L'écriture en folie

Voici un exercice d'Écriture en folie proposé par Monique Brouillard

 le 18 octobre 2023

Les feuilles

Consignes

Les feuilles, qu'elles soient vertes, jaunes ou rouges, à vous de choisir. Mettez-y de la folie.


Phrase de départ: Quand je me suis levé (e)


Mots obligatoires : folie, couleur, partout, tête, livre 

Titre :  surtout n'oubliez pas de donner un titre autre; utilisez votre imaginaire.

Longueur du texte : 225 mots maximum

Bonne inspiration et bon exercice de création

Procrastination 

Quand je me suis levé, je l’ai vue. Langoureusement allongée sur mon bureau, à côté d’un livre. Elle s’était habillée de rouge pour mieux me séduire, mais je n’avais pas l’intention de céder à cette nouvelle folie.

Le lendemain, à mon réveil, elle était là, paresseusement alanguie, habillée de jaune.

Le surlendemain, en ouvrant les yeux, elle me regardait indolente, vêtue de bleu.  

Au quatrième jour, j’émergeais d’une nuit de sommeil pour la découvrir couchée dans un halo de rose.

Au cinquième jour, quittant les bras de Morphée, elle m’observa immobile, nimbée de gris.

Le sixième jour, j’avais l’impression de la voir partout, mélancolique et revêtue de violet.

Le septième jour, elle se présenta blanche, avec en en-tête quelques mots griffonnés.

Je me penchais et déchiffrais :

« Bonne inspiration et bon exercice de création » - Signé Monique Brouillard.

Tout me revint en mémoire. Depuis trois mois, j’avais sans cesse repoussé l’échéance pour écrire un texte sur les feuilles, espérant que Monique oublierait.

Le vent s’engouffra soudain par la fenêtre ouverte et emporta la feuille vers un arbre. Celle-ci s’accrocha aux branches et prit une jolie couleur verte. Sur le bureau, la surface de chêne vieilli était parfaitement lisse.

Le lendemain, quand je me levais, langoureusement allongée sur mon bureau….

Isabelle Giraudot - retraitée de l’enseignement - Plogoff (département du Finistère) - France - Octobre, texte reçu le 20 novembre 2023

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Un kaléidoscope 

 

Quand je me suis levée ce matin, le rouge m’est monté à la figure. Le rouge? Non, pas le rouge habituel qui envahit nos joues et nous fait avoir l’air en bonne santé, le rouge de l’érable, sis derrière notre condo et qui, accompagné de ses compères érables, chênes, tilleuls et autres nous éblouit de plus en plus chaque jour.

 

Cela m’est monté à la tête, cette couleur sanguinaire, au point où j’ai ressenti une joie au coeur, comme si je venais d’être apostrophée par en-haut!

 

J’ai admiré, comme toujours, cette folie de la nature, ce déploiement de nuances, toutes plus vives les unes que les autres… et je n’ai pu m’empêcher de penser à tout ce que je possède, non seulement de matériel mais aussi d’humain et même de divin. J’aime l’automne et toute sa garde-robe de couleurs.

 

Une rafale a soudain secoué mon érable : des feuilles se retrouvent partout lorsqu’une d’entre elles vient atterrir sur mon livre ouvert, posé sur mes genoux.

 

Je suis heureuse à la pensée que je vais fouler ces amoncellements avec joie, respirant l’agréable odeur d’humus si caractéristique.

 

Les épinettes viennent trancher ce boisé de leurs teintes bleues et vertes, ainsi qu’un petit mélèze, tout vert qu’il est du haut de ses récents bourgeons; ce dernier se profile et complète l’harmonie terrestre qui nous entoure.

 

Hélène Landreville retraitée du monde médical Brossard Québec Canada le 21 octobre 2023

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Éclats d’automne

Quand je me suis levée, les bras chargés de feuilles d’érable de couleurs éclatantes, j’avais en tête de les relancer partout en l’air. J’avais envie de cette petite folie qui me ramène à l’enfance. Puis mes yeux ont aperçu le miracle de ces feuilles. Toutes tombées d’érables dans un seul coin de parc, les feuilles n’avaient rien en commun dans leurs transformations. Aussi uniques que des flocons de neige ou des empreintes digitales, les feuilles perdaient leur vert différemment. Sur un banc, j’ai aligné une trentaine de feuilles et pas deux ne contenaient le même mélange de nuances ni la même composition visuelle. Une feuille rougissait du centre timidement, une autre jaunissait sans la moindre trace de rouge, une autre ne cédait que ses pointes à l’orange gardant fièrement son vert foncé au centre. Tout comme les livres dont les pages peuvent raconter des millions d’histoires différentes, avec ou sans illustrations, les feuilles d’érable ne tarissent pas de créativité en passant de l’été à l’automne.

Charlotte Boulanger – auteure et créatrice – Montréal – Québec – le 19 octobre 2023

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