La vulnérabilité

Sentiment

 

Ce n’est pas parce que je ne le ressens plus qu’il n’est pas là.

Peut-être que j’ai juste appris à vivre avec et à agir comme si je m’en fichais.

Peut-être qu’il me suit maintenant comme une ombre invisible pendant la journée mais la nuit, il revient me hanter.

Alors que je suis assise seule dans ma chambre seule avec toutes ces pensées dangereuses qui reviennent pour me narguer.

Peut-il vraiment disparaître ou est-ce maintenant ancré dans ma peau ?

Un sentiment déchaîné de douleur et d’apitoiement sur moi-même venant de l’intérieur, et si j’en parlais à quelqu’un, s’en soucierait-il ?

Pour me parler d’une situation qui semble ne même pas être là.


Traduction française de Louise Gagné du texte provenant de sa petite-fille Megan-Hope Davis  -  14 ans - Tadley - Angleterre, texte reçu le 15 janvier 2023 (Vous pouvez voir le texte anglais sous le thème: Poésie-adolescents - Just because)

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Ma vulnérabilité, leçon de vie

Durant toute ma vie, je me suis voulue forte et autonome.  Il m’a toujours semblé que je pouvais trouver toutes les solutions aux problèmes que je pouvais rencontrer sur ma route sans l’intermédiaire de quelqu’un d’autre.  Je n’ai compté que sur moi en toutes circonstances, j’ai toujours senti que j’avais toute la force nécessaire en moi pour affronter n’importe quelle difficulté. Je peux affirmer que j’en suis assez fière puisque je m’en suis toujours assez bien sortie. Je crois avoir hérité de ce trait de caractère de ma mère, une femme forte, courageuse et fière.

Je n’ai jamais fait de sport, jamais fait de jogging, jamais été au gym, par contre j’aime la marche rapide et j’ai toujours fait attention à mon poids et à mon alimentation.  Mes loisirs préférés sont la lecture, l’écriture, le scrabble, les mots croisés et le cinéma, rien pour stimuler mon cœur ou renforcer mes muscles. D’aussi loin que je me rappelle, je ne m’en suis jamais fait inutilement, j’ai toujours vu le bon côté des choses, je ne me suis jamais découragée, je n’ai jamais baissé les bras.  Je crois sincèrement qu’avoir une bonne santé mentale aide à avoir une bonne santé physique.  Je me considère donc une femme privilégiée d’avoir une si bonne santé. 

Je suis faite de chair et d’os comme tout le monde. Je sais pertinemment qu’un jour ma santé va décliner. Je ne sais pas quand mais je redoute le jour où j’aurai à demander de l’aide.

Nous vivons dans une société hyper individualiste qui prône l’autonomie et l’indépendance.  Ce sont évidemment des valeurs que j’ai mises de l’avant dans ma vie.  J’ai toujours considéré que les parents et les grands-parents étaient comme des patriarches et qu'ils constituaient la fondation de l’institution familiale qui met à l’abri et qui protège.  Mais il arrivera hélas un jour où les rôles seront renversés, un jour où je ne pourrai plus m’en sortir seule.

Il m’arrivera un jour où j’aurai à demander de l’aide. Je me connais assez bien pour savoir que ce ne sera pas facile et je pense en comprendre le pourquoi.  Ce serait bien sûr la peur de déranger mais surtout de montrer ma vulnérabilité, ce serait un aveu de faiblesse.

J’ai entendu un jour à la télévision une phrase qui m’a fait réfléchir. La personne disait : « Les parents n’osent pas demander de l’aide quand ils en ont besoin. Ils ont souvent peur de déranger. Demander de l’aide à ses enfants c’est leur dire qu’on les aime et qu’on a besoin d’eux ».

Ils m’ont dépannée à maintes reprises principalement en informatique. En ce qui concerne les nouvelles technologies, ils me dépassent de cent coudées, mais ils n’ont jamais eu à intervenir en ce qui concerne ma santé.  J’espère donc que, quand le moment sera venu, j’aurai la force, la simplicité et surtout l’humilité de solliciter l’aide de mes trois merveilleux enfants.

Lorraine Charbonneau – fonctionnaire de la Fonction publique fédérale – Résidente du Marronnier - Laval – Québec - le 28 septembre 2022

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La boîte à surprise

Aujourd'hui,  j'ai décidé d'ouvrir ma boite à surprise. Que peut-il y avoir dans cette boîte? Je sais qu'il y a des tas de choses, mais je ne me souviens pas de tout ce qu'elle contient.

Aussi loin que je me rappelle, il y a certains souvenirs de mon enfance, mais ils n'y sont pas tous.  Je ne me souviens pas de ma naissance.  C'est pourtant un événement important, mais mon cerveau à écarter ce moment de ma mémoire. Je présume que mes parents m'ont prise dans leurs bras dès ma naissance, mais encore une fois, je ne m'en souviens pas. Je crois que je devais avoir quatre ou cinq ans avant qu'un fait particulier surgisse. Je me souviens lorsque j'ai eu mon vaccin avant de commencer l'école.

Il y a tant de choses que mon cerveau a oubliées.  Cependant, grâce à des photos, ou des objets, certains souvenirs me semblent être bien conservés.

Parfois, j'aimerais me souvenir de tout, et ceci même si je sais que cela n'est pas possible. Mon cerveau a des aptitudes à conserver des choses passées. Mais est-ce que cela se veut une bonne idée de se souvenir de tout ? Notre cerveau a une capacité, mais serait-il trop chargé ?

Si nous pouvions seulement choisir et dire à notre cerveau ce que nous voulons qu'il se souvienne, cela serait génial. Je lui dirais de se souvenir des moments heureux : les anniversaires, les rassemblements en famille avec les grands-parents, les fois où nous nous amusions tous ensemble, etc.

C'est navrant, mais je ne peux pas contrôler mon cerveau. Il conserve des moments joyeux et aussi des moments tristes. Il me rappelle de bonnes actions dont je suis fière, mais aussi des bêtises que j'ai commises par insouciance. Je ne sais pas comment fonctionne le cerveau et qu'est-ce qui fait que l'on se souvienne d'un événement plutôt qu'un autre. Comment la sélection se fait ?

Peut-être que c'est mieux comme cela finalement. Je me dis que si je me rappelle de quelque chose cela doit être parce que j'en ai besoin. Je ne me rappelle pas ma naissance, mais qu'est-ce que cela apporterait à ma vie si je m'en souvenais. Lorsque je me rappelle d'une erreur que j'ai commise, cela m'amène à faire attention la fois suivante. Donc, j'apprends et je continue à m'améliorer et je me réconforte avec les actions joyeuses.

En fait le cerveau est comme une boîte à surprise. Lorsque je fouille à l'intérieur, j'y trouve des souvenirs qui m'appartiennent. Il y en a des bons et des moins bons. C'est à moi de faire en sorte que quelque soit le souvenir, d'y apporter un regard positif ce qui me permet d'avancer dans la vie, de m'améliorer et le faire d'une façon plus harmonieuse.

Il serait malheureux aussi que ma boîte à surprise s'efface complètement et je sais que pour certain c'est ce qui va se produire. Je ne veux pas oublier les Oubliés.

Monique Brouillard - retraitée - autodidacte – Saint-Gérard-Majella - Québec - le 8 mai 2022

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Terre mère

 

Terre mère nourricière

Abrite l’humain orgueilleux

Abusif, démesuré, haineux

Donne, pourvoit

Jusqu’à n’en plus fournir

Subis l’agression

Depuis des siècles

Assaillie de toutes parts

Monts, mers et airs

Dépouillée, piochée, évidée

Étouffée, épuisée

Cuirasse fragilisée

L’homme détruit sa propre maison

La seule qui lui permet de survivre

 

Terre mère nourricière

Abrite l’humain valeureux,

Généreux, pondéré, respectueux

Reçois miettes de pansements

Jusqu’à n’en pas mourir

Parcelles d’air

Goutte d’eau dans une mer

Panacée insuffisante

Mais bienveillante

Baume infime

Sur plaies béantes

L’homme affectionne sa maison

La seule qui lui permet de survivre

En peuples, en communauté, en famille

 

Odette Gilbert - Autodidacte - Artiste - Facebook Gilod - Les Méchins -Québec - le 11 mars  2022

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Écrire positif

Depuis quelques jours, j’essaie d’écrire positivement.  Jour après jour, les nouvelles quotidiennes nous livrent des événements qui réveillent des émotions qui viennent heurter notre sensibilité provoquant ainsi colère, déception, pressentiment de danger et même de crainte chez certains.

Sur la page blanche, j’esquisse quelques lignes que je souhaiterais constructives, mais qui n’arrivent pas à décrire ce que mon cœur ressent en ces jours chaotiques.  Je désire ardemment conserver l’authenticité de l’expression des mots que je partage.  La déception persiste et sans vouloir importuner avec des propos mélancoliques, les conter devient une échappatoire, une soupape, un soulagement.

Où est le monde dans lequel j’ai vécu jusqu’à ce jour ?  Je suis comme égarée au milieu d’une société qui ne ressemble en rien à celle dans laquelle j’ai reçu des notions de savoir-vivre, de respect, de bienveillance, d’éthique et j’en passe. 

Sans porter de jugement, le genre de vie actuel n’entre plus vraiment dans mes valeurs : s’épanouir malgré tout en se rattachant à ce qui me passionne. La musique en fait partie, l’écriture également tout comme m’entourer de personnes qui partagent mes principes, tel celui de dispenser de l’amour.

S’adapter demande beaucoup de souplesse. 

Ma tolérance a des limites.

Odette Gilbert - Autodidacte - Artiste - Facebook Gilod - Les Méchins - Québec - le 22 février 2022

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Ton histoire

J'entends tellement d'histoires à la télé, à la radio, dans les journaux ou les médias sociaux. Des histoires vraies, peut-être. Des histoires fausses, peut-être. Qui sait ? Je peux toujours douter.

J'aimerais bien croire en ces récits, ceux qui font rire, qui font sourire. Mes grands-parents m'en ont racontés quelques-uns dans mon enfance.  Il ne faut pas que j'oublie ces anecdotes, ces blagues rigolotes racontées par la parenté.  La ribambelle d'histoires que je lis avant d'endormir les enfants pour les faire rêver.

Il y a pourtant des aventures tristes, d'autres qui me font réfléchir. J'ai à coeur d'en partager certaines même si le bouche à oreille en a fait voyager plusieurs.  Il y a tant d'histoires que j'ai lues et encore plus qui ont été écrites. Il m'en reste plein à découvrir.

Connaître l'histoire de mon pays, la vie d'un artiste, l'histoire de ma famille, l'origine d'un phénomène, il y a beaucoup à dire. Les aventures de mes héros, des personnages historiques, les grandes histoires et les petites racontées en chansons, mes contes préférés et les histoires oubliées.  Il y a celles sans fin ou bien celles que je peux conserver dans le creux de ma main.

Et maintenant, si tu me demandes qu'elle est la plus belle histoire que je puisse te suggérer, je dirais que c'est la tienne. Car celle-là, tu l'as vécue. Tu ne peux pas la renier. Elle ne peut être que vraie. Il y a peut-être des moments tristes, des moments de colère, mais assurément des parcelles de joie, de tendresse, de partage et d'amour. Cette histoire, tu l'écris un peu, chaque jour, au gré des saisons. Sans papier, sans crayon, elle s'enregistre dans ta mémoire au fil du temps.

J'aimerais tant qu'elle ne soit pas une histoire oubliée. Il y a mille façons de la partager. Il se peut qu'aujourd'hui tu ne saches pas de quelle manière tu peux t'y prendre. Il faut faire confiance en la vie. Il faut faire confiance en ton histoire, elle trouvera bien le chemin à prendre. 

Monique Brouillard -  autodidacte – Saint-Gérard-Majella - Québec - le 4 janvier 2022

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Vivre

Cette sensation que les yeux vont se fermer tout seuls en cet après-midi montre et laisse bien voir que la fatigue est présente.

Cette année a été plus que dure aussi, que faut-il faire?  Commencer à penser qu’il est grand temps de faire une pause ou l’oublier et continuer jusqu’à ce que la corde lâche. Non, ce n’est pas la solution.  Il faut juste un peu lever le pied et prendre le temps de s’occuper de soi. Le signal d’alarme a résonné cet hiver. Donc, il faut dire "stop". 

Ce n’est pas un caprice mais une sensation qu’il ne faut surtout pas nous abimer. Et surtout ne laisser personne se permettre de nous abimer. Même par nos airs un peu naïfs, les choses sont bel et bien perçues, aussi, pas question de se laisser meurtrir. Les nouvelles dispositions sont prises et il n’y aura aucun compromis. 

Cette sensation d’être comme sur un nuage, fait en sorte que le corps a l’impressionn de flotter. Le bonheur peut être simple mais il peut être douloureux aussi.  Après ce passage, il est clair que la fatigue n’aura pas le dessus. C’est la première année qu’une telle fatigue se fait sentir, c’est la première fois qu’elle est si claire. Ce n’est pas une chose dite pour se plaindre mais un constat. 

Oui, la fatigue est là, oui, il est souhaitable de dire STOP. Nullement, un caprice une simple réalité et surtout ne plus avoir envie de tirer sur la corde. D’ailleurs, une chute dans l’escalier conclut qu’il est grand temps de prendre du repos. 

Qu’il serait doux un peu d’être dorlotée, non seulement dorlotée mais écoutée et surtout entendue. Ne serait-ce pas les mots à mettre sur le front car l’impression est d’être oubliée voilà, le bon mot OUBLIÉE en plein. 

Quelques jours de silence et le retour pour dire les vacances sont finies mais elles ont été plus qu’appréciées et adorées car cela a été le plaisir de profiter du temps et de s’occuper rien que de soi. 

Le mot STOP a été posé nullement regretté. Un réel bonheur de prendre le temps enfin de s’écouter et surtout de se protéger contre tout le reste. Un peu le fait de recharger les batteries mais en prenant soin de ne plus se laisser ensevelir.

Enfin, se retrouver et enfin, se donner la vie. Et surtout se permettre de vivre.


Marie B. - retraitée (en invalidité) - Nîmes - France - le 1er novembre 2021

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Vulnérable moi ? Oui


J’ai toujours eu un peu de misère à définir la vulnérabilité. Après quelques recherches j’ai vite compris pourquoi… On dit que la vulnérabilité est le caractère de ce qui est fragile, précaire; de ce qui peut être attaqué, blessé, endommagé. Il n’est donc pas surprenant qu’on cherche tous à faire comme si elle n’existait pas, dans notre vie en tout cas. Vulnérable, moi? Non merci!

 

Et pourtant… La vulnérabilité va signer les deux moments les plus importants de notre vie! N’est-elle pas le tout premier état d’être que nous allons expérimenter à notre arrivée? Et n’est-ce pas dans ses bras que nous allons nous réfugier quand l’heure du Grand départ va sonner?

 

Je me suis même demandé si ce n’était pas le seul état d’être qui puisse permettre à notre âme de s’incarner et le seul capable de la laisser s’envoler une fois son voyage terminé… Alors pourquoi chercher à l’ignorer?

 

Parce qu’effectivement, dans nos jeunes années, notre vulnérabilité nous a valu d’être blessé. Imaginez un enfant qui arrive sur Terre avec un cœur grand ouvert, aussi grand que l’univers, qui vibre l’amour, l’intensité, la sensibilité, la bonté; qui vit à partir de ses émotions; qui carbure à l’imagination; qui est persuadé que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Ça, c’était vous. C’était moi.

 

Puis, un jour, on nous a dit d’arrêter de pleurer, de contrôler notre sensibilité, d’arrêter de rêver car la vie c’était tout sauf un conte de fées. Alors, pour ne plus être blessé, on a appris à se fermer, à se montrer fort, à faire bonne image, à ravaler nos larmes et à rester de marbre devant l’adversité pour que rien ne puisse jamais nous toucher… Enfin, c’est ce qu’on pensait.

 

Mais à force de museler cet enfant que nous avons été, et toutes les belles qualités qu’il portait, on s’est retrouvé avec une émotivité souvent prête à exploser, un corps qui montre des signes de fragilité et un état d’être tellement habitué à lutter qu’il ne réussit plus à se reposer sans craindre d’être attaqué.

 

Mais que serait devenue notre vie si on nous avait appris que peu importe les transitions de vie que nous allons traverser, peu importe le nombre de défis que nous aurons à relever, notre vulnérabilité sera toujours là pour nous accompagner; que l’ouverture gagnera toujours sur la fermeture, la fluidité sur la rigidité, l’intuition sur la raison, la confiance sur le doute, la foi sur la peur; qu’à l’image de l’eau, se laisser porter vaudra toujours mieux que de résister.

 

J’ai donc compris que la question n’est pas de savoir si nous sommes vulnérables ou pas. Nous le sommes tous.  

 

La question est de savoir si nous cessons de la museler et si nous lui permettons de s’exprimer, notre âme s’incarnera plus librement dans notre vie pour mieux nous accompagner. 


Vu sous cet angle je me suis dit : Vulnérable, moi? C’est un gros Oui!

 

Lucie Douville - éditrice - Magazine Vivre - Cap-Rouge - Québec - le 11 juillet 2021

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