L'après

D'un enjeu à l'autre

  

La COVID-19 a changé notre façon de voir l’avenir. L’horizon de planification s’est soudainement rétréci. Va-t-on rouvrir les écoles?  Comment sauver notre petite entreprise? Quand réinviter famille ou amis? À quand un nouveau vaccin? Les voyages?

 

La définition de l’utilité a été réinventée. Le confinement a été une occasion rare pour mesurer le degré d’évolution de notre société de consommation depuis 70 ans.  Il a scindé notre mode de vie en deux, les activités prioritaires et les autres. Les secteurs mis en quarantaine correspondaient aux besoins créés depuis 1950. Les priorités d’avant l'épidémie se sont évaporées. Les droits individuels ont été mis de côté. Trois était une foule, deux si on habitait à une adresse différente.

 

L’impact quotidien de la pandémie n’aura duré que quelques années qui ont semblé une éternité. L’état d’urgence, les interdits et le couvre-feu nous ont exaspérés.


Une qualité insoupconnée de l’humanité est ressortie de cette pandémie, celle d’obéir aux consignes.  Nous avons accepté l’état d’urgence et ses effets négatifs en espérant un retour à la normalité en quelques années, tout au plus.

 

De temps en temps, les environnementalistes ont tenté de ramener à l’ordre du jour, la cause des changements climatiques, mais l’enjeu climatique se discute en période de paix et de prospérité.  Les effets négatifs de la pandémie auraient été acceptés pendant quelques années tout au plus, mais en aucun cas, les fondements de notre système socioéconomique, environnemental et énergétique ont été remis en question.

 

La pandémie, court épisode, nous a obligés à changer habitudes et attitudes. La lutte aux changements climatiques est une tout autre affaire. Pour suivre les consignes du « zéro émission » en 2050, nous devrons changer nos habitudes de consommation et adopter des attitudes draconiennes.

 

Le rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE)[1], publié en mai 2021, insiste sur ce dernier point : pour atteindre la carboneutralité en 2050, l’économie mondiale devra produire et consommer 75 % moins de pétrole et 90 % moins de charbon malgré deux milliards d’êtres humains de plus.

 

Changement de programme majeur, débats et évaluations environnementales devront être raccourcis. Tout comme durant la pandémie, on propose l’obéissance civile et la solidarité sans faille pour régler cette cause prioritaire, à la différence que les sacrifices exigés seront de trente ans et plus, et non un an ou deux.

 

En plus, ce programme ne brille pas par sa simplicité. En pandémie, les directives étaient de trois consignes : restez chez vous, portez le masque, faites-vous vacciner tandis que les Plans Verts proposent de nombreuses mesures très variées concernant un très grand nombre d’acteurs et les interdits font également partie des solutions. Par exemple, il est proposé de bannir le moteur à combustion dans toutes les villes d’ici 2035. Il est probable que la population rouspète de perdre son choix de choisir son type de véhicule.

 

L’Agence pointe la réaction des populations comme étant la principale incertitude et contrainte de changement. Cette cause (changements climatiques) l’emportera-t-elle sur les autres? Notre mode de vie devra changer drastiquement. Serons-nous capables de discipline pour le reste de nos jours?

 

Voilà le défi gigantesque auquel l’humanité devra faire face pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

 

[1] Agence Internationale de l’Énergie, 18 mai 2021, Net Zero by 2050: a Roadmap for the Global Energy Sector. Voir également l’article synthèse de J.R. Sansfaçon, Le Devoir, 26 mai 2021, Un virage loin de faire l’unanimité 


Gaëtan Lafrance, professeur émérite de l’UQUÀM , scientifique et auteur, lafrgaet@gmail.com - Sainte-Julie – Québec - le 6 août 2021

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Le temps, l'amour, le feu 

                          

Ces mois passés ont connu de nombreux drames et faillites qu'elles soient humaines ou matérielles... mais aussi de formidables victoires et réussites collectives et individuelles.

 

Pendant ces temps  d'incertitude, nos sentiments ont été écartelés par des variations de températures .. souvent abyssales. Nous avons vécu frustrations, échecs, vagues à l'âme, désespérance, peur de l'avenir et autres incompréhensions … Jeunes, vieux, riches, pauvres, le monde était soumis à la même loi.


Après  la pensée qui nous a guidés, et que nous avons eu le temps d'approfondir chacun à son rythme, est venu le temps de l'action. N'est-ce pas là le naturel des choses?

 

Notre vie « d'avant » reprend donc peu à peu une voie plus conforme à celle que nous avons connue.... mais sera-t-elle jamais la même ? Fera-t-elle sienne de nouvelles habitudes ou de nouveaux repères pris au fil de ce  temps ….Autres envies, autre regard sur soi et les siens, font déjà naître d'autres projets et d'autres besoins.. plus fondamentaux sans doute, et souvent bien plus éloignés des  appétits  matériels « d'avant ».


Ces besoins, ces projets se rapprochent plus d'une soif de vie que l'on veut libre certes, et plus proche de la nature et des plaisirs simples, et souvent plus sains, qu'elle procure. Comment vivre mieux?  Pas trop d'isolement, pas trop de relations. On recherche l'équilibre... oublié depuis longtemps.


Alors la campagne, souvent décriée voire méprisée, retrouve ses lettres de noblesse. Nos petites villes se repeuplent, nos villages retrouvent vitalité.  L'autre façon de travailler a libéré  nombres de contraintes.  Se recentrer sur sa  famille devient le moteur essentiel de sa nouvelle vie.

 

Ne dit-on pas déjà « avant la pandémie...... » ? En fait après avoir eu du temps.....,  il devient temps de ne pas le perdre pour ne pas se perdre ou se reperdre.  Le travail à domicile, jusqu'à présent mal accepté, est devenu monnaie courante, et les entreprises se penchent sur leur pérennisation, ou tout au moins un meilleur équilibre travail/maison.

 

Alors, la vie « d'après » ne pourrait-elle pas être meilleure que celle « d'avant »?


Regardons ce qui est beau, ne nous penchons pas inutilement sur nos erreurs et regrets. L'homme ne manque pas de ressources s'il sait les gérer avec discernement, inventivité et audace dans ce qu'il peut entreprendre. Faisons-lui confiance, faisons-nous confiance. Il saura mieux mettre en avant le sens du « nous ».  Bien sûr il y aura d'autres excès, d'autres embûches, peut-être d'autres pandémies … 

 

La plante malmenée va redonner fleurs et fruits, parce que nous avons beaucoup appris et un peu retenu.. et que nous savons mieux maintenant ce que nous voulons. Gardons précieusement amitié et amour, ça reste l'essentiel de notre vie. Elle est belle. 


Victor Hugo disait: « Gardez-vous un amour pour vos vieux jours de vieillesse. Allumez de bonne heure un feu pour votre hiver ».


Je crois que beaucoup d'entre nous ont envie de bien préparer leur hiver.  


Mention dans le cadre du projet C'est à ton tour d'écrire s'envole au Théâtre La Doublure de Sorel-Tracy , texte lu  par Mélanie Giroux lors de la  représentation du 24 novembre 2022 - MB

Geneviève BB - retraitée (communications) - Paris - France - le 5 juillet 2021

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