Dignité

Les mendiants

 

Les mendiants offrent leur richesse aux plus miséreux

Tendre la main quand on ne possède rien, c’est presque tout

Une soupe et un peu de pain, c’est déjà beaucoup

Un sourire, une parole dans les vagues et les creux.

 

Ils deviennent l’essentiel aux affres des indigents

Les sans argents offrent le prix de ce qu’ils n’ont plus

Leur maigre revenu au dernier rang des exclus

Pour survivre ou périr à l’heure d’un souffle errant.

 

Les mendiants sont ceux qui possèdent encore moins qu’eux

Dans les apparences mais tellement plus en profondeur

De leur pauvreté, ils ont unifié leur grandeur.

 

Ils sont la richesse de n’avoir rien ou si peu

Recueillant leurs larmes comme une eau d’indifférence

Servant à refleurir une part d’espérance.

 

Michaël Blauwart - écrivain - journaliste - poète - Premier Prix Littéraire pour ses écrits sur la langue de Molière (octobre 2021) et la Médaille d'étain remise par la Société des Arts et Lettres à Paris pour l'ensemble de sa carrière (septembre 2021) - Bazas - petite commune de Gironde - France – le 19 juin 2023                                                                                             

*********

Mon amie, la résilience 

 

Depuis mon enfance, que je te connais,

Au travers de mes souffrances,

Tu as fait que je renaisse,

Que serais-je sans toi au travers de mes souffrances.

 

Souvent, on m’injuriait, me blessait aussi,

Alors, tu arrivais tellement vite,

Si vite que tu étais déjà ici,

Pour me rappeler que ma vie ne serait plus ce supplice.

 

Nous avons grandi ensemble,

Sans pour autant éviter les peines et les misères,

Avec toi, j’ai appris tout ce qui me semble,

Être la manière de mieux vivre qu’hier.

 

Même à genoux, j’ai pu me tenir debout

Devant ces gens qui me regardaient.

En vain, j’ai appelé à l’aide, personne ne me voyait

Mais, toi la résilience me répondait toujours, à tous coups.

 

Maintenant que je suis ici, et grâce à toi,

Je suis enfin debout devant ma vie

Toi, tu me disais, que j’avais la Foi en moi,

Cela est vrai, même si j’en suis surpris.

 

Mon amie, la résilience,

Je t’aime et te remercie,

Ma vie t’est dédiée en silence,

Qui serais-je sans toi, mon amie la résilience.

 

Kim Pérusse – auparavant adjointe administrative pour un organisme communautaire en santé mentale - Salaberry-de-Valleyfield - Québec - le 9 mai 2023

********

Rien dans les poches, mais…


Tu n'as  rien dans les poches

Mais tu as des mains à tendre

Tu as des pieds pour errer

Tu as des yeux pour admirer

Tu es une personne remplie de noblesse.

 

Tu n'as rien dans les poches

Mais parfois tu nous lances un sourire

Ton visage se laisse caresser

Tu prends le temps de respirer

Que de tendresse


Tu n'as rien dans les poches

Tu entres pour un bout de pain

Un café, ou te mettre au chaud

Sans savoir que sera demain

Que de hardiesse


Tu n'as rien dans les poches

Pourtant, tes yeux brillent

Tu écoutes le chant des oiseaux

Et tu gardes ton cœur bien au chaud

Que d'allégresse


Tu n'as rien dans les poches

Mais ton cœur est à partager

Il ne demande qu'à être enlacé

À qui saura l'amadouer

Que de richesse 

Mention: texte lu dans le cadre de l'émission Poème sur Radio La sentinelle, Rouen (France) le 25 janvier 2023 - Participation au projet d'écriture d'un poème pour les plus démunis.  Émission animée par Laura Rucinska et Camille Decure. HT


Monique Brouillard - retraitée - autodidacte - Saint-Gérard-Majella - Québec - Canada -  le 29 décembre 2022

********

Il faut parfois tant de courage!


Il faut parfois tant de courage pour continuer son chemin

Tant de force et de volonté qu’on ne sait plus où les puiser.

La vie se charge de nous offrir un panachage d’évènements

Dont les plus beaux mémorisés sont un véritable trésor.

Ils permettront de rebondir se souvenant des jours heureux

Et d’entrevoir avec confiance les lendemains qui nous attendent.

Dans cette marche dont les tunnels parfois si sombres nous oppressent,

Un chant d’oiseau, un beau sourire, une parole réconfortante

Apaiseront la solitude qui envahit notre moral

En nous guidant vers l’espérance qui embellit le fil du temps.

Mention: texte lu dans le cadre de l'émission Poème sur Radio La sentinelle, Rouen (France) le 25 janvier 2023 - Participation au projet d'écriture d'un poème pour les plus démunis.  Émission animée par Laura Rucinska et Camille Decure. MB


Marie-France Lefebvre -  Anciennement directrice d'un jardin d'enfants - Boulogne Billancourt - France - le 29 décembre 2022

********

Et puis un jour plus fort que brûle le soleil

Je me suis enfin retrouvée,

alors que j'étais perdue.

Pour toi j'ai tout fait, pour toi j'étouffais,

la vie comme un dû.

Je t'ai toujours fait passer en priorité,

trop occupée à veiller sur ton bonheur.

Mais toutes tes critiques et tes mensonges m'ont prouvé mon erreur,

je me suis enfermée un peu plus chaque jour dans ma bulle.

Marchant comme un funambule,

renforçant ma carapace, j'étais enfin prête à te quitter.

Ne plus souffrir, avancer pour m'aimer pour de vrai,

à partir de là, j'ai découvert la vie comme un don

où j'ai appris à vivre le pardon.

Je n'avais pas encore conscience du poids de cette décision dans ma petite vie,

moi qui ne supportais pas l'abandon.

Bien sûr j'ai souffert; détruite, il fallait me reconstruire,

j'avais le coeur en miettes, mais j'étais libérée de ce lien toxique.

Comme une évidence, j'ai trouvé ma voie,

j'ai évolué et saisi de nouvelles opportunités.

J'ai fait des rencontres merveilleuses, et lié de nouvelles amitiés,

alors que pour toi, je n'avais aucun talent, projet ou ambition.

J'ai prié, médité, et retrouvé ma plus grande passion pour la lecture et l'écriture.

Et même, si tu as réussi à me briser en mille morceaux, aujourd'hui après bien des années, je suis ma meilleure amie.

Pour ça, j'aimerais te remercier car c'est avec une force vive que je peux dire : femme, deviens qui tu es.

©Gaëlle – Bernadette Lavisse - auteure poète écrivaine - biographe - Hauts de France 62 - le 11 septembre 2022

 ********

Le rat dans la soupière

Le rat dans la soupière,  j’ai retrouvé cette situation dans mon pays de naissance, au retour d’Afrique.  À cette époque, je devais avoir onze ans. Lorsqu'en classe, la question a été de savoir d’où je venais, le surnom nègre blanc m'a encouragé à faire l’école buissonnière.


Sans pouvoir m'expliquer, mon père m'inscrit en pension chez les frères des écoles chrétiennes. Là, je me suis senti comme le rat dans la soupière et quand je me rebellais, clac! Mille lignes le dimanche. Quelques années plus tard, ne pouvant pas accéder aux études de mon choix, ma mère m'envoie travailler en usine, puis le service militaire obligatoire et enfin un système éducatif qui ferme sur moi le couvercle de tout espoir.


Je quitte le pays sur notre voilier avec ma compagne et ma boîte de peinture. L'opportunité m'amène à rencontrer, en Polynésie, un mécène. Pendant mon apprentissage avec cet artiste des beaux-arts, mon maître a résumé ma situation.


Pour en venir à une anecdote qui m'est arrivée dernièrement: installés à Sorel-Tracy depuis notre retraite, alors que nous étions au supermarché, ma compagne et moi nous nous faisons chicaner par la caissière. Tandis que je donne mes explications, un client derrière ma conjointe me lance des insultes à propos de mes origines. Il y a bien longtemps que j'ai entendu de telles insultes à propos de mon état d’émigrant. Je me suis senti si offensé que je cherche encore à échapper à la soupière, et le couvercle de mes origines me tombe dessus une nouvelle fois.


Je comprends, et cela depuis ma jeunesse, le pouvoir lâche et dévastateur de la ségrégation lorsqu'il est exprimé en public sur une personne différente.


Mention dans le cadre du projet C'est à ton tour d'écrire s'envole au Théâtre La Doublure de Sorel-Tracy , texte lu  par Carmelle Rousselle lors des  représentations du 22 septembre et 24 novembre 2022.


Dominique-François Rochefort - peintre-graveur - Sorel-Tracy - Québec - le 25 avril 2022

********

L’âgisme, une forme d’intimidation


Quand des regroupements parlent d’intimidation dont les personnes âgées sont victimes, notamment, la maltraitance physique mais de plus en plus psychologique, ils ajoutent l’âgisme.  C’est une face cachée de l’intimidation.  Elle est subtile, insidieuse, répandue dans toute la société et elle crée des tensions intergénérationnelles inutiles.


Parmi les exemples d’âgisme, mentionnons celui d’affirmer que le vieillissement est la cause de la hausse des coûts de la santé.  En premier lieu passe le coût des médicaments, le salaire des médecins, les nouvelles technologies et les investissements en immobilisation.  Donc le vieillissement arrive au cinquième rang de ces facteurs. 


Puis viennent les dirigeants de toutes ces résidences qui poussent comme des champignons, de leur opportunité d’accumuler des tonnes de profits provenant directement du compte bancaire de leurs résidents.  Tout est prétexte à une augmentation des services connexes à l’hébergement. 

Dans ces lieux, cette intimidation revêt différentes formes et différents visages.  Il faut être très critique pour les débusquer.  Les employés sont le reflet des dirigeants.  Et qui sont ces dirigeants à part des gens d’affaires?  Combien d’heures de formation donnent-ils à leurs travailleurs pour leur permettre d’intégrer le code d’éthique afin de bien accomplir leur tâche de manière plus humaine et plus respectueuse. 


L’intimidation et le harcèlement sont souvent difficiles à cerner et malheureusement très rarement dénoncés par ceux et celles qui en sont victimes.  Les bénévoles des lignes téléphoniques sont démunis pour aider.  Ils lancent la balle à d'autres organismes démunis aussi. 


Madame la ministre des aînés, quand y aura-t-il une police des résidences, anonyme, pour découvrir les harceleurs et intimidateurs?  Quelqu’un qui saura reconnaître des gens de grandes expériences que sont ces gens qui y résident. 

 

Angéline Viens - retraitée de l'enseignement - lauréate d'un concours littéraire en 2007- Brossard - 9 octobre 2021

******** 

Ceux de la rue

 

 

Je les ai regardés

Pourtant je n’ai rien vu,

Mes yeux étaient fermés

À chaque coin de rue.


Pourquoi étaient-ils là,

Cachés dans des cartons

Amassés ça et là,

Au milieu des haillons ?


Je ne voulais pas voir

Ce qui me dérangeait ;

Je changeais de trottoir.

Au fond je m’en voulais


Puis enfin j’ai osé.

De paroles en paroles

Ils m’ont tout raconté,

Pourquoi ils sont au sol.


Bousculant ma conscience,

J’ai compris que la vie

Chavire l’existence

Même des plus nantis


Maintenant je regarde.

Personne n’est à l’abri

De perdre par mégarde

Tout ce qu’il a acquis.

Neuville, octobre 2014

©Simone Kokot - retraitée - Chasseneuil en Berry - France - le 9 juillet 2021

********