de Louise Gagné du texte provenant de sa petite-fille Megan-Hope Davis  -  14 ans - Tadley - Angleterre, texte reçu le 15 janvier 2023 (Vous pouvez voir le texte anglais sous le thème: Poésie-adolescents - If I)

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Rendez-vous nocturne avec moi-même

Écrire pour exister, écrire pour vivre ou vivre pour écrire, depuis l'enfance où j'ai pu tenir un stylo et griffonner, j'écrivais laissant vagabonder mon esprit de ci, de là et peindre de jolis mots assemblés sur mes feuilles de papier à lettres ou sur mon cahier d'écolière. 

Grâce à elle, j'ai pu découvrir qui j'étais au fond de mon être, et donner du sens à ma petite vie. Mettre des mots sur mes maux, hurler ma douleur et mes peurs pour m'apaiser un peu. Je partais bien souvent dans des aventures fantastiques, des rêves fous. Elle me dépassait bien souvent par sa peinture, sa richesse, ce voyage d'écriture. Elle était pour moi un rendez-vous, un moment en tête à tête, pour retranscrire comme pour ne pas oublier et me dire je suis en vie. Il était indispensable pour moi à l'époque de coucher mes maux sur le papier, seul confident qui prenait ce temps pour moi et m'écoutait. 

J'espérais que l'écriture m'aide à guérir mes blessures et me donne cette force pour avancer coûte que coûte. Elle était mon rendez-vous du lendemain à ne pas manquer, Dieu sait qu'elle est réparatrice quand tout va mal. Ça n'a pas été facile les premières fois, un peu comme un bébé, j'y allais à tâtons, petits pas par petits pas, tout comme avec mes rêves et désirs. En avais-je seulement le droit ? De nombreuses fois, je me suis pris des coups, j'ai fait des erreurs, j'ai fait des efforts, je me suis corrigé, parfois j'ai eu aussi cette envie rageuse de tout envoyer balader, tout raturer, arracher chiffonner et jeter à la corbeille. Elle ne m'en a jamais voulu, elle a toujours été présente quand tout me flanquait à terre, quand tout voulait me noyer, elle était là pour me repêcher et me remettre debout. Fidèle, patiente, aimante, bienveillante, en me disant Non, bats-toi ! crois en toi ! alors je me remettais debout avec le peu de force que j'avais et je reprenais mes crayons, mes feuilles ou mon cahier, et je partais vers de nouveaux horizons, en me disant qu'un jour, je vivrais mes rêves d'écriture pour de vrai, et au grand galop.

Pour moi écrire, ce sont des mots papillons qui se posent ici ou là au gré de leurs envies. La liberté d'être, un magnifique trésor de la langue à la plume, c'est cette magie qui s'opère à chaque instant, des émotions intenses, des voyages partagés et de l'amour qui veut s'exprimer. Écrire nous donne des ailes pour voler si haut, et fait fleurir nos rêves sur les routes du possible. C'est une symphonie merveilleuse, une invitation amoureuse, et pour devenir écrire pour résister.

J'aime ces rendez-vous nocturnes avec moi-même, tranquillement reposée sur mon lit, les genoux repliés, le crayon à la main, le cahier sur les genoux, une musique de fond, le regard cherchant l'inspiration et les mots pour seuls refuges.

Si ma plume devait raconter voici ce qu'elle dirait...

©Gaëlle Bernadette Lavisse - auteure poète écrivaine - biographe - Hauts de France 62 - le 4 septembre 2022

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Bouquet d'amour

L’écriture m’est devenue un besoin. Il est tellement plus facile pour moi de prendre ma plume et d’écouter mon âme, les mots montent en moi, je peux ainsi exprimer ce que je ressens.

J’écris pour m’expliquer, j’écris pour comprendre, j’écris pour remercier et aussi pour vous dire « je vous aime ».

L’écriture est le plus bel héritage que je veux laisser à mes enfants. J’aurais tellement aimé lire ma mère, mes grand-mères; lire les mots de ces femmes silencieuses, mais tellement généreuses.

La vie se charge tout au long de son parcours, si nous sommes un tant soit peu attentifs, de nous ouvrir les yeux, de nous rendre graduellement plus conscients de l’essentiel; nos expériences, nos réussites, nos échecs, notre entourage, tout ce que l’on vit tend à nous conduire vers cet objectif.

C’est à mes filles Josée et Diane et mon fils Sylvain que je dédie mes pensées. Je suis maintenant un livre ouvert partageant mes mots.

Lorraine Charbonneau – Ex-fonctionnaire de la Fonction publique fédérale – Résidente du Marronnier - Laval - Québec - le 15 mai 2022

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Écrire, c'est ....


S’engager sur une route non balisée

Assister, souvent impuissant, au duel des mots voulant s’installer sur la page blanche.

Escalader les cimes ou chuter dans les abysses

Tremper sa plume dans l’encre de nos bonheurs pour les perpétuer ou de nos douleurs pour les exorciser

Peindre avec les mots la beauté de notre monde.

Garder dans un écrin les bijoux offerts par la vie.

Créer des mots papillons porteurs d’amour, de tendresse, de compassion.

Laisser une minuscule trace de notre passage sur cette terre.

Suppléer à l’impuissance de nos paroles

Continuer de marcher, même dans le noir, sans connaître le bout du chemin.

Écrire pour assurer la respiration de l’âme

Écrire, moyen de survie !  


Lisette Turmel - maman -grand-maman - retraitée de l’enseignement à la Commission scolaire de la Manicouagan - Victoriaville - Québec - le 11 novembre 2021

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Boîtes aux lettres

Mon inspiration provient du texte de Monique Guérin de novembre 2020 dont le titre est : "La brouette et le baril". Pourquoi ça me fait penser aux boîtes aux lettres, je ne le saurais le dire.

Dans nos campagnes, jadis et encore, chaque maison avait et a encore une boîte aux lettres sur le bord du chemin à l’entrée de la propriété.

Durant dix ans, j’ai parcouru de nombreuses campagnes, Gaspésie, Matapédia, Témiscouata, Côte-Nord, Lac St-Jean, (aujourd’hui Saguenay),la Mauricie, la Beauce et bien d'autres. Mon plaisir était de lire sur les boîtes les noms des résidents, surtout sur celles qui ressortaient par leur apparence colorée de dessins originaux, souvent fleuries et par leur support les plus bizarres et inventifs.

Le plus souvent, celui-ci n’était qu’un pieu de bois bien implanté dans le sol, mais aussi enjolivée de dessins ou de fleurs. D’autres de fabrication plus fantaisiste.   Que dire aussi de celles qui étaient la réplique en miniature de la grande maison. En particulier, justement, dans la Beauce, les pieux étaient en diverses formes les plus variées mais en fer forgé. En été,  ces boîtes aux lettres étaient embellies par des plantes grimpantes ou des fleurs tout autour.

Sur une entrée de ferme abandonnée,  la boîte servait de nid d’oiseaux. À une autre occasion, j’ai vu dans la boîte dont la porte était ouverte, un beau gros chat qui y dormait.

Aujourd’hui elles ne servent plus aussi fréquemment car il y a de moins en moins de lettres qui s’écrivent. Toutefois, il y a une certaine  recrudescence due à la livraison de colis commandés par Internet. 

Les réseaux sociaux et donc l’informatique, font que peu de gens écrivent de belles lettres à la main.

Dans les nouveaux quartiers, les boîtes aux lettres n’existent pas; elles ont été remplacées par des casiers réunis en bloc en un seul endroit.

Fini le plaisir de voir le petit drapeau rouge levé indiquant que nous avions du courrier.

C’est un beau souvenir. Nostalgie!

Note importante : Grâce à la livraison d’un colis, ma mère a été sauvée. Le postillon qui doit sonner à la porte de la maison pour délivrer un assez gros colis, n’ayant pas eu de réponse, entra quand même car il connaissait ma mère et la famille.  Il la trouva étendue sur la plancher, ayant perdu connaissance car elle attendait un enfant. Il a fait les démarches.  Grâce à lui, elle a accouché à l’hôpital. Merci postillon, M. Lavallée.


Gilles Capistran - retraité - autodidacte - Longueuil - Québec - le 30 octobre 2021

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Écrire

Rompre le silence.

Prendre la parole.

Coucher sur papier ce qui bouge en moi.

Pas de censure.

Pas de jugement.

Oser apparaître.

Des mots à ma couleur.

Accueillir la page blanche un instant.

Me laisser surprendre.


Par la main gauche

Finies la perfection,

La peur du jugement,

Être vraie,

Me mettre à nue.

Faire confiance,

Rien n’est laid

Dans le réel.

Oser ma différence.

Laisser mes mots se dire.

Ils sont à ma couleur

Celle que le Créateur

A choisie pour mon unicité.


Thérèse Cloutier - Retraitée du monde communautaire - Résidence Soleil Brossard -  18 octobre 2021

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J’aime les mots

Parfois on aime pour une seule raison, parfois les raisons sont tellement nombreuses que c’est tout un défi de les exposer toutes.

C’est quand même un défi que je vais relever en partie. J’aime passionnément les mots.  Voici pourquoi.

 

Chaque mot est pour moi comme une perle.  Il a sa dimension, sa couleur, sa forme particulière.  En plus, il est disponible à être relié à d’autres mots-perles pour former une chaîne écrite ou parlée avec ses variétés de segments séparés par une variété d’espacements. Selon l’agencement des mots ainsi reliés, je peux créer une chaîne artistique qui se classe dans le club des chefs-d'œuvre littéraires que je peux partager avec d’autres amoureux des mots.


J’aime les mots parce que quand on en a apprivoisé un, il nous fait connaître sa famille proche et sa famille élargie; de là je peux remonter à son origine, à l’ancêtre clanique qui s’est fait appeler : étymologie.


Voici quelques exemples parmi d'autres :

Le mot présent m’a présenté le nouveau-né présentiel.  Il serait sorti récemment en pleine lumière après une gestation de quelques mois pendant une pandémie. 

Le mot de racine latine institut, par exemple, m’a mis en contact avec deux de ses sœurs nommées institution et institutionnalisation  en me faisant remarquer que, comme lui, elles n’ont pas de « e » dans leurs traits; de plus, il m’a dit qu’en ayant la patience de faire un tour du côté de ses cousins faisant partie du clan constitution, j’en trouverais un qui me donnerait du fil à retordre pour bien le prononcer.  En effet, quel exercice pour les mâchoires : anticonstitutionnellement. 


Vous serez surpris aussi qu’un peu partout dans le vaste monde des mots, j’ai découvert comme des mariages : philologie et philosophie, philanthropie et philharmonie, bels exemples de bigamie. On s’amuserait fort à en trouver d’autres dans la grande bibliothèque des mots qu’on appelle dictionnaire.


J’aime surtout les mots parce qu’ils se laissent manier à ma guise sans offrir de résistance.

Quand il est lui-même, soit mot, il est bien simple ou aime se farder un peu et être composé. Quand il s’appelle sujet, c’est qu’il veut que j’en fasse le maître du scénario. Quand il s’appelle verbe, il accepte d’être conjugué, à ce que je lui donne plusieurs surnoms selon que je le fasse se promener dans mon univers temporel, au passé, au présent, au futur, etc…, à être actif ou passif et même transitif. Quand le mot est complément,  il se prête à être accordé de toutes sortes de façons comme s’il a une garde-robe capable de répondre à toutes les occasions : direct, indirect, singulier ou pluriel, masculin ou féminin.


Je les aime ces mots aussi pour leur résilience et leur fidélité.  Ils acceptent de ressembler à des pattes de mouches, à être biffés ou déplacés, ou à être mis en concurrence. Parfois, ils me tiennent tête avec raison car ils ont de leur bord l’orthographe, la grammaire et la syntaxe.


Jean-Louis Bonin - ex-professeur - ex-travailleur social - Sorel-Tracy - Québec - le 4 juillet 2021 

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Patchwork

Je parcours, je découvre, je savoure. Me voici depuis quelques jours en vadrouille, à la découverte des mille et une richesses déposées par tant de passionnés depuis le lancement du site CATDÉ.


Que de trésors, que de témoignages et partages formidables !


Prendre un moment dans la journée, s’installer calmement et décider de cliquer sur l’onglet qui nous plaît.

C’est parti : la traversée peut commencer ! Nous voici alors transportés, amenés à rêver, nous émerveiller, nous interroger ou nous émouvoir sur un des magnifiques textes déposés.


Expériences vécues, tranches de vies partagées, opinions exposées ou encore passions racontées : une mine d’or si diversifiée qui nous emporte et nous transporte à la rencontre des nombreux membres qui alimentent le site tour à tour au fil des mois et des saisons.


Leurs écrits sont de superbes témoignages de leur inspiration, émotion ou imagination. Chaque auteur ouvrant généreusement, à travers ses lignes et mots choisis, une fenêtre unique sur son univers.


Le cercle d’écriture est un véritable patchwork de personnalités offrant à CATDÉ toute son originalité. De tous âges, toutes professions, tous horizons : le plaisir de l’écriture et de la lecture comme dénominateur commun, voici un site promis à un avenir extraordinaire, c’est certain !

Écrire, lire, photographier mais aussi parcourir et découvrir : voilà la richesse de « c’est à ton tour d’écrire ».


Prendre un moment dans la journée, s’installer calmement et décider de cliquer sur l’onglet qui nous plaît : essayez, vous y reviendrez !

 

©Joëlle Laloy - travaillant dans le secteur de la santé -  maman solo - Bruxelles - Belgique - le 22 mai 2021

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J’ai besoin d’écrire 

J’ai toujours écrit, j’aime écrire, j’ai besoin d’écrire comme d’autres ont besoin de peindre, de faire de l’escalade ou de voyager. C’est une espèce de drogue, de passion qui me comble au plus haut point. Je trouve que c’est un privilège de pouvoir exprimer ses pensées et ses sentiments avec des mots. 

Le français est une belle langue, c’est la langue de mes ancêtres, celle de mes parents, celle que j’ai appris à parler et à écrire quand j’étais toute petite, enfin la seule que je maîtrise, pas parfaitement certes mais assez pour exprimer qui je suis et ce que je ressens à l’intérieur de moi.

L’écriture est un système de signes, un peu comme le dessin ou les gestes pour les sourds-muets, comme le langage est un système de mots, tous convergent vers la communication.  L’écriture est l’élaboration de la pensée. 

On parle parce qu’on a quelque chose à dire et parce qu’on a besoin d’être entendu, on écrit pour les mêmes raisons.  Cette langue qui est la mienne,  renferme toute la richesse des mots dont j’ai besoin pour m’extérioriser.  Cette langue est précise, concise, ma mère disait qu’il n’y avait pas deux mots dans la langue française qui veulent dire la même chose.  On doit choisir le bon mot pour exprimer exactement sa pensée.  Il n’est pas facile de toujours trouver le bon mot.  Quand je relis un texte que j’ai écrit auparavant, il m’arrive souvent de changer un mot ou une phrase parce qu’ils ne correspondent pas exactement à ce que je veux exprimer. 

L’écriture se distingue fondamentalement de la parole en ce qu’elle n’exige pas la présence d’un autre interlocuteur que soi-même.  Parler tout seul est souvent signe de folie ou de sénilité.  On s’isole pour écrire mais écrire est aussi une façon de rompre l’isolement même si le texte n’est pas destiné à être lu.  Ça fait du bien d’écrire car l’écriture peut être une thérapie.  Il y a des écrits qui sont nécessaires à écrire mais non à être transmis.  C’est par l’écriture aussi qu’on transmet de génération à génération les acquis de notre culture.  En un sens, c’est par l’écriture que je me confie.  L’écriture a un petit quelque chose de libérateur.  Il y a des lustres que j’ai compris que grâce à l’écriture, je ne serai plus jamais seule. 

Lorraine Charbonneau - Ex-fonctionnaire de la Fonction publique fédérale- Résidente du Marronnier - Laval - Québec - le 3 février 2021

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