Autobiographies

Courte autobiographie de Colette de Sorel

J’ai soif d’apprendre

L’apprentissage se fait tout en douceur. Alors que je débutai mes apprentissages et la vie en groupe en tant qu’élève dans les années 1954, je faisais mon petit bonhomme de chemin. Au tout début, je devais faire deux allers-retours quotidiennement à pied. Je réussissais bien en classe, et encore mieux durant mes trois années de cours commercial offert dans un couvent de religieuses dans ma ville.

J’apprenais et je peux dire sans me tromper, que la grande qualité des professeures y était pour quelque chose. Mon bulletin montrait de belles notes et mes parents en étaient fiers. La sténographie et l’anglais me plaisaient tout particulièrement. La comptabilité, malgré le grand dévouement du professeur me donnait du fil à retordre. Tout ça n’était qu’une série de chiffres. Mon cours de dactylographie était une nouveauté pour moi. L'enseignante trouvait toutes sortes d’idées amusantes de façon à nous améliorer. Cela m’a bien servi. Je réussissais très bien. Il en était de même pour la sténographie. Dans les années du primaire, je considère que l’on apprend parce que nous y sommes obligés, il en est tout autrement dans les écoles actuelles.

À la fin de mon secondaire, je me suis tout de suite retrouvée sur le marché du travail; en plus dans mon domaine, le secrétariat. Là encore, je poursuivais mon apprentissage et solidifiais mon expérience qui dura 8 ans. Trois écoles firent de moi une bonne employée. J’étais dans mon milieu : je travaillais dans le public et les cinq patrons qui me dirigeaient étaient bons avec moi. J’étais toujours en apprentissage, soit de bien faire son travail dans un laps de temps donné, être polie, diligente sans cesser d’apprendre. Mes compagnes de travail et moi avions une bonne entente.

Je sortais avec mon amoureux et nous décidâmes de nous marier. Je désirais avoir des enfants très tôt étant dans la jeune trentaine. Par choix personnel, je préférais rester à la maison pour bien les élever.


Une autre vie débuta pour moi. En premier lieu, une vie de couple doublée d’une vie parents-enfants. Aucun livre n’existe sur la manière de tenir un enfant dans ses bras, de distinguer les différents pleurs, de les soutenir dans leurs apprentissages à l’école, etc. N’ayant plus le temps de lire pour la détente, ni même de mettre en pratique ce que j’avais appris au secondaire, les enfants, le mari, la maison constituaient désormais mon seul apprentissage. Cette expérience n’a pas de prix.

Plusieurs années passèrent, et lorsque mon mari prit sa retraite, je repris contact avec les livres, la pratique de certains sports. Puis lorsque je m’embarquai dans différents groupes communautaires, je me suis sentie revivre. Cela me faisait du bien de sortir de la maison. Nous partagions nos expériences de mères, le tout entremêlé de rires joyeux et de discussions franches. J’ai renoué avec le tricot de mon enfance, et je me suis même retrouvée élève dans un cours de mémoire active. L’apprentissage reprenait ses droits. Avec une professeure patiente, compréhensive et agrémentant les cours, c’est facile d’apprendre et même d’apprendre en jouant.

Tous ces groupes m’apportèrent de beaux moments. N’oubliant pas mon corps vieillissant, je suivais également un cours de yoga stretching. La professeure connaissait bien son métier et se faisait un devoir de répondre à toutes nos questions. C’était vraiment super, le tout était agrémenté d’une douce musique. Je n’aurais manqué cela pour rien au monde.

Le COVID-19 arriva en mars 2020. Tout se passa bien au début. Je m’habituai à respecter les règles demandées par le gouvernement de la province. Moi aussi, j’étais confinée à la maison. Je n’avais plus de cours ni de rencontres amicales. C’était donc l’occasion pour moi de valider de nouveaux apprentissages, telle que la préparation de nouveaux plats, réapprendre les exercices déjà pratiqués, etc.

Puis, une auteure de la ville venait de concevoir un site web de création invitant la population à l’écriture pour passer à travers le confinement. Cette annonce parut dans le journal local, et je fus tout de suite attirée par ce projet. Il s’agissait d’un cercle d’écriture, de lecture et de photographie, via le site web.

Tout cela fit en sorte que peu de temps après, je dus m’asseoir et me mettre à l’écriture. Dans mes tout premiers textes, j’écrivais mon opinion sur différents sujets qui m’intéressaient. Puis, je choisis de courts textes trouvés dans des revues de santé, dont je faisais une synthèse, tout en me disant que ceux-ci intéresseraient les lecteurs. L’instigatrice de ce projet se faisait un devoir de donner suite à nos textes et nous encourageait à poursuivre. Je lisais aussi les textes des autres et j’ai également découvert que j’aimais chercher et apprendre de nouveaux mots dans le dictionnaire. Sans plus tarder, je me fis un devoir de les noter dans mon petit calepin que je trainais toujours sur moi. Je suis toujours en apprentissage.

La mémoire vint, une fois de plus, me chercher. COVID-19 oblige, et aimant bouger, je devais me rappeler les exercices de mon prof de yoga stretching. Tous les matins, au retour de mes marches quotidiennes, je me faisais un devoir de faire les étirements nécessaires et d’autres exercices appris.

J’ignore d’où me vient ma soif d’apprendre. Certes, elle est bien personnelle, et je m’y plais. Je suis maintenant rendue à un âge avancé et je ne vois pas quand je m’arrêterai.


À chacun son apprentissage…

Colette de Sorel – Retraitée – Sorel-Tracy - Québec le 19 février 2021

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