Les mots

Questions de mots

 

Si un mot est un mot, alors pourquoi est-ce si douloureux

Si un mot n’est qu’un mot, alors comment se fait-il que je me sente si triste

Si un mot n’est qu’un mot, comment se fait-il que je sois brisée sur le sol

Si un mot n’était qu’un mot, il n’y aurait plus de conflit


Si un mot était une personne, est-ce qu’elle me dominerait

Si un mot était un miroir, se briserait-il constamment

Si un mot était un jour, est-ce qu’il traînerait encore et encore

Si un mot n’était qu’un mot, communiquerait-il comme une chanson


Si un mot apportait le bonheur  durerait-il toute la journée

Si un mot apportait malheur me suivrait-il pour le reste du chemin

Si un mot apportait de la colère, contrôlerait-il ce que je dis

Si un mot me faisait souffrir, me façonnerait-il comme de l’argile ?


Si un mot n’est qu’une collection de lettres, alors pourquoi est-ce que je lui donne un tel sens

Si un mot n’est qu’une opinion, comment peut-il définir ce que je ressens

Si un mot n’est qu’une syllabe ou deux, comment peut-il ouvrir la voie à mon apparence, à ma façon de penser, de me sentir chaque jour ?


Traduction française de Louise Gagné du texte provenant de sa petite-fille Megan-Hope Davis  -  14 ans - Tadley - Angleterre, texte reçu le 22 janvier 2023 (Vous pouvez voir le texte anglais sous le thème: Poésie-adolescents - Words)

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Une plume et de l'encre  

 

Une plume et de l’encre que je puisse écrire

Les derniers mots de ma trouble existence

Avant de me coucher et de mourir

Sur la paillasse infecte de ma sentence.

 

Sur un papier froissé, mon écriture

Viendra tacher un grand nombre de personnes;

Qu’importe si l’insulte est littérature,

Le verbe sera loi, que l’on me pardonne.

 

La violence des mots troublera mon tourment

Et s’éparpillera à la poussière du vent

Sur le parvis d’une église aux pierres nues.

 

Une plume et de l’encre s’en vont, déchues,

Qu’importe, j’ai déjà gravé mon empreinte

Sur un papier froissé où pleurent mes plaintes.

 

Michaël Blauwart - écrivain - journaliste - poète - Premier Prix Littéraire pour ses écrits sur la langue de Molière (octobre 2021) et la Médaille d'étain remise par la Société des Arts et Lettres à Paris pour l'ensemble de sa carrière (septembre 2021) - Bazas - petite commune de Gironde - France - le 07 mai 2022                                                        

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Dans l’encre de  ma plume : histoire de transmission

 

À l’aube de ma vie

mes parents m’ont inculqué leurs racines

en images et en mots de toutes sortes

à mon tour, j’ai grandi et j’ai franchi des portes

tout en fleur de mots, à fleur de peau

 

J’exprime mes sentiments, mes émotions

les poèmes que j’écris, portent un message

plus que pour convaincre, outil de transmission

poète, je suis le maître d’un seul langage

 

Aux heures les plus sombres,

faire entendre ma voix

des mots comme une bombe

pour me libérer du poids

de ses chaînes

que je traîne

 

Armes de hautes précisions

magie des images qu’elle dévoile

la poésie m’emmène dans une autre dimension

comme un voyage au bout du monde, sur un bateau à voile

 

Aux heures les plus belles et féeriques

de ma vie de femme à celle de maman et grand-maman

garder en mémoire ces souvenirs uniques

de l’amour que l’on porte en soi pour aller de l’avant

 

Au crépuscule de ma vie, que pourrais-je vous transmettre

de tout cet héritage que l’on m’a donné

à vous mes enfants, et petits-enfants que j’ai vu naître

un livre de mots et d’images de vos ancêtres qu’à votre guise vous pourrez feuilleter


©Gaëlle-Bernadette Lavisse - auteure - écrivaine - biographe - poète - THÉROUANNE - Pas-De-Calais - France - le  9 janvier 2021                  

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Ma naissance, quels souvenirs?

Qui peut avoir souvenance de sa naissance?  Pour ma part comme des milliers de personnes, je n’en ai aucune.  J’avoue qu’il peut y avoir des exceptions pour différentes raisons crédibles ou pas.  Un témoin a raconté certains faits marquants, peut-être?   Pas moi.  On ne m’a rien raconté, on ne se souvenait pas.  Être la septième d’une famille de dix-sept, ça a plus d’inconvénients que d’avantages, je suppose. 

Alors, je vous raconte une autre naissance. Ma naissance, celle des mots. Eh oui! Je suis née avec les mots, les mots de notre langue française. 

J’aime cette belle langue de chez nous et, toute jeune, j’ai découvert ses mots et j’en ai eu le goût.  Savoir dire, savoir lire et écrire des mots, quel bonheur !  Le dictionnaire a toujours été un grand ami pour moi. 

Étant membre d’une famille toujours en discussion selon les événements nous entourant, mon silence aidant, je les ai faits miens ces mots, en écoutant les bavardages de mes frères et sœurs tout d’abord.  Eux, ils ont souvent joué avec les mots, en les cassant pour en faire des pièges à sexisme pour mes frères, et mes sœurs répliquaient en les renversant pour en changer le genre. 

Et je me suis mise à attraper les mots dans mes nombreuses lectures, les mots des autres.  J’ai débuté en notant les plus beaux dans un cahier.  Tout à coup, j’ai pris conscience que je les glanais partout.  Dans le journal, à la télé, dans un livre, enfin, partout.  Lorsque j’entendais une phrase agréable au cœur et à l’ouïe, je courrais vers un papier et un crayon pour la noter.  Aujourd’hui, j’ouvre les mots que j’ai chassés, que j’ai capturés et que j’ai adaptés pour en devenir maître devant une page vierge.

Un seul de ces mots et me voilà rapidement à la fin d’un récit que je me raconte en laissant aller mon crayon.  J’ai donc semé ces mots un peu partout et ils produisent leurs fruits en abondance avec les années.  Cette semence appréciée parfois me donne satisfaction.  J’ai quelquefois l’impression que mes mots adoucissent certains moments.  Comme les contraires s’attirent, à d’autres moments ils choquent aussi. J’en suis désolée.

Donc pour moi, "écrire"*, c’est prendre les mots qui me conviennent, qui me parlent, qui me font vivre des émotions, pour en faire des textes de tous genres.  Comme j’aime les mots, voilà pourquoi j’affirme que je suis née avec les mots, avec les mots des autres, avec les mots de ma langue maternelle. 

Et de cette naissance, je me souviens très bien.

Angéline Viens - retraitée de l’enseignement - Manoir Brossard – Brossard - Québec - Canada - le 8 janvier 2022

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Les mots de notre langue française 

Les mots sollicitent souvent plusieurs de nos sens quand ils sont prononcés.  D’abord, nous les entendons de la bouche de nos parents.  En grandissant, nous apprécions être écoutés, en passant par les "pourquoi"* et nous développons le goût de la lecture, là où l’on trouve une immensité de mots.  

Enfant, nos yeux sont intarissables en voyant tant et tant d’illustrations en lien avec l’histoire que nous préférons.  Le toucher de notre enfance remplie des mots de l’interdit, demeure un souvenir inoubliable.  Et enfin, l’odeur des mets présentés à notre bouche, celle qui déclenche l’activité de nos nombreuses papilles gustatives qui font de nous des gourmets ou des gourmands, ces deux mots si semblables et si différents à la fois.

Et les mots deviennent vite du passé, mais ils sont toujours si présents, et l’on s’acharne trop souvent à les traduire au futur.

Il y a les mots qui s’enfoncent dans la gorge et ne veulent plus en ressortir, ni être avalés.  Ceux qui ridiculisent, ceux qui humilient, ceux qui causent un chagrin sans fond, résultant de l’expression, de la perception ou de l’interprétation des mots utilisés.

Il y a les mots d’amour, avec leur imperfection, que l’on chuchote à l’oreille d’un enfant, d’un amant, pour ne pas les perdre dans l’immensité du dialogue qui parfois peut être vide de sens.

Il y a les mots savants, souvent incompréhensibles puisque l’abc de plusieurs spécialités est bien particulier.  Chacun son métier…

Il y a de tout temps, les mots célèbres des personnalités connues du monde de la politique, de la science, des arts et de la culture en général.

Il y a les mots recherchés de ceux qui ont le souci d’utiliser le mot juste pour être mieux compris, pour protéger notre langue qui semble occasionnellement vide de mots.

Il y a les mots inarticulés de certaines personnes handicapées par une quelconque maladie, exigeant d’elles une infinie concentration, s’accaparant de toute leur énergie.

Il y a tous ces mots que l’on assemble pour écrire, nous permettant une expression de soi poussée à son maximum.

Il y a les mots qui ne sont pas toujours essentiels et sont même source de malentendus. Il serait préférable de s’en abstenir et ne s’en tenir qu’à ceux qui sont éloquents par leur silence.

Il y a aussi les litotes à notre disposition, ce mot qui sait dire moins pour faire entendre plus.

Sans tous ces mots, n’existerait que l’exil de l’ermite, ce pays si différent du nôtre.

Enfin, tous ces mots qui ont commencé par un baragouinage, ce sont les mots de notre langue maternelle qui est à protéger plus que jamais.

Bien au-delà de tous ces mots, je ne voudrais pas oublier ceux que l’on souhaite : paix, joie de vivre et tous ceux qui vous conviennent.

Merci de me lire avec le cœur, bien au-delà des mots.

Angéline Viens – retraitée de l’enseignement – Manoir Brossard – Brossard – Québec – Canada - le 17 novembre 2021 

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La dérive des mots


Bien des fois, je t'ai entendu

Bien des fois, je t'ai écouté

Et j'ai essayé de comprendre

D'où venaient tous ces mots


Ta  verbe semble si facile

Coule comme un ruisseau

Tes mots avec tant de force s'éclatent

Et se laissent emporter par le temps.


Rage, colère, gravité, sensibilité

Glissent sur ma peau

Caressent mon oreille

Sans jamais rien briser

Mais parfois faisant tout au plus réfléchir


Le monde a bien des choses à découvrir

Le pouvoir des sons, des mots

Un jeu, mais un jeu qui a du pouvoir

Celui d'éveiller notre conscience

D'accepter nos différences

Celui de nous ouvrir à un nouveau monde

Un monde de compassion, d'inclusion

De compréhension et de pardon


Toutes ces images décrites

J'ai soif de tes mots, abreuve-moi

Un peu plus chaque fois

Comme une eau limpide

Conduis-moi à la source

La dérive n'est pas toujours en dérive

De tes mots, j'en veux encore et encore 


Monique Brouillard - retraitée - autodidacte – Saint-Gérard-Majella - Québec -  le 16 octobre 2021

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Les mots


Cultiver le plaisir des mots en écrivant.

Laisser les mots glisser sous la plume.

Exercice sans effort, sans exigence. 

Bonheur… Liberté….


Tout simplement permettre au ressenti de prendre vie sur papier.

Ces mots souvent impromptus, surprenants, saisissants.

Mots qui à l’instant couchés sur papier s’envolent à l’horizon.

Mots qui personnalisent mon intériorité, mon unicité.

Mes mots uniques rejoignent tes mots.


Un nouvel univers humanisé crée un monde ouvert….

Ces mots, un baume sur cette solitude, cet isolement de ces heures de l’histoire.

Ces mots écrivent à l’instant une page d’un monde nouveau.

Aujourd’hui n’est ni hier, ni demain.


Mots qui invitent à goûter la sève de ce quotidien à saveur de nouveauté.

Quotidien inconnu, imprévisible, riche de notre soif d’avancer, de devenir plus au contact de qui je croiserai au prochain pas. J’offre, je reçois.

Ensemble avancer en caravane vers un monde plus humain.

L’espérance dans la noirceur de l’inconnu.…

À l’oeuvre, crayon à la main…..


Mention dans le cadre du projet C'est à ton tour d'écrire s'envole au Théâtre La Doublure de Sorel-Tracy , texte lu  par Monique Brouillard lors de la  représentation du 27 octobre 2022. MB


Thérèse Cloutier - retraitée d’animation auprès de femmes - Résidente Manoir Soleil - Brossard - Québec - le 13 octobre 2021

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Le pouvoir des mots

Très tôt dans la vie, j’ai développé le goût de la lecture.  J’ai été fascinée par les mots quand j’ai réalisé qu’ils étaient des symboles qui véhiculaient des idées, des concepts et des valeurs.

Au fil des années, j’ai découvert dans les livres des trésors incommensurables que je n’aurais jamais pu imaginer, des richesses dont nul ne peut ravir. Les livres nous enseignent, ils nous forment, ils nous divertissent.

S’ils n’existaient pas, nous serions tous un peu ignorants, sans aucun souvenir du passé. Ils sont la mémoire de l’humanité. Je ne me contente pas de lire, je laisse toute lecture décanter, fermenter et s’intégrer à mon esprit.

Les livres m’ont fait voyager, ils m’ont amenée dans des pays fabuleux, ils m’ont fait connaître des personnages illustres, m’ont instruite sur la culture de différents peuples qui habitent notre planète, m’ont initiée à la philosophie, à différentes religions, ils m’ont raconté des histoires.

Les livres ont transformé ma solitude en moments délicieux, mes silences en mots doux susurrés à mon cœur, ils m’ont divertie et ainsi amélioré ma qualité de vie.  Ils m’ont certainement incitée à l’écriture.  À l’école, quand j’avais à rédiger une composition, c’était un peu comme si je partais à l’aventure.  Ma page blanche m’apparaissait lumineuse et remplie de promesses.

Les livres ont ouvert mon cœur à la réflexion et ont contribué à ce qui me semble le plus essentiel dans ma vie, à mon éveil spirituel. Ils m’ont entraînée du visible à l’invisible et m’ont rendue consciente du sens de ma vie, de ma raison d’être ici-bas.

Autant mon corps a besoin de pain, de viande et de fruits pour entretenir mes forces vitales autant mon esprit et mon âme ont besoin de nourriture spirituelle pour assouvir cette faim de savoir, de comprendre et de m’accomplir.

Lorraine Charbonneau – Retraitée de la Fonction publique fédérale – Résidente du Marronnier -  Laval - Québec –  le 23  juillet 2021

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Les mots à dire

 

Verrouillés au tréfonds

de mon être

à l’abri des courants d’air

de la liberté

les mots à dire

ont déjoué la combinaison.

 

Ils se sont évadés

dans un cri de joie.

 

S’échappant de leur réclusion

ils se posèrent côte-à-côte

en un régiment

réuni pour une inspection.

 

Mes premières ébauches m’affolèrent.

 

Puis-je me permettre

une dérogation à mon connu?

 

À tout vent

je me lance à corps perdu

dans un dialogue

avec ma page blanche.

 

Mon désir de retenue m’énerve

m’obligeant à modérer mon ardeur.

 

Y mettre un frein

en établissant

une ligne de conduite

me permettrait de canaliser

ma fougue.

 

Je le veux bien.

Mais happée

par une avalanche de mots

comment tempérer ma frénésie?

 

L’unique prescription : écrire.

 

Yolande LeBlanc - octogénaire - écrivaine - résidence Le Marronnier - Québec - le 21 juillet 2021 

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Écrire, mon plaisir extraordinaire

 

J’écris comme je pense, j’écris comme je vis, j’écris comme je dis.

Mes mots dansent, mes mots chantent, mes mots rient. 

Je me livre, me raconte

M’oppose ou propose

Vérités ou simples pensées

Réflexions ou interrogations…


Mes écrits sont mes cris, mes écrits sont mes dits, mes écrits sont ma vie.

Mais alors que d’ordinaire écrire est pour moi un plaisir extraordinaire, je me retrouve aujourd’hui désemparée face à ma tête qui ne m’envoie plus d’idées.


Les mots se sont envolés me laissant seule face à ma feuille de papier.

L’inspiration me fait faux bond comme si elle avait décidé de me tourner le dos.

Impossible de prendre les mots, ils viennent et s’échappent aussitôt.

Je les vois passant pour me narguer, mais ils semblent refuser de s’arrêter. 

Comme des bulles de savon qui s’envolent et puis éclatent, voici mes mots qui jaillissent et puis s’effacent.


Les idées naissent et pétillent, mes mains s’agitent avec joie vers le clavier, prête à les déposer pour les faire rimer mais d’un coup…elles repartent comme elles étaient arrivées.

L’inspiration ces jours-ci me fait faux-bond, sans doute muette à la suite de certaines émotions.


Écrire est la transformation magique de ce que nous vivons ou ressentons en partition. Cependant, les notes prennent parfois plus de temps à trouver l’accord offrant la musicalité recherchée. Parfois aussi les notes préfèrent s’envoler laissant le bruit du silence apaiser nos pensées pour parvenir à revenir les chanter.


Écrire est pour moi un plaisir extraordinaire, accordant les notes de mes émotions afin de les partager sur la partition.

 

©Joëlle Laloy -  travaillant dans le secteur de la santé - maman - Bruxelles - Belgique - le 8 juillet 2021

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