Fables

Le bonsaï et l'enfant

Je me présente. Je suis un bonsaï actuellement en exposition. Depuis deux jours j’en ai vu défiler des personnes qui s’ébahissent devant ma beauté. Ils ne savent pas la somme de mes souffrances. Ils n’entendent pas ma douleur.

Là, je suis content, un petit bonhomme et sa maman se dirigent vers moi. Le petit garçon s’approche tout près. Il se retourne vers sa maman et lui demande : « Qu’est-ce qu’un bonsaï, maman? »

J’écoute sa réponse, je suis curieux de savoir. Elle dit : « C’est une œuvre d’art. Des experts coupent, enlèvent ce qu’il faut pour qu’il reste toujours petit. C’est vraiment du beau travail. » Elle non plus ne comprend pas. Je voudrais hurler! Pour l’inviter, doucement je chuchote : "Psitt petit garçon viens me voir, je vais t’expliquer quelque chose". Le petit homme a compris, il écoute attentivement.

Moi, je suis un érable. Je rêvais de devenir grand, comme tous mes frères, et de vivre en plein air. J’étais certain que je connaîtrais toutes les saisons. Le printemps avec l’effervescence d’un regain de vie et la joie de faire plaisir avec ma sève sucrée qui deviendrait sirop et tire d’érable. Sentir se développer mes bourgeons, admirer mon feuillage d’un vert tendre, bruissant sous la caresse du vent.


L’été, j’offrirais mon ombre à qui le veut. J’aurais partagé le bonheur des familles en pique-niques. Je serais spectateur des jeux d’enfants et égayé par leurs rires cristallins.


L’automne, j’aurais fait cadeau de mes belles feuilles colorées pour protéger des grands froids la terre qui m’a nourri.


Et l’hiver, revêtir le joli manteau ouaté de la neige qui m’aurait gardé au chaud. Dans mes rêves, je voyais mes grandes branches jouer dans les nuages. Puis, je m’étais dit : « Quand je serai vieux, on me trouvera tellement beau qu’on me coupera pour devenir une jolie maison où on prendrait soin de moi. J’assisterais aux belles fêtes de Noël. Le moindre bruit, le moindre craquement, les silences et les cris seraient mon thermomètre pour partager la joie ou les peines de la famille. Mais vois dans quel état je suis, on m’a miniaturisé, c’est à pleurer."

«Tu sais petit garçon ne laisse jamais quelqu’un couper dans tes rêves. Cache tes oreilles pour ne pas entendre cette phrase toxique: « Tu n’es pas capable. Fonce dans la vie et ancre tes rêves au plus profond de ton cœur. Ne te laisse pas miniaturiser comme moi : parle, explique, ne recule pas, défonce les portes. Tu deviendras grand et, si tu y mets tout ton cœur, tu seras heureux. Tu as ce pouvoir de créer ta vie à ton image….»

À nous tous, attention! N’oublions jamais que les graines négatives sont envahissantes et peuvent étouffer toute vie.


Semons dans le cœur de nos enfants la confiance pour rendre tous leurs rêves possibles.

Lisette Turmel - maman et grand-maman - Retraitée de l’enseignement - Victoriaville - le 18 novembre 2021

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Dans un futur pas si lointain... (en plusieurs parties)

Une dame âgée était remplie de connaissances, de sagesse et d’humanité.

Lors d’une belle journée ensoleillée, en dehors de sa chaumière alors qu’elle jardinait sur le bord d’un joli lac scintillant, un vrombissement bruyant retentit du ciel! Un drone apparu juste en face d’elle, ce qui était très rare dans cette partie du monde. Le drone envahissa l’intimité de la dame et il fit apparaître face à elle un hologramme du Géant Fortuné qui la convoqua à la réunion annuelle des Chefs du Monde de Demain.

Elle aurait vraiment aimé refuser, mais elle savait très bien que de refuser quoique ce soit au Géant Fortuné n’était pas une option possible. La réunion était pour bientôt; elle avait juste le temps nécessaire de s’y rendre si ses deux garçons Rougace et Cerof acceptaient de l’accompagner. Elle alla sur le champ dans sa volière où elle écrivit à la main un message qu’elle donna en mission à son Cher Ami, son pigeon voyageur le plus vieux mais aussi le plus doué.

Puis entra chez elle préparer le feu sacré dans son foyer de masse qu’elle avait elle-même fabriqué avec son mari jadis. Ce foyer lui faisait penser à lui quotidiennement. Elle était en paix avec le sort que la vie lui avait réservé et se remémorait que des bons souvenirs. Après une belle journée de travail, ses deux fils rentrèrent à la maison avec leurs compagnes et leurs enfants qui étaient encore tout jeunes et plein de vie. Tous ensemble, ils préparèrent un succulent festin qu’ils dégustèrent avec une eau si pure et fraîche qu’entre deux bouchées, ils savourèrent chaque gorgée.

Suite à ce délice, la famille de la vieille dame s’installa autour du foyer et cette dernière les informa de sa convocation du Géant Fortuné à la réunion des Chefs du Monde de Demain. Devant le sérieux de la situation, les deux fils acceptèrent de l’emmener dès qu’ils eurent obtenu l’approbation de leur compagne. Tous alors allèrent se coucher. Le feu sacré tirant sur la fin, la dame prit son harmonica et commença une douce et lente mélodie…

Cerof, l’ainé revint au salon avec son accordéon, et le cadet, Rougace enfila sa guitare alors que les enfants et les compagnes revinrent et s’attroupèrent pour cette chanson si simple, si belle...


Ici faites jouer la mélodie suivante:


Le vent du Nord - Turlute à bassinette

https://leventdunord.bandcamp.com/track/turlute-bassinette

Tranquillement et suite au rythme doux et lent que la grand-mère avait entamé, les deux frères accélèrent la cadence et les jeunes mères enfilèrent jeux de cuillères pendant que les petits enfants entraînèrent les plus vieux à danser et les rires animèrent la soirée! Le feu sacré s’était ravivé.

À suivre


David-Alexandre T. Landry - entrepreneur - gestionnaire - lesvillas.net - Notre-Dame-du-Mont-Carmel le 2 septembre 2021

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Dans un futur pas si lointain... (partie 2)

Le lendemain matin à l’aube, les Cerof et Rougace finirent le chargement de la première caravane servant au transport des bagages et des vivres et aidèrent leur mère à prendre place dans la deuxième caravane qui leur servirait d’abri.

Les yeux plein d’eau, ils embrassèrent femmes et enfants, puis quittèrent leur belle chaumière et leur beau jardin.

Ici faites jouer la mélodie suivante:


Le vent du Nord - Côte-Nord

https://www.deezer.com/fr/track/626167822?autoplay=true

L’aîné était aux commandes d’un bel et fort étalon qu’il avait hérité suite à la mort de son père, et son frère le suivait avec sa jument qui était d’une grâce splendide.

La vieille dame et ses deux fils entamèrent leur périple en suivant un sentier parsemé de belles petites chaumières, qui les menait au village où ils saluèrent les passants qui étaient tous de près ou de loin, de la famille ou des amis. Le paysage que constituait cette belle communauté d’artisans, de marchands, de constructeurs, de conteurs et de permaculteurs fit rapidement place au paysage de la Forêt de la Résistance.


Leur route les amena à un majestueux pont en forme d’arc de pierres taillées qui traversait une rivière étincelante; cette dernière donnait sur ce qui était connu comme la dernière montagne enneigée. Le chemin était long, froid et sinueux; cette fraîcheur et les beaux flocons étant devenus si rares furent bien appréciés par la dame et ses garçons. Par contre, les chevaux n’étaient pas tout à fait du même avis, car le chemin étroit et glacé continua à flanc de montagne sur le ravin, lequel était très déstabilisant pour eux et n’avait rien de rassurant à un tel point que le vertige s’empara de l’étalon qui se mit à hennir entraînant de facto sa jument dans son hystérie. Les deux chevaux se mirent à galoper à toute vitesse dans cet endroit vertigineux où avancer méticuleusement au pas était définitivement de mise. Les deux frères tentèrent de calmer l’anxiété des chevaux, mais leur agitation était tellement grande qu’un glissement de terrain juste derrière le convoi entraîna d’imposants rochers qui déboulèrent ardûment dans le littoral de la rivière. L’effondrement fut spectaculaire. Les rochers en tombant dans l’eau formaient des éclaboussures grandioses! Au travers toute cette turbulence et malgré son vieil âge, la vieille dame se hissa hors de sa caravane, et avec son calme légendaire et de sa douce voix, elle murmura à l’oreille de l’étalon:

- Rappelle-toi tout ce que nous avons vécu ensemble; tu as toute ma confiance et n’oublie jamais que les chemins les plus sinueux sont souvent les plus mémorables.

Elle le caressa et lui dit ne plus avoir peur. L’étalon reprit confiance en lui ce qui rassura aussitôt la jument. Les deux fils se regardèrent stupéfaits, ne comprenant pas trop ce qui venait de se passer. Puis ils se mirent à rire à gorge déployée tellement ils savaient à quel point ils l’avaient échappé belle. Ensuite, ils ont pu continuer leur chemin sous les flocons et conquérir le sommet de la dernière montagne enneigée.

À suivre


David-Alexandre T. Landry - entrepreneur - gestionnaire - lesvillas.net - Notre-Dame-du-Mont-Carmel le 2 septembre 2021

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Dans un futur pas si lointain... (partie 3)

Une fois le sommet franchi, ils ont pu apercevoir l’infinité de l'océan et les vagues s’abattant sur le rivage et sur le port de la Marine avec sa flotte de navires rafistolés qui dataient du 21e siècle et qui protégeant ce que certains considéraient comme le dernier espoir de l’humanité: l’Archipel Arctique qui s’appelait autrefois le Nord du Canada. L’Île Victoria était un des derniers bastions de résistance connu face au néocolonicapitalisme sauvage lequel s’était méticuleusement propagé aux quatre coins du monde engendrant Le Monde de Demain.


À leur arrivée à la base navale, l’Amiral, un homme vieux mais très grand et bien bâti les accueillirent. Il était vraiment en forme pour son âge et ses traits parlaient d’eux-mêmes. Il en avait déjà vu de toutes les couleurs, c’était un dur à cuire. Lui et son équipage furent fort impressionnés par la beauté des chevaux, mais surtout par la simplicité du cortège qui transportait des gens tellement importants. Les soldats de cette base Marine étaient parmi les derniers humains à encore exercer ce métier. L’Intelligence Artificielle s’était emparée, il y a longtemps de la profession de soldat partout dans le monde mais le régiment de la marine de l’Île Victoria était redoutable, car ses membres étaient tous littéralement prêts à se sacrifier pour protéger leur île et leur mode de vie. La Vieille Dame aurait tellement aimé qu’il en soit autrement, mais c’était la seule manière qui lui permettait de tenir bon et résister. Elle se demanda si elle n’était pas pire que les Chefs du Monde de demain et du Géant Fortuné? Au moins eux, ils utilisaient des machines et pas des hommes, pensa-t-elle.


Les frères s’entretinrent avec le personnel de la Marine afin de les remercier et de les honorer de leur important travail assurant l’indépendance de l’île face à la possibilité d’une invasion. Pendant ce temps l’Amiral confirma à sa vieille amie qu’il avait bel et bien reçu le message de son Cher Ami son pigeon voyageur et que la situation l’inquiétait. Il lui présenta donc l’équipage qui l’accompagnerait dans la traversée de l’océan vers la Contrée Métropolitaine du Monde de Demain. Il avait choisi les meilleurs marins, et il tenait à être présent personnellement avec son équipage qu’il avait lui-même formé tel un père avec ses fils. La règle d’or était d’être prêt à toute éventualité, mais d’éviter la violence par tous les moyens… lorsque c’était possible.


L’Amiral, son équipage, la dame et ses garçons montèrent dans le navire militaire qui avait fonctionné jadis au diesel marin, toutefois maintenant modifié par l'ajout de trois grands mâts en bois et d’une grande voilure qu’ils avaient eux-mêmes fabriqués. Ces modifications avaient donné une deuxième vie au navire, la Marine l’avait d’ailleurs rebaptisé Rédemption dans l’objectif que cette deuxième vie soit plus utile que sa première où il avait participé à l’invasion en Irak et plus tard avait miraculeusement survécu au conflit si destructeur qui avait eu lieu dans la mer de Chine méridionale. C’était un très vieux navire qui avait acquis la réputation d’invincibilité, ce qui donna un excès de confiance à tout le monde à bord sauf à l’Amiral qui savait qu’il n’avait pas eu à s’aventurer aussi loin depuis des lunes.


David-Alexandre T. Landry - entrepreneur - gestionnaire - lesvillas.net - Notre-Dame-du-Mont-Carmel le 11 septembre 2021

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Dans un futur pas si lointain... (partie 4)

Le voyage en mer débuta sous un temps frais et ensoleillé avec un vent qui soufflait juste à point, ce qui rappela de bons souvenirs de jeunesse à la vieille dame dans le temps où ses pairs l’appelaient Claire plutôt que maman ou grand-mère et ce souvenir lui décrocha un petit sourire. La Contrée Métropolitaine du Monde de demain était encore loin. Épuisée par tout le chemin parcouru, elle alla se coucher dans sa cabine. Elle pensa à ce qu’elle allait dire lors de la réunion mais ne savait pas tout à fait à quoi s’attendre.

Les jours passèrent. L’Amiral, son équipage, Claire et ses fils tissèrent de bons liens et se partagèrent les diverses tâches pour garder le navire propre et prêt à toute éventualité. Leur moment préféré était le souper, car même si les portions étaient rationnées, ils avaient du plaisir à préparer, déguster et faire la vaisselle tous ensemble. Un bel esprit de camaraderie régnait à tel point que l’Amiral n'hésita pas à partager la bouteille de son meilleur rhum, sachant que c’était peut-être la dernière chance qu’il aurait.

Les deux frères aimaient aller s’étendre sur le pont la nuit, et ce soir là, ils contemplèrent un joli clair de lune en forme de croissant accompagné d’un ciel étoilé contrastant avec le brouillard qui flottait juste au-dessus des eaux. Le cadet demanda à l’ainé s’il pensait qu’il serait possible un jour de se rendre jusqu’aux étoiles. Ce dernier lui mentionna que l’Élite du Monde de Demain y travaillait fort et progressait rapidement pour y parvenir mais trop souvent au détriment de prendre soin du seul vaisseau auto-suffisant et régénératif connu et qui assurerait la survie du périple de notre espèce au travers de l’espace et du temps: notre planète.

Puis, le calme de la nuit fut interrompu par un bruit inconnu et constant qui provenait de la proue du navire du nom de Rédemption, lequel devenait de plus en plus envahissant. Puis le bateau perdu rapidement sa vitesse de croisière. Les deux frères se précipitèrent alors pour aller voir ce qu'il en était. Pour eux en pleine nuit, en plus de l'épais brouillard, voyant mal, ils pensèrent que le navire s’engouffrait dans un genre de substance inconnue.

Rapidement, le reste de l’équipage arriva et l’Amiral ordonna à ses marins d’aller mettre en fonction les projecteurs de secours pour bien éclairer l’étrange substance. Même avec l’éclairage, l’épais brouillard empêchait de voir et de comprendre ce que c’était, tout l’équipage était très intrigué, certains d'entre eux même apeurés.



Flowers for Bodysnatchers - Prisoner of Night and Fog https://www.youtube.com/watch?v=cTxb9oiV70A

David-Alexandre T. Landry - entrepreneur - gestionnaire - lesvillas.net - Notre-Dame-du-Mont-Carmel le 11 septembre 2021

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Dans un futur pas si lointain... (partie 5)


Lorsque le brouillard se leva, un vaste dépotoir flottant de déchets en plastique apparut. Le navire continua d’avancer tranquillement dans cet océan d’ordures. Chaque membre de l'équipage éclairait avec des faisceaux de lumière au travers de la nuit. On découvrit alors filets de pêche, bouteilles vides, contenants et toutes sortes de débris méconnaissables. Au loin, une grande silhouette prenait forme. Puis en se rapprochant, celle-ci ressemblait de plus en plus à un autre navire.


Rédemption s’avançait tranquillement vers ce navire et malgré les efforts répétés de l’Amiral pour établir le contact avec ce dernier, il n’eut aucune réponse. Il mit alors le cap pour aller voir de plus près. Ils longèrent le navire pour découvrir que c’était un bateau en décrépitude. Malgré l’omniprésence de la rouille, l’équipage mit en lumière les caractères « The Ocean Cleanup » sur l’épave. Ironique, pensa l’Amiral. Ils naviguèrent au ralenti dans ces gigantesques amas de décombres, un silence de mort régnait à bord pendant que les lampes continuaient d’éclairer des déchets, d’autre déchets et encore des déchets. Il y en avait à perte de vue. Pour chacun à bord, c'était aussi impressionnant que triste!


Le croissant de lune et les étoiles firent place aux nuages et les éclairs se multiplièrent, le tonnerre gronda telle une explosion violente! L’océan se mit à s’agiter et l’Amiral retourna directement aux commandes alors que l’équipage commença toutes les manœuvres nécessaires pour abaisser les voiles aussi rapidement que possible. Nos deux jeunes hommes allèrent retrouver leur mère pour s’assurer qu’elle était bien en sécurité durant cette tempête surprise qui n’annonçait rien de bon. Une fois arrivés à sa cabine, ils constatèrent avec effroi qu’elle n’était pas là!


Le bateau se mit à dériver au gré de la tempête au travers la pluie battante, des éclairs et du tonnerre. Puis de monstrueuses vagues frappèrent Rédemption de plein fouet entraînant une quantité innombrable de détritus à bord du navire. Tout l’équipage voyait défiler devant leurs yeux, une tempête de déchets. Personne n’avait jamais rien vu de pareil. Chaque éclair permettait de voir la douche de pluie tombant et les vagues toujours plus fortes, tellement grandes et puissantes qu’elles transportèrent des masses impressionnantes de détritus à bord du navire!

À suivre

David-Alexandre T. Landry - entrepreneur - gestionnaire - lesvillas.net - Notre-Dame-du-Mont-Carmel le 11 septembre 2021

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Dans un futur pas si lointain... (partie 6)


Vue du ciel, les deux bateaux amarrés ensemble étaient minuscules dans l’immensité de l’océan et des vagues monstrueuses lesquelles déferlaient à travers la pluie battante qui ne cessait jamais! Les deux frères demandèrent aux membres de l’équipage s’ils avaient vu leur mère, mais trop occupés par leurs diverses tâches, personne ne savait où elle se trouvait et de leur côté, les matelots n'avaient pas eu signe de l'Amiral. ,-


Inquiets, les frères et quelques marins bravèrent la tempête à la recherche de leur mère et de l'Amiral au risque de leur propre vie car la tempête était si violente que c’était pratiquement impossible de se déplacer. Intérieurement, chacun se demandait si les navires allaient tenir le cou. Personne n’osait parler, le silence régnait à bord, l'invincibilité de Rédemption était sérieusement remise en question tellement la nature se déchaînait sur eux encore et encore.

L’aube apparue enfin, et l'épaisse couche de nuages se dissipa laissant se faufiler une petite percée de soleil dans le ciel. Puis une accalmie suivit; c’est alors que l’Amiral apparu sur le pont avec la dame à ses côtés. Les deux frères étaient stupéfaits, et tout l'équipage éprouva un grand soulagement de les voir sains et saufs.

Tous se mirent à réparer et nettoyer le bateau qui s’en était incroyablement bien tiré malgré la violence de la tempête, mais reste que l'Amiral était convaincu que c'était le deuxième navire qui les avait sauvés en stabilisant leur embarcation et en leur offrant des pièces de rechange au beau milieu de l'océan qu'il se surprenait à penser que Rédemption était peut-être invincible après tout. Tous travaillèrent à remettre le navire en état de marche rapidement et la soirée qui suivit fut un grand moment de soulagement, de repos et de gratitude alors que le cap était mis sur la Contrée Métropolitaine du Monde de Demain.


À suivre


David-Alexandre T. Landry - entrepreneur - gestionnaire - lesvillas.net - Notre-Dame-du-Mont-Carmel - le 18 janvier 2022

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Dans un futur pas si lointain... (partie 7)


Dès leur arrivée dans la zone maritime de la Contrée, un puissant vrombissement se fit entendre, quatre imposants drones militaires harponnèrent le navire et projetèrent un hologramme leur ordonnant de ne tenter aucune manœuvre et qu'ils seraient maintenant escortés au port de la Contrée. C’est alors que les quatre drones soulevèrent le navire hors de l'eau.

Cette manœuvre démontrait la puissance de la technologie déployée, et nos marins se sentirent complètement vulnérables, ce qui ne leur était pas arrivé depuis longtemps. L’Amiral ordonna à tout le monde à leur poste, prêt à combattre, mais Claire s'empressa de les rappeler à l’ordre en leur mentionnant que pour l’instant c'était d'abord et avant tout une mission diplomatique et pacifique,et qu'il ne serait pas sage de provoquer un affrontement. La tension descendue d’un cran et tous restèrent tout de même en alerte.

Les quatre drones s'envolèrent avec le bateau agrippé sous eux jusqu’au-dessus de l'océan, puis filèrent à toute allure vers le ciel. Ils gagnèrent en altitude en traversant les nuages jusqu'à voler au-dessus vers le coucher de soleil à l'horizon.

L'aîné avoua au cadet que c'était un moment effrayant mais hallucinant.

Le coucher de soleil fit place à la nuit, au clair de lune et à la multitude d’étoiles. À l’horizon, on pouvait commencer à apercevoir les sommets des grands édifices illuminés de la Cité qui surplombaient la cime des nuages ce qui donnait un paysage complètement surréaliste.

Sonic Mayhem - Futureland

Claire, l'Amiral, les deux frères et l'équipage se rendirent à la proue du bateau pour admirer la vue. Tous en avaient déjà entendu parler, mais personne n'avait jamais rien vu en réalité, c'était vraiment spectaculaire de voler au clair de cette pleine lune directement au-dessus des nuages vers ces énormes gratte-ciels illuminés. Les drones rejoignirent le sommet de l’immeuble vitré où on aperçut une silhouette imposante faire un subtil signe au travers la grande fenêtre. Aussitôt la descente commença.

En descendant en-dessous des nuages, la Contrée était encore plus impressionnante. Il y avait encore plus d'édifices des plus modernes aux plus anciens, de toute taille et architecture. Des passerelles reliaient les étages supérieurs ensemble alors qu'au niveau du sol on apercevait des baraquements improvisés et complètement désorganisés au pied de ces immeubles; ceux-ci s'étendaient à perte de vue. Tous les véhicules s'entremêlaient dans un véritable chaos, des dirigeables publicitaires, aux hélicoptères, une multitude de drones en tout genre en passant par les avions, les bateaux, les trains, les autobus, les motos, les camions et les autos. Tout bougeait si rapidement et dans tous les sens, c'en était frénétique!

Les quatre drones militaires accostèrent notre navire dans le port dans la couronne sud de la Cité où on ne pouvait plus compter conteneurs et grues tant ils étaient en grand nombre. Une escouade militaire de cyborgs lourdement armée les attendait de pied ferme au quai et dès que les quatre drones euent terminé leur mission, ils partirent aussitôt. Celui qui semblait être le chef cyborg de par sa stature et ses armes ordonna à l'équipage de rester sur le navire et ordonna à Claire, ses fils et l'Amiral d'aller les rejoindre sur le champ. L'équipage protesta et rapidement la situation s'échauffa jusqu'à ça devienne hors de contrôle. Finalement les deux frères se regardèrent et en comprenant que ça ne pourrait pas être pire, ils sautèrent du navire pour rejoindre l'escouade.


L'Amiral s'empressa de calmer son équipage avant de partir, en leur disant que tout irait bien et qu'ils seraient de retour bientôt ne sachant pas du tout si en réalité ce serait le cas ou non en réalité. Puis il amena Claire à rejoindre ses fils et l’escouade militaire.

Les cyborgs les escortèrent dans un conteneur vide et d’une obscurité totale où les secondes semblaient être des heures tellement c’était inhospitalier. Le conteneur se mis en mouvement, lentement. Ça n’avait rien de rassurant jusqu’à l'immobilisation du conteneur qui s’ouvrit sur un impressionnant de tunnel sous-terrain.


À suivre


David-Alexandre T. Landry - entrepreneur - gestionnaire - lesvillas.net - Notre-Dame-du-Mont-Carmel - le 20 février 2022

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Cloche et cloches

Il m’est arrivé l’autre matin une drôle de bizarrerie. En effet, à mon réveil, je me retrouve comme dans un état second.

Était-ce l’effet d’une syncope qui m’était tombée dessus en plein sommeil ? J’en doute car je reviens vite à mes esprits quand cela se produit. Alors allons-y avec un phénomène paranormal, genre rêve éveillé. Je sentais une incitation urgente, je dirais vitale, à me rendre à un rendez-vous avec Cloche. Qui était Cloche, pas de souvenir.

La brioche et le café ont été vite avalés. Je demeurais au bout d’un rang tracé droit comme une allumette en direction du village et plus précisément en direction de l’église. Voilà pensais-je, Cloche se trouve là. Je déambule sur le rang, pas solide sur mes pieds, mon baluchon sur le dos, quand je vois au loin mon ami Onésime fumant sa pipe. Il me vient un flash : dans son troupeau de vaches, il y Josette qui porte une cloche au cou. C’est mon rendez-vous, me dis-je. Onésime tout triste me dit: « Ma pauvre Josette est partie pour l’abattoir la semaine passée ». Cela me secoue un peu mais pas assez pour me sortir de la torpeur; je reste donc toujours convaincu que j’ai un rendez-vous.

Alors je m’aligne directement sur le clocher qui pointe vers le ciel azuré. Le bedeau nettoie les marches du perron de l’église. Il demeure estomaqué quand je lui demande les clés pour me rendre au clocher voir les cloches.

Aimant bien badiner, il me dit : « Voyons M. le Catholique, vous savez bien que c’est Vendredi Saint et que nos trois cloches sont parties en voyage à Rome, revenez demain après-midi, elles seront de retour ». La belle histoire ! Les cloches me sonnaient dans la tête.

Je cherche des yeux la porte de la taverne Ptit’Coup; elle est là béante et toujours aussi accueillante. Je suis un peu matinal mais j’ai besoin d’un petit coup pour me ramener dans la réalité des autres. Un clochard qui me semble aussi perdu que moi me quémande de quoi manger. Alors je préfère lui offrir un verre et jaser un peu avec lui car la vue de son visage déclenche dans mon cerveau comme une étincelle, celle du déjà-vu.

À chaque gorgée que j’avale, je me donne un petit coup sur le côté de la tête. Cela me fait sortir de mon brouillard et je me rappelle d’avoir vu sur les paumes des mains de mon clochard d’aujourd’hui de grosses cloches d’eau. Et la promesse de lui ramener une bonne pommade le lendemain refait surface.

Et la fameuse pommade, était-ce une fumisterie ? Je m’empresse de vérifier dans mon baluchon si la magie existait pour moi à ce moment fatidique. Mes mains nerveuses tâtent deux flacons : celui de mon whisky m’est familier, mais l’autre en forme de clocheton, c’est le flacon de pommade de ma vieille tante Ursule.

Conclusion, ce fameux rendez-vous, je l’avais pour le vrai et il était bien réel.


Jean-Louis Bonin - ex-professeur - ex travailleur social - Sorel-Tracy - Québec - le 16 juillet 2021

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Pierrot de la Lune

Traversant la voie lactée

Sur une étoile filante

Pierrot de la Lune pose pied sur terre.

Chapeauté d’un haut-de-forme

À la houppe noire lustrée,

Vêtu de satin blanc,

Pompons moirés à la devanture,

Il est perché sur un tricycle

À roues démesurées.

Éloigné de ses repères cosmiques

Il est dépaysé.

Il s’aventure à l’aveuglette

Hurlant à pleins poumons

Sans se soucier d’âme qui vive :

Au clair de la lune

Votre ami Pierrot

Vient vers vous.

Surpris par cet intrus

Un perroquet sur une branche

Lui souhaite la bienvenue.

Sur un ton plutôt discordant

Il lui rabâche

La même mélodie.

Son écho

Rassure Pierrot de la Lune.

Il a trouvé un ami.

Ils cheminent côte à côte

Répétant à l’infini

Cette enfantine mélodie.

Yolande LeBlanc – octogénaire – écrivaine – résidence Le Marronnier - Laval - Québec - le 11 juillet 2021

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Le zépit

Monsieur Fred est un illustre inconnu. Monsieur Fred possède une tignasse blonde presque rasée, est âgé de trente-sept ans, et vous envoûte avec ses yeux verts.

L’homme est un génie; il travaille en solitaire toujours et n’a pas de temps pour des sorties entre amis non plus. Il se concentre dans son laboratoire minuscule à perfectionner un produit qui, selon son entourage, saura révolutionner le monde des écrivains en panne d’idées.

En véritable artisan, il a dessiné et créé un stylo magique, qui réagit aux humeurs de la personne qui le tient. Il ne lui reste qu’à trouver l’ultime financement qui permettra sa mise en marché en sol québécois.

On pourra trouver l’objet en quatre couleurs différentes selon les besoins de l’utilisateur. L’encre rouge sera utilisée pour les histoires de cœur, l’encre verte pour la description des paysages bucoliques, l’encre bleue pour la poésie et l’encre noire pour les romans policiers.

Alors qu’il cherchait le meilleur moyen de mettre son zépit en valeur, Fred rencontra au dépanneur sa voisine de palier, qui le salua discrètement. Mlle Ella Gagné, par ce simple geste, venait de retenir l’attention du jeune homme.

Poli, il lui demanda :

- Comment allez-vous?

Elle lui répondit d’une voix mélodieuse :

- Cela irait mieux si je pouvais avancer mon projet de roman. Je stagne et ne viens plus à bout de trouver des nouvelles idées pour poursuivre. Un peu d’aide me ferait du bien.


Fred y vit là une occasion en or de lui parler de son produit. Alors mettant sa gêne de côté, il lui proposa d’aller boire un thé au restaurant.

Ce qu’elle accepta avec bonheur. Il lui présenta l’objet magique en primeur. C’est ainsi que Mlle Gagné, impressionnée par l’ingéniosité de l’objet, se proposa comme première utilisatrice afin d’en vérifier l’efficacité. Le test fut positif.

Encouragé, Monsieur Fred persista et devint un inventeur célèbre. Aujourd’hui, Fred n’est plus seul et isolé. Fred est très heureux et vit avec Mlle Ella Gagné un vrai conte de fée.

Lise Houle - retraitée - Région Lanaudière - Québec - le 2 juin 2021

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