La nourriture

Terreau d’enfance et petit déjeuner


Le matin, le petit déjeuner est sacré dans tous les sens du terme, et remonte à mon enfance. Je n’ai pas besoin de fermer les yeux pour voir défiler les images.

Enfant, j’avais pour rituel de déjeuner avec ma grand-mère les mercredis, samedis et dimanches. J’avais hâte que ces jours arrivent. Lorsque à peine levée, je franchissais la porte de sa cuisine encore en pyjama, que j’entendais le moulin à café broyer les grains. Que son doux parfum embaumait toute la pièce. L’eau frémissante dans la bouilloire, versée doucement, laissait apparaître une mousse onctueuse dans le filtre. L’odeur de noisette de la chicorée. Les tartines recouvertes de beurre salé qui doraient sur la cuisinière, donnaient un parfum de caramel, j’en ai encore l’eau à la bouche rien que d’y penser. Quel bonheur ! Le goût aigrelet de l’écume de confiture de groseille réalisée la veille, les fraises fraîchement cueillies en été. Chaque saison avait son rituel, les crêpes et les oranges l’automne et l’hiver, la compote de pommes fumantes sur la table. Je prenais un bol où étaient peintes des gouttes de café au lait, je le vois encore, il était un peu ébréché sur le dessus. Ma grand-mère me servait le café, avec un Dis petite…, 224 nuages de lait, puis elle se servait, et nous déjeunions face à face. Temps intime de discussions, de regards échangés, de sourires. La radio était allumée sur la station de « Fréquence Nord », un mélange d’informations, de conseils pratiques et de musique. 

Lorsque nous avions terminé, je vois encore les gestes de ma grand-mère; elle rassemble les miettes de pain ou de baguette dans le creux de sa main et m’invite à faire de même en me disant : « Nourrir les oiseaux, c’est prier deux fois ». Nous disposions nos miettes sur le châssis de la fenêtre, et nous admirions ces petits ravis de leur festin de roi, des miettes de beurre et de confiture. Ils connaissaient l’heure du rendez-vous et attendaient patiemment en nous informant de leur présence par leur chant mélodieux. Il était souvent très tôt, le soleil était à peine levé. La fenêtre déjà ouverte pour laisser entrer la fraîcheur du matin accompagné des parfums de rosée sur les fleurs de géranium. 

En vous racontant ceci, je me revois avec ma grand-mère. Je vois son sourire et tout ce qu’elle m’a transmis. L’amour du petit déjeuner et de tout ce qui l’accompagne. Terreau d’enfance, je vous souhaite des matins, des petits déjeuners parfumés.

Texte tiré du recueil: Dis petite...écrit en collaboration :  Laurent Orsucci/Gaëlle-Bernadette Lavisse

Recueil disponible sur demande

©Gaëlle – Bernadette Lavisse - auteure poète écrivaine biographe - 62 Hauts de France – le 7 juin 2023

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Petits meurtres en cuisine

 

Comment voulez-vous ne pas être brouillé ?

Ça commence par les œufs… quand ils ne sont pas battus, ou séparés : la ségrégation est là, les blancs d’un côté, les jaunes de l’autre


Et comme ça ne suffit pas, la crème est fouettée ou brulée.

On ne s’imagine par le martyre où le sadisme apparait dans toute son horreur

La viande est rôtie

Le poulet embroché.  Voyez la barbarie et ce n’est pas fini

Le poisson écaillé

Les bananes sont flambées

L’ail est pilé

Les os sont brisés

L’oignon est piqué d’un clou, il n’est pourtant pas fakir !

Le chou est ébouillanté

Les carottes sont cuites, ça il y a longtemps qu’on le sait

La pomme est pelée, on ne vas pas en faire une montagne, surtout, les chauves

Les épinards hachés

Le poivre est concassé, ça c’est idiot

Les légumes épluchés

Les merguez sont grillées

Les pommes de terre rissolées

Citrons et oranges, pressés. Faut croire que ça urge

Les écrevisses sont prises en tenailles

Comme les noix…aïe, aïe, aïe   Non, je ne parle pas aux infirmes.

La sale passe au tourniquet.  Que peut-elle avouer sinon raconter des salades.

Le fromage est… râpé

Le café est bouilli, «bouillu»… enfin il est foutu.

Le champagne est frappé.


Et les crêpes se font sauter dans l’arrière-cuisine tandis que le « Grand Toqué» assaisonne le marmiton qui cherche désespérément les touches du piano en lui criant que, demain il lui apprendra la mandoline sans se faire broyer les doigts.


Il y a de quoi se faire taper dessus et avoir des bleus.  C’est peut-être la raison pour laquelle il y a des « Cordon Bleu » ?

 

Et attendant à table,


Chaud devant !

 

© Simone Kokot -  Chasseneuil en Berry - France - le 26 mai 2023

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Aliments sains et le parcours de la combattante

 

J’ai récemment vu deux reportages sur le gaspillage alimentaire et les pesticides. Découragée, je suis au désespoir… comme le dit la chanson des Bel Canto, ce qui trahit mon âge. Moi qui m’intéresse à l’alimentation saine depuis plus de 45 ans, force m’est de constater que les choses empirent.

 

D’abord, une mise au point. J’ai mentionné pesticides. Le suffixe « cide », du latin, signifie « tuer » (homicide, suicide). Quand on parle d’insecticides, pesticides, fongicides, on parle de poisons. Or, on les désigne en agronomie par « produits phytosanitaires ». Phyto, du grec ancien phytón, signifie végétal. Sanitaire, du latin « sanitas », santé. Je cherche toujours le terme qui colle le plus à la réalité. Consciente que chaque mot a sa propre énergie, et véhicule une émotion, je pèse mes mots. Ces produits sont des « phytopoisons ». L’écart entre ces deux termes m’indique l’hypocrisie des fabricants des phytopoisons. En Suisse, 360 phytopoisons sont autorisés. On n’a aucune idée de leur effet sur nos santés. Un fruit/légume peut en contenir jusqu’à 17 !

 

Heureusement, j’habite en région métropolitaine avec un accès facile à des épiceries d’aliments naturels. Je mange bio et, contrairement à ce qu’on dit, les fruits/légumes y sont toujours soit au même prix, soit moins cher quand ils sont en spécial, que dans les supermarchés traditionnels. Il y a aussi les fermiers de famille bio avec leurs paniers, des marchés locaux l’été.

 

En parlant des supermarchés, il n’y a pas grand-chose de bon à manger là-dedans. Les fruits/légumes y sont riches en phytopoisons et pauvres en nutriments. Les phytopoisons détruisent les micro-organismes du sol, source des nutriments. Les poissons/fruits de mer sont récoltés en détruisant les fonds marins et les prises non désirables. Huit kilos de poissons sont détruits pour récolter un kilo de crevettes. Les animaux sont élevés dans des conditions de souffrance extrême. Ça les rend malades. Il faut leur administrer des antibiotiques, des hormones, pour les garder à peu près en vie. Quant au reste sur les étagères, les aliments sont presque tous ultra-transformés, cause de maladies chroniques et d’obésité. En plus, ils sont emballés, voire suremballés, dans du plastique, souvent non recyclable. Peut-être de la glace… Mais non, elle n’est pas de source naturelle.

 

Dans ces conditions, manger au restaurant signifie d’ingurgiter une bonne dose de tout ce que je veux éviter. Ça me coupe l’appétit rien que d’y penser. En plus, le transport sur des milliers de kilomètres abîme les aliments souvent traités pour y survivre. Sans oublier toute la souffrance humaine de récoltes dans des conditions déplorables, y compris le bio. Au secours! Je fais quoi? Devant un tel constat, j’ai juste le goût de me volatiliser pour me dissoudre dans le vide intersidéral.

 

Mais, consciente que, de toutes les dimensions où j’aurais pu poursuivre mon évolution spirituelle, j’ai choisi de m’incarner sur la terre. Il ne me reste plus qu’à assumer mon choix. Alors, je choisis cette incarnation sur terre avec ses conséquences. Je l’accepte, l’accueille et l’aime. Tout un programme!

 

Sources

Émission Temps présent, 12.01.2023, Radiotélévision suisse (RTS)

Just Eat it, https://gem.cbc.ca/just-eat-it-a-food-waste-story


© Diane Leblanc - autrice et conférencière - dianeleblanc309@gmail.com - Longueuil - Québec - le 20 mai 2023

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Le chocolat

Je dois avouer que le chocolat me rend sensuelle, il me fait fermer les yeux de satisfaction et me fait murmurer des «mmm» de plaisir. Quand j’en prends un morceau, il me donne l’envie irrésistible d’en prendre un deuxième. Je laisse ce délice royal fondre lentement sur ma langue, j’étire le plaisir pour en apprécier plus longtemps la saveur.  Le plaisir que j’en ressens en le savourant renvoie à mon cerveau un message de satisfaction et de récompense.

Puisqu’il me fait autant de bien, j’ai pensé que ce serait bien que je m’arrête à penser d’où il vient, qui le cultive et qui le transforme.  J’ai  appris que le cacaoyer est un arbre originaire du Mexique qui produit des fèves comestibles aux saveurs différentes suivant les variétés de cacaoyer, à partir desquelles est fabriqué le cacao, le produit de base du chocolat.

Le cacaoyer est un petit arbre de dix à quinze mètres de haut.  Il fleurit à partir de l'âge de trois ans et donne fleurs, fruits et feuilles toute l’année.  Il obtient son plein rendement six à sept ans après sa plantation et vit jusqu’à quarante ans.

Les cabosses, ses fruits, sont de grosses baies allongées ressemblant à de petits ballons de football. Elles contiennent de nombreuses graines regroupées en épis et appelées fèves de cacao.  En moyenne un arbre donne environ cent cinquante cabosses par an, environ de six kilos de cacao.  Le cacaoyer a été domestiqué il y a environ 3 000 ans.

Avant d’être découvert en 1519  par Cortes, le cacao était traditionnellement utilisé par les Aztèques et les Mayas au Mexique et en Amérique centrale.  Il était consommé comme boisson, diluée dans l’eau, parfumée de vanille, à laquelle on ajoutait du piment accompagné d’autres épices, sucré au miel et battu énergiquement pour former une mousse épaisse.

Si son adoption connut un immense succès, c’est grâce aux moines espagnols qui eurent l’idée de substituer le miel par le sucre de canne, le piment par la cannelle, et qui se mirent à la boire chaude.

Exporté vers l’Europe, son succès sera éclatant, mais ce n’est qu’au début du XVIIe siècle que le chocolat s’établit dans les mœurs espagnoles.  Populaire en Espagne, le cacao demeura très longtemps en France à l’usage exclusif de la Cour et de l’aristocratie.

C’est avec l’activité industrielle naissante du début du XIXe siècle que l’industrie chocolatière voit le jour. Aujourd’hui, le cacao est utilisé sous de multiples formes : en boisson, en tablette, en confiseries, en barre, en poudre, en pâtes à tartiner.  Il a sa place dans de très nombreuses occasions : Pâques, Noël, Saint-Valentin.

Aujourd’hui, le chocolat est une matière première qui se négocie en Bourse.  C’est aussi une industrie multinationale milliardaire dominée par des géants comme Mars, Nestlé, Ferrero et Hershey.

Je suis convaincue que le fait de manger du chocolat déclenche instantanément  dans notre système, de la sérotonine, l’hormone du bonheur.

Lorraine Charbonneau – Ex-fonctionnaire de la Fonction publique fédérale - Résidente du Marronnier - Laval – Québec - le 10 août 2022

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Le jardin

J'adore jardiner. Lorsque je pense jardin, je pense à ma grand-mère paternelle. Je revois  dans ma tête son jardin. Qu'il me semblait grand avec ses allées et toutes ses sections. À l'entrée, il y avait une section fleurs. Ensuite, nous y apercevions les différents légumes. Il y avait au fond le maïs. Finalement, au bout du jardin, c'étaient les pommiers.  Que de travail! Mais, que de beauté!

Depuis quelques années, j'ai le mien. Je n'arrive pas à reproduire le jardin de ma grand-mère. L'espace, le temps, l'énergie, tout doit être fait rapidement.  Toutefois, le souvenir du jardin de ma grand-mère demeure toujours gravé en ma mémoire.

Cette année, j'ai décidé de voir cela autrement.  J'ai changé mon jardin d'endroit et il y a une allée au centre. Il y a aussi sept sections. Cela me permet d'avoir une bonne variété de légumes.  Les légumes communs comme les pommes de terre, oignons et carottes côtoient les légumes plus actuels tels que les épinards, courges spaghettis, panais. J'ai aussi une section fines herbes dont je suis très fière. L'estragon, la mélisse, le persil, le fenouil et plusieurs autres font mon délice et agrémentent mon repas. Un peu plus loin du jardin, j'ai des pommiers, framboisiers, kiwis.  J'ai aussi une petite serre dans laquelle se trouvent les tomates, certains poivrons et le gingembre.

Mon jardin est différent de celui de ma grand-mère.  J'ai toutefois gardé l'essence de son jardin. J'aime avoir une bonne variété de produits pour pouvoir nourrir ma famille tout en respectant la nature.  

Aujourd'hui, je me dis que c'est bien que nos jardins soient différents. Pas que mon jardin soit mieux ou pire, mais parce que nous sommes des personnes différentes, à une époque différente. Quand je vais dans mon jardin pour y récolter des légumes, j'ai toujours une pensée pour ma grand-mère. C'est ce qui doit être conservé au-delà de tout. Le jardin nourrit mon corps et ma grand-mère nourrit mon cœur.

Monique Brouillard - retraitée - autodidacte – Saint-Gérard-Majella - Québec -  le 30 juin 2021

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