La musique

The Fab Four

La première fois que j’entendis la chanson She loves des Beatles marqua le réveil de mes sens en latence depuis l’enfance.

Cette frénésie que je ressentais très fort soulevait des ondes que je n’avais jamais perçues auparavant. Tout en moi, de la tête aux pieds, vibrait.

Un monde nouveau m’ouvrait les bras.

Jamais je n’aurais imaginé les émois que je vivrais cet été-là. Sortir de la maison pour m’évader avec des filles et des gars de mon âge sur des rythmes déchaînés, telle une promesse de changements dans ma vie d’ex-couventine fraîchement sortie du four des conventions religieuses.

Plus les mois s’écoulaient et plus mes jupes raccourcissaient.

Chaque semaine, je recevais des cartes de collection des Beatles offertes par le frère aîné d’une amie. Toutefois, quelque quarante années plus tard, quelle surprise de constater qu’il avait conservé une photo de moi dans son portefeuille !

Aussi, danser après tant d’années de confinement à genoux pour les prières du matin, midi et soir, me téléportait vers un ailleurs fou, un ailleurs transformant mon adolescence avec ses papillons, ses sensations, ses émotions en ébullition.

De sorte qu’empreintes de plaisir, impressions de liberté, mémoires de portes grandes ouvertes demeurent gravés sur mon disque dur comme moments de pur bonheur.

Enfin, souvenirs épars, éparpillés, dispersés à l’instar des notes endiablées de Paul McCartney, John Lennon, Ringo Starr et George Harrison qui, aujourd’hui, me chavirent encore et, m’invitent à danser le temps d’un clin d’œil à mes idoles de jeunesse. The Fab Four!

Louise Gagné - éducatrice à la petite enfance - Boisbriand - Québec - le 23 janvier 2023

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Le violon

Depuis que Mendel exerce son activité, il sait reconnaître, au parfum dégagé, à la résonance légère ou sourde, la qualité intrinsèque du matériau utilisé. Le hêtre, l’érable ondé, le sycomore, l’ébène, le palissandre, le cèdre, le pernambouc, l’alisier, l’épicéa et le platane n’ont plus aucun secret pour lui. L’artisan travaille de concert avec un bûcheron zélé, mélomane à ses heures perdues, qui sait attendre le moment propice pour couper son bois. La position de la lune est un moment-clé, décisif, qu’il ne saurait ignorer.

Dans son atelier, le luthier sait être à l’écoute de l’essence de bois précieux, qui lui révèle des secrets antédiluviens.

Le veinage est nuancé, contrasté, offrant une palette subtile de rose, de rouge brun, de vermillon. Mais avant d’entailler l’écorce, l’artisan réfléchit encore. Son quotidien est immuable: un travail besogneux depuis l’aurore jusqu’à la tombée de la nuit, lorsque ses yeux fatigués ne peuvent plus se concentrer.

Les outils sont à portée de main, rabot, scie à chantourner, scie à ruban, ponceuse, fer à cintrer, ciseau à bois, colle, vernis. Un moule spécifique va permettre de fabriquer le violon, s’inspirant d’un Stradivarius.

Le moment crucial est celui de la sonorité escomptée, comme un sceau inviolable. Il faut aller la cueillir, patiemment, la chercher jusqu’aux tréfonds des entrailles, savoir persévérer, comme un amoureux transi qui attend d’offrir son premier baiser à l’élue de son cœur. Elle joue impunément, perfide et cruelle, tout en sachant qu’elle désire, tout autant que lui, une promiscuité ardente.

L’ouvrage est enfin terminé, Mendel se sent heureux, comme au premier matin du monde. Le manche de l'instrument est habillé d’une volute délicate, tellement romantique. La touche, où les cordes s’appuient, va donner le son tellement espéré. Ce sont quatre notes essentielles : la, ré, mi, sol. L’étape suivante consiste à vernir le matériau miraculeux avec un produit à base d’alcool, de safran, d’huile. La recette est ancestrale, le secret bien gardé. Plusieurs couches seront nécessaires.

Mendel peut aller se coucher, il est comblé, heureux, avec le sentiment du devoir accompli.

Cependant, le bel instrument s’émancipe, se libère, exulte, tandis que la maisonnée reste silencieuse. Le rêve s’invite, s’incruste dans les consciences égarées.

La lune, à travers les carreaux, éclaire paresseusement tous les détails de l’atelier, en projetant une trame infinie de faisceaux lumineux, qui ricochent, se diffractent. Les étoiles déposent un éclat argenté, scintillant et éclatant sur l’instrument transfiguré. Une sonate improvisée s’en échappe, belle, mystérieuse, enchantée.

La musique vole, vrille, comme un feu incandescent, se calme un instant, puis, repart de plus belle dans un concerto impétueux et enchanteur.

Le luthier est profondément endormi, tandis que son rêve se matérialise, à son insu.


Lorsque Mendel se réveille, il se rend à son atelier, dès l’aube. Le violon est rangé dans son étui, reposant sur un velours chatoyant et doux. La laque brille de mille feux lumineux, tandis qu’un morceau de lune, égaré, conquis et émerveillé, reste accroché à la volute, oubliant de rejoindre la nuit et ses mystères.


Marylene Halimi - autrice - retraitée de la CPAM et l'assistante maternelle - Ain - France - le 10 octobre 2022

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Ma guitare

Pif Ring, Paf Ring, ma guitare joue ce soir.

Ma guitare joue une musique.

Je suis le guitariste jouant pour vous.

Jouant à la guitare avec la mienne.

Je me suis réveillée après un beau rêve.

Je me suis sentie debout comme vivant en disant Yé...

Viens, viens, viens et jouons.

Mes doigts touchent la guitare ce matin.

Je me sentis vivre en dedans de moi.

Je me suis sentie ivre d'amour pour la première fois.

Ma musique jouant avec moi et ma guitare dès lors.

Je suis bien moi-même avec ma guitare.

Viens ma musique, viens ma guitare avec moi.

Pierrette Meunier dit Lapierre - artiste (dessins de mode) - peintre - Sorel-Tracy - Québec - le 24 avril 2022

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Douce mélodie


Chez moi, du matin au soir, la musique est à l’honneur. On y entend continuellement un fond de musique douce sans aucune parole, musique presque en sourdine. Elle se fait discrète. Je m’en imprègne, je la goûte, elle me comble, elle est une joie pour mes oreilles et pour mon cœur. Quelques fois, je me surprends le sourire aux lèvres à rêvasser en l’écoutant, elle me va droit au cœur, elle me rend heureuse, me détend et me galvanise. Il y a des airs qui m’emportent comme si j’étais en apesanteur ou si j’avais des ailes.


La musique est le médicament de l’âme par excellence, elle apporte de merveilleuses vibrations. Elle est aussi reconnue pour ses vertus antidépressives. On dit qu’elle caresse notre cerveau en lui procurant des substances bienfaitrices et essentielles à notre existence et à notre joie de vivre, elle nous calme, apaise nos tensions, favorise notre concentration, nous donne de l’énergie et nous apporte du bien-être.


Je pense que la musique est une espèce de « récompense » qui compense des petits désagréments de la vie. Quand on entend de la musique, on dodeline de la tête et automatiquement on a le goût de rire, de danser, de célébrer. La musique est souvent associée à nos souvenirs. Elle est capable de nous replonger dans le passé et de nous faire revivre des émotions. La musique est une formidable machine à remonter le temps. Certains couples partagent une chanson chère à leur cœur, une chanson fétiche qui revient à leur mémoire et les attendrisse.


Pour se souvenir, la musique est plus puissante que les photos. On regarde nos photos de temps à autre et de moins en moins mais la musique est continuelle dans nos vies, elle nous fait vivre et revivre des moments délicieux.


Lorraine Charbonneau – Retraitée de la Fonction publique fédérale – Résidente du Marronnier - Laval – Québec - le 29 juillet 2021

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L'herbe en SOL, l'herbe folle


De retour d'un rêve éveillé, suis-je cette enfant allongée dans l'herbe, les yeux rêveurs à lire les nuages, avec pour berceuse les chants de la nature?

Je me revois cheveux au vent, vagabondant dans les hautes herbes à la quête de l'herbe musicale. Cette ivraie qui pousse le long des chemins, bien plate, pas trop rigide. Se souvenir des gestes à pratiquer pour que de cette herbe folle, en sortent des notes aigües, criardes ou enrouées.

Est-ce la note SOL? Est-ce un LA? Petite herbe entre les pouces, bien en place, dans le creux de la fente, on y place nos petites lèvres et d'un léger souffle, VICTOIRE, l'herbe chante, comme un bruissement d'ailes, comme un insecte chantant à vos oreilles qui chatouille les lèvres.

Parfois, je doublais cette herbe musicale, pour agrémenter le rythme, et voici que l'herbe chante au cœur de la verte prairie.

Quel est ce cri? La chouette hulotte? Quel est cet animal qui gémit? Rire des enfants.. Victoire, maman j'ai réussi à faire chanter l'herbe.

Et pour nous enfants-vieux, est-ce que ces gestes reviennent? Est-ce que notre souffle est encore magique à faire chanter l'herbe de nos chemins...

Profitez des vacances pour libérer l'enfant en vous et faire chanter le SOL, le LA de l'herbe musicale.

© Gaëlle Lavisse - auteure - écrivaine - biographe - poète - ECQUES - Pas-De-Calais - France – le 11 juillet 2021

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La musique et son parfum

La musique est le plus beau des langages, et la poésie en est son parfum.

La musique est une caresse, un voyage, un plaid doux et chaud dans lequel je m’enveloppe et me réchauffe. Elle est souffle et respiration. Elle est silence et battement de cœur. Elle est voix et harmonie, une intime évidence, une communion parfaite.


Elle m’est essentielle et m’accompagne de l’aube, au rouge crépuscule. Il arrive même parfois qu’elle se synchronise avec mon état du moment, ou pensée, ou même un événement comme un anniversaire d’une personne aimée, partie rejoindre les étoiles… et à l’instant où je pense à elle comme une prière, un souvenir, un appel, une musique qu’elle affectionnait tant, joue à ce moment comme étant une réponse, un signe, une présence. Comme si ici-bas et là-haut, nous étions reliés par les ondes de la même radio. Quelle drôle d’idée, et pourtant, je suis sûre que ce n’est pas parce que je suis hypersensible que j’en fais l’expérience, ni parce que je suis ultra kinesthésique. Je pense tout simplement qu’elles sont toujours vivantes parmi nous et veillent sur nous. Ces personnes nous disent : On est là… écoute


Et voilà qu’à cet instant se rallument des souvenirs précis, m’invitant au grand plongeon dans un océan de larmes. Connaissant chaque moment de mon histoire, les joies, les peines, les rencontres, la musique remplit mes moments de solitude. Elle m’inspire en écriture comme si nous faisions qu’un, peut-être était-ce lié à mon enfance ?


Et lorsque les mots chantent, la musicalité s’écrit sur les lignes de mon cahier à spirale, où chaque signe de ponctuation semble être comme un soupir qui nous retient le souffle. Il m’arrive même en lecture d’entendre la voix de l’auteur comme une alliance. Après tout, peut-être que toute vie sur terre est reliée à la musique. On peut le voir avec les plantes et les fleurs qui se fortifient aux vibrations de celle-ci… L’enfant dans le ventre de sa mère, bercé par le rythme de l’écoute, s’endort calmement par la suite. J’en ai fait également l’expérience avec mes enfants. N’est-ce pas magique ce grand pouvoir qu'a la musique de toucher toutes les âmes.


Pour terminer je citerai Platon : "La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée."


© Gaëlle Lavisse - auteure - écrivaine - biographe - poète - ECQUES - Pas-De-Calais - France – le 7 juillet 2021

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AH ! Chère musique !


Cette merveilleuse invitation à la liberté

Créant cet espace magique dans lequel nous voulons vivre

Dans son monde de l’invisible, de l’impalpable

Par des mélodies qui font rêver, flotter et danser

De musiques aériennes, ensoleillées

Nourriture de l'âme, voyage dans l'inconscient

Par son langage mystérieux et universel

Cette musique précieuse et ensorceleuse

Si passionnante et salvatrice

Fidèle compagne, présente et réconfortante

Force de vie et de nouvelles énergies

Traversant les époques, transgressant le temps galopant


En style classique, jazz, rock, blousé ou endiablé

Par ses rythmes inspirants, incitants à la danse, à aimer

Étonnante fusion du rythme, des notes et des silences

Qui se déploient, envahissant tout l’espace

Venant nous pénétrer au plus profond de notre être

En transcrivant nos émotions et nos états d’âme


De régals auditifs en superbes relations sonores

En douces harmonies de modulations veloutées et envoûtantes

Par les notes qui s’envolent si légères, si légères…

Hommage au prodigieux monde musical !

Aux compositeurs, interprètes et musiciens

Qui nous portent, nous transportent, nous font vibrer

Car la musique nous libère et nous emporte dans un ailleurs

À l’accession du sacré, d’une dimension divine.


Marie-Claire Warnant-Fassbender - retraitée (adjointe administrative) - Magog - Québec - le 1er juillet 2021

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