Ouverture

L’amour a évolué

Il y a 18 ans, il avait 67 ans.

À la suite du décès de son amant avec lequel il a vécu 33 ans d’amour, il effectue des recherches sur les réseaux sociaux depuis 6 ans sans de résultat probant.

Bien entendu il a tout de même des aventures d’un soir ou même de quelques jours. Il ne s’en fait pas plus qu’il faut, mais il espère et souhaite une rencontre durable. Il vit seul, habite un bel et grand appartement où maintenant il y a une grande chambre vide. Il est à l’aise financièrement et possède une auto.

Oh! Oh! Un bon matin, il reçoit un courriel différent de ce qu’il reçoit habituellement. Le correspondant demande un contact virtuel. Sans hésiter, il fait le contact.

Un grand monsieur, aux yeux d’un bleu d’azur, se présente, tout souriant. (Immédiatement il lui plaît). La conversation est positive, fluide. Ils communiquent journalièrement pendant plusieurs jours.

Ainsi, il lui donne des détails sur lui, sa famille, son travail avant sa retraite, ses amants antérieurs, sa situation actuelle.

De son côté, il détaille sa situation : en voie de divorcer, perte de son travail dû à la faillite de la compagnie. Également, il détaille sa double vie d’hétéro et d’homo, ayant eu un amant pendant plus de 10 ans. Il a 44 ans et a une auto. Il aimerait venir vivre avec lui et quitter la grande ville.

Donc, en juillet, il arrive avec tout son énorme ménage. Il lui cède la grande chambre. Ils vivent heureux. Il cherche à se trouver un emploi stable, mais dans la région, les possibilités se font rares. Finalement, après plusieurs tentatives, il trouve un travail permanent, mais à Montréal. Donc, il doit voyager matin et soir et se payer une heure de trajet deux fois par jour.

C’est pourquoi, au bout de 3 ans, ils acceptent conjointement de déménager sur la Rive-Sud de Montréal.

Sa santé s’est détériorée et l’oblige à arrêter son travail physique. Il doit chercher un travail moins demandant physiquement.

Lui attrape un virus, une fibrose idiopathique, qui affecte ses poumons et limite ses activités.

Après quelques années, l’amour du début s’est transformé et la relation se limite maintenant à celle de colocs. Bien entendu ils ont créé des obligations réciproques qui les obligent à demeurer ensemble. Ils vivent tout de même heureux.

Un exemple d’évolution de l’amour même chez les homosexuels.


Gilles Capistran - autodidacte - Longueuil - le 24 août 2022

********

Quand tout va bien

Quand tout va bien,

J’ai de l’énergie

Je suis active jusqu’à la nuit.

Quand tout va bien,

Je suis optimiste, je ris

Et tout me réussit.

Quand tout va bien,

Je suis de bonne humeur

À n’importe quelle heure.

Quand tout va bien,

J’ai plein d’envies

Et jamais je m’ennuie.

Quand tout va bien,

Je prends mon temps

Pour apprécier chaque instant.

Quand tout va bien,

J’écoute les oiseaux chanter

Et le vent souffler.

Quand tout va bien,

Je rencontre mes amis pour bavarder

On a tant de choses à se raconter.

Quand tout va bien,

Je cuisine des plats élaborés

Salés et sucrés pour le déjeuner.

Quand tout va bien,

Sur mon carnet je vais dessiner

Écrire des mots, et chanter.

Quand tout va bien,

Je plante des fleurs dans mon jardin

Pour sentir leur parfum dès le matin.

Quand tout va bien,

Je remercie la vie

Qui me sourit.

Quand tout va bien,

J’ai des messages à faire passer à toute l’humanité

Respirez profondément, bougez, partagez, vivez pleinement sans hésiter !

Cécile Chancerel - joaillier créateur de bijoux uniques - La Baule - Presqu'île de Guérande - France - le 24 avril 2022

********

Le fou de la montagne (1961) Même personne-époque différente


Le corbeau avait supplié le soleil

De se lever pour faire jaser la nature.

Au moment où le froid m’avait tiré de mon sommeil.

J’avais lentement quitté la tente sans un murmure


Non sans avoir fixé les paupières de Jean, mon ami.

Mon éternel copain dormait comme un ange

Chaudement emmitouflé dans ses langes.

Je regardai alors le lac où nous venions nous imbiber de vie.

Je m’assis sur un tronc de saule mort;

Mes pieds jouaient avec les vagues

Et mon cœur leur contait des blagues.

Mais elles lui dirent qu’il avait tort.

Un bohémien aurait dit un poème à l’eau

En choisissant des mots inédits.

Le franciscain, lui, aurait rappelé au corbeau

La drôle histoire du fromage maudit.

Soudain la voix de Jean me tira de mon rêve.

«Camarade au poste ! allume le feu

Et tâche de ne pas manquer les œufs

Ils seront tous à toi si tu les crèves ».

J’éclatai de rire et le fou de la montagne

A ri comme moi dans sa bonne humeur

Il vivait ainsi, loin des hommes, sans compagne

J’aurais voulu savoir de quoi il faisait son bonheur.

Je lui avais parlé la veille avant de me coucher.

Je l’avais trouvé stupide comme mes pieds

Car il disait la même chose que moi

J’ai quand même voulu l’entretenir une dernière fois.

Je criai : « Tu es fou, pauvre badeau »

Il répéta exactement les mêmes mots.

Jean ricana : « Qui des deux est le plus sot ? »

Et je décidai de ne plus insulter l’écho.

Le guet de la vie qui s’accroche (2021)

Mon cadran qui sonne après le lever du soleil.

La routine me conduit à la chambre de ma douce moitié.

Important de savoir si elle est partie dans son sommeil

Ou si je peux voir sa poitrine légèrement se soulever.

Elle entend mes pas de loup près du lit

Elle soulève ses lourdes paupières.

« Bonjour ma chérie » entraîne un « bonjour mon chéri »

Il y a vie dans notre chaumière.

C’est l’après-midi au moment de la commune pause.

Je suis encore fasciné par la vie avec son fameux fil.

Passée la période où faut toujours un brin de cause

On se berce et dans le silence doucement le temps file.

Je la regarde de biais, surtout ses doigts

Pianotant sur sa tablette comme sur son piano

Exécutant les directives précises de son cerveau.

Bel hommage à sa vie qui réclame encore ses droits.

Je viens de faire une découverte merveilleuse.

Le fil de la vie est fait de fils multiples enroulés ensemble

Ils sont en interconnexion constante à ce qu’il me semble.

De là le mystère qui, de jour en jour, la rend encore heureuse.

Me revoici couché face à ma fenêtre entr’ouverte

Je perçois le jeu du vent dans les feuilles de mes bouleaux

Me parvient aussi le gazouillement des oiseaux en écho

Et je goûte chaque seconde de la manifestation vitale qui m’est offerte.


Jean-Louis Bonin - ex-professeur - ex travailleur social - Sorel-Tracy - Québec - le 3 juillet 2021

********