L'écriture en folie

Je marchais dans la nuit - proposé par Hélène Turmel

CONSIGNES

Phrase de départ: Je marchais dans la nuit

Début de la phrase finale : Je marchais dans la nuit

Mots obligatoires: lumière - deux - jamais - rapidement - voisin - gâteau - amour - vrai - peut-être et insidieusement

Titre : Rajout d'un titre relatif à votre texte

Maximum de mots : 250 mots

Bon exercice de création et beaucoup de plaisir

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Dommage !

Je marchais dans la nuit pour le rejoindre, il pleuvait si fort ce soir-là. L’odeur et le bruit de la pluie me caressent encore. Je le vois encore assis à cette table de jeu. Lorsque nos regards se sont croisés. Je quitte la salle du casino, il se fait tard, je tombe de fatigue. Un taxi s’arrête à mes côtés et me raccompagne jusque chez moi. Seule la lumière des phares éclairait la route. Puis, le voilà qui arrive à hauteur de ma voiture, et frappe à la vitre, nos regards se croisent intensément. Le chauffeur s’arrête, et descend de la voiture nous laissant seuls tous les deux. Nous étions amoureux l’un de l’autre, que je croyais que rien ne pourrait jamais nous séparer. Son regard était si lumineux.

Rapidement, ses voisins de table de jeu ont compris qu’il se passait quelque chose, il n’était plus du tout concentré et perdait les manches. Ils se sont saisis du gâteau. Il en avait oublié ses gains. Il n’avait qu’une seule chose en tête, retrouver cette fille qu’il avait aperçu au fond de la salle, celle perdue dans ses pensées. Celle rencontrée quelques heures auparavant. Cette relation était-elle vraie ou rêvée peut-être.

Insidieusement son apparence reprenait une figure réelle. J’avais rêvé, il s’était évaporé. Je marchais dans la nuit tentant de retrouver ce lieu qui n’existait que dans mon rêve. Dommage !

© Gaëlle Lavisse - auteure - écrivaine - biographe - poète - ECQUES - Pas-De-Calais - France - le 25 avril 2021

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Au travail


Je marchais dans la nuit. Le thème est donné. Deux cents cinquante mots à écrire. Au tout début, je pense, un peu rapidement que ce sera rapide et vite fait. C’est facile en vrai. Je me lance.


Je marchais dans la nuit, le long du boulevard, il y avait peu de lumière, à part peut-être celle d’un ou deux réverbères qui s’ennuyaient. Ça vient. Je m’accroche. D’ailleurs, j’ai déjà réussi à caser plusieurs mots imposés. Il n’y a pas de raison pour que je n’arrive pas à la fin de l’exercice.


Insidieusement, je m’éloigne de ma table de travail, l’attention détournée par un reste de gâteau du dîner qui dort dans le frigidaire. Après un petit bout vite avalé, je me sermonne. Ce n’est pas sérieux. J’ai promis à Madame Turmel de participer à cet exercice d’écriture. Allons ! au travail !


En bas de l’escalier, la porte claque :

- Tu es là, mon amour ?

- Oui, j’écris, en haut.

- Je viens de croiser le voisin. Il se plaignait de bruit, dans la rue, tu n’as rien entendu ?

- Non, rien du tout, mais lorsque je suis concentrée sur ma tâche, tu sais bien que je n’entends jamais rien.

- Et, tu es contente de ce que tu as fait ?

- Presque.

- Ça parle de quoi ?

- « Je marchais dans la nuit » introduit le contexte, il ne reste plus qu’à inventer le reste.

Isabelle Giraudot - retraitée de l’enseignement - Plogoff (département du Finistère) - France - le 17 avril 2021

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Nuit et pandémie - voir photo sous l'onglet L'inhabituel


Je marchais dans la nuit, parcourant les rues de ma ville qui s’était endormie sur le chaos de la veille. La journée avait pourtant bien commencé, la lumière du soleil printanier avait réveillé une soif de s’aérer auprès de la population confinée.


Les espaces verts de la capitale s’étaient rapidement remplis de familles, voisins ou amis venus respirer : des amoureux se promenant par deux, d’autres pique-niquant dans l’herbe autour d’un gâteau, des enfants riant et courant au milieu des chemins fleuris.

Cette joie débordante semblait redonner vie à la capitale le temps d’un après-midi.

Un peu plus loin, quelques jeunes s’étaient retrouvés aussi afin d’échapper un moment à leur isolement. D’abord une dizaine, puis une centaine, peut-être des milliers en fin de journée à chanter leur vrai bonheur de se retrouver, de se rassembler, de sortir de leur chambre et respirer.

Les autorités alertées, des rangs impressionnants de policiers et boucliers ayant pour mission de les évacuer sont arrivés. Les autopompes se sont mises à fonctionner, les cavaliers à les charger : scène surréaliste d’une jeunesse encerclée plus que jamais en manque de liberté. Un photographe, passant insidieusement par-là, a capté ce moment si parlant : la force de l’amour au milieu de cette cacophonie.


Je marchais dans la nuit mais le couvre-feu imposé me rappelait de rentrer : interdit de sortir à cette heure-ci… Alors pensive, assise sur mon lit, je rêvais dans la nuit à un monde où nous serons à nouveaux tous réunis.

©Joëlle Laloy – travaillant dans le secteur de la santé – maman solo – Bruxelles – Belgique – le 5 avril 2021

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Les amants maudits

Je marchais dans la nuit… rapidement pour éviter la lumière,

Jamais ce rayon ne m’avait si insidieusement inquiété,

On me cherchait…

Peut-être que j’aurais du rester caché chez mon voisin,

À nous deux, nous aurions pu défendre notre amour interdit,

Car on s’aimait…

Avait-on à craindre une dénonciation de notre complicité

Sans doute un crétin pieux avait vendu le gâteau,

Je me cachais…

Même si ce désir était vrai, ce rayon m’inquiétait

On me cherchait, furtivement je fuyais…

Je marchais dans la nuit.

Claude Pelletier de l'Alliance Culturelle - retraité - Ahuntsic - Montréal - Québec - le 1er avril 2021

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Insomnie


Je marchais dans la nuit.

Depuis deux semaines je souffrais d'insomnie.

Jamais je n'avais vécu cela.

Peut-être était-ce les gâteaux cuisinés par ma mère que je mangeais tard le soir?


C'est vrai que mon amour du sucré avait insidieusement et rapidement créé cette mauvaise habitude.

Je me devais de faire la lumière sur cette façon

d'agir.


Depuis trois jours, j'ai cessé mes collations, je ne grignote plus; rien ne fonctionne.


Devinez mon voisin hier m'a aperçue alors que je marchais dans la nuit.


Lise Houle - retraitée du monde du secrétariat - Saint-Lin-des-Laurentides - Lanaudière - Québec - le 29 mars 2021

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L'auteur a choisi de faire l'exercice en ne suivant pas l'ordre des mots obligatoires proposés dans les consignes de cet exercice

Peur d'avoir peur

Je marchais dans la nuit. Tout est différent sans la lumière du jour. J’ai refait un de mes parcours habituels juste pour voir la différence. J’ai vite remarqué que je marchais plus rapidement qu’à l’habitude. La nuit, on devient plus suspicieux. Peut-être pour rien, mais malgré mes efforts pour me concentrer sur la musique dans mes oreilles, la peur restait insidieusement présente à chaque fois que je croisais un coin sombre. Mon esprit s’affolait. Si jamais il m’arrivait quelque chose…

Pour me calmer, je m’efforçais de respirer lentement; je comptais les poteaux de téléphone, un, deux, trois; je m’arrêtais devant les devantures des restaurants pour lire les menus : soupe, sandwich, gâteau pour 9.95$; sous la marquise du cinéma est affiché un film d’amour.

Ça occupe l’esprit toutes ces distractions. Tellement que j’ai fini par presque oublier mes craintes. Il serait plus vrai de dire que je les ai plutôt apprivoisées.

Au bout de la rue, il y a un parc où j’ai même osé m’asseoir sur un banc. Dans un film de peur, c’est le moment où un individu louche agrippe l’héroïne par derrière. J’ai résisté aux entourloupettes de mon imagination et j’ai profité du moment.

Tout à coup, j’entends des pas. Fini le calme, ça bourdonnait dans ma tête, s’il fallait… Tout apeurée, je me retourne et me prépare à m’enfuir quand j’entends une voix familière qui m’interpelle.

Je marchais dans la nuit et c’est en compagnie de mon gentil voisin que nous sommes tranquillement retournés vers nos maisons.

Danielle Beaulieu - retraitée de la Commission scolaire Chemin-du-Roy et de la CSN - Trois-Rivières - le 29 mars 2021

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Cette fois-ci l'auteur a choisi de faire l'exercice en suivant l'ordre des mots obligatoires proposés dans les consignes de cet exercice


Révélation, imagination et indignation

Je marchais dans la nuit. J’étais seule. Je ne le suis pas souvent et ça me manque. J’avais l’impression de faire quelque chose d’extraordinaire. Pourtant, je ne faisais que marcher dans la ville où je suis née. Mais elle me semblait étrangère, du moins, pas comme d’habitude.

Sous la lumière d’un réverbère, deux amoureux s’embrassaient goulûment. J’ai embrassé et je le fus souvent à de nombreux endroits, mais jamais sous un réverbère comme on voit dans les films. Faudrait que je m’y mette avant de mourir!

Au fil des pas, des idées saugrenues m’envahirent et rapidement, mon cœur battit la chamade. Et si mon voisin était quelqu’un d’autre la nuit venue, comme Dr. Jekill et Mr Hyde? Ben voyons, qu’est-ce qui m’arrive? Calme-toi!

J’errai jusque dans un coin un peu crado du quartier. Des emballages de P’tit gâteau Vachon traînent par terre alors que des poubelles sont à côté. Ça manque d’amour par ici et ça m’exaspère au plus haut point ce manque de respect. Le respect d’autrui, le vrai, ça doit bien commencer par un geste aussi simple et banal que de jeter à la poubelle un papier usé. Peut-être suis-je trop exigeante en vieillissant? Est-ce que, insidieusement, je deviendrais intolérante? À bien y réfléchir, je préfère être exigeante et intolérante face à l’incivilité et au manque de respect.

Je marchais dans la nuit et ce fut une expérience révélatrice car c’est un moment où les choses du quotidien prennent une tout autre dimension que ce soit un baiser, une crainte insensée ou une indignation.

Danielle Beaulieu - retraitée de la Commission scolaire Chemin-du-Roy et de la CSN - Trois-Rivières - le 29 mars 2021

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