Textes à partir du 18 septembre 2023
La troisième saison
Ah! Je les aime toutes mais que dire de la troisième saison? Printemps, été, automne, hiver.
Automne donc. Est-ce une question de couleurs? Sûrement! Comment ne pas être ébloui par toutes ces feuilles, de l’ocre au vermillon, en passant par les jaunes, orangés, rouille et définitivement bruns, tantôt roses, tantôt rouge vif, oeuvrant à remplacer tant bien que mal la chlorophylle de l’été.
Et les couchers de soleil ne laissent pas leur place. Il a été scientifiquement prouvé que ceux-ci sont plus beaux en automne et en hiver qu’en toute autre saison. Quel kaléidoscope! Jamais deux fois pareils, faut le faire!
Tout ce déploiement nous émeut, nous reconnecte avec Mère Nature, elle que nous martyrisons à qui mieux mieux avec notre surconsommation, nos piétinements, nos déchets, notre insouciance crasse! Comment ne pas être reconnaissants envers l’Univers de tant de beauté!
C’est peut-être une question de chaleur aussi. Une belle journée d’automne est difficile à battre. La température, ni trop basse ni trop élevée, la brise, plus douce que les rafales liées aux orages, ne pince pas comme la bise de l’hiver. Les écureuils, occupés à enterrer leurs noix et à chercher un abri pour la saison froide prennent toutefois une petite pause pour se courir après et nous émerveiller par leur agilité.
L’automne, c’est la rentrée des élèves et des professeurs, ceux-ci ouvrant les portes du Savoir à ceux-là. C’est le temps d’amasser notre bois pour le poêle ou le foyer, c’est selon. Le temps aussi de nous laisser aller à nos rêveries de petits et grands enfants, à donner forme à nos futurs cadeaux de Noël, ceux que nous allons offrir, ceux que nous allons recevoir. C’est aussi le temps de «faire du ménage» dans notre garde-robe un peu trop garnie, témoin de certains magasinages intempestifs, de quelques décisions impulsives. Avons-nous cédé à l’appât d’un rabais alléchant? Oh! Que nous sommes gâtés! Allons-nous donner ceci en vue d’une réutilisation, l’abandonner à une autre, risquer de le voir rejoindre des centaines d’autres morceaux de linge destinés à l’enfouissement? Ou au contraire, allons-nous le garder, le reporter des dizaines de fois, coordonné à d’autres pantalons plus «mode» que nos précédents? C’est parfois une question épineuse, compte tenu de l’état de la planète.
Oh! J’allais oublier les pommes et, plus ou moins, le temps de toutes les récoltes telles que les tomates, les courges et tout le reste! À nous le ketchup maison, les tartes, les confitures, alleluia!
C’est l’occasion, aussi, de remercier, d’exprimer notre reconnaissance envers tous les bienfaits que la vie nous apporte. De nous recueillir et de prendre conscience combien est grand l’Amour qui a pris racine au fond de nous et qui est là, à notre portée, n’attendant que le moment de s’épanouir et de se réaliser.
Hélène Landreville – retraitée du monde médical – Brossard – Québec – le 22 septembre 2023
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Au détour de ma vie
Au détour de ma vie, l’oracle d’un mort sans peur
Déchire l’immensité d’un ciel immaculé
Qu’un ange d’un coup d’ailes a balayé de ses pleurs
Sans apporter de gloire à ma couronne brûlée.
Les joies ne me ramènent plus à l’ode du poète
Que j’ai cessé d’être à l’instant de l’inquisition
Où l’ombre absurde du temps masque le sang de la bête
Laissée pour morte dans un linceul vide d’illusion.
C’est dans ce suaire parmi le parfum des roses,
Mon âme souffrant, tendue vers la croix du pardon
Que je me suis perdu pour seul choix dont je dispose.
Au reflet d’un temps transi, l’ombre de l’oraison
Fait taire la colère du diable d’un silence feutré
Où sur ma tombe abandonnée pleure un cyprès.
(Texte extrait du Toit de Gaïa paru en 2016)
Michaël Blauwart - écrivain - journaliste - poète - Premier Prix Littéraire pour ses écrits sur la langue de Molière (octobre 2021) et la Médaille d'étain remise par la Société des Arts et Lettres à Paris pour l'ensemble de sa carrière (septembre 2021) - Bazas - petite commune de Gironde - France – le 20 septembre 2023
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Aiméku *
Arbre dans ma vue
Dans ma vie
Geai bleu
Le quittant
De son envolée
Déteint sur le ciel
Dans ma vue
***
Tombe la montagne
Marche l’oiseau
Brûle le lac
Sèche la pluie
Meurt la corrida
Naît l’halluci-nation
Rien n’est comme avant.
***
Le mur regarde
Ses fleurs séchées
Elles ont déjà 30 ans
… et quelques poussières
***
Des roses intemporelles
Gisent dans un vase maternel
Un amour fidèle.
***
Plus de rides aux commissures
Plus ce nez, plus ces dents!
Plus de poils au menton
Masque
Efface des tares âgiques
Fugace illusion!
* haïku (haï ku) renommé aiméku (aimé ku) histoire de changer le mot haï en aimé! Note de Yendse
© Yendse - auteure - Chertsey - le 19 septembre 2023